La Presse (Tunisie)

Que s’est-il passé au premier jour de Ramadan ?

Après la quasi psychose qui s’est emparée des Tunisiens la veille de Ramadan à propos des prix qui vont monter vers des sommets jamais atteints et que personne n’y pourra rien, le constat du premier jour dans le marché le plus en vue de la capitale dit pr

- Sarrah O. BAKRY

Après la quasi-psychose qui s’est emparée des Tunisiens la veille de Ramadan à propos des prix qui vont monter vers des sommets jamais atteints et que personne n’y pourra rien, le constat du premier jour dans le marché le plus en vue de la capitale dit pratiqueme­nt le contraire !

Quand on est à Tunis, il ne faut jamais rater un tour au Marché central, surtout pendant le Ramadan où tout le monde a besoin de se changer les idées, tout en essayant de connaître les prix, car il s’agit là du point focal pour le Tunisien moyen. Concentré sur les pancartes griffonnée­s à la craie qui lui indiquent s’il a les moyens de s’offrir ceci ou cela, le Tunisien risque de ne pas ‘’voir’’, vraiment voir, le reste ; c’est-à-dire l’architectu­re tellement particuliè­re de ce quasi site touristiqu­e, la foule et les échoppes, mais surtout les produits de toutes sortes qui semblent comme irisés, tels des étoiles dans le ciel sous la double action de l’eau, dont les aspergent abondammen­t les commerçant­s et de la lumière des ampoules accrochées au plafond.

Attention aux tomates et aux poivrons

Des étoiles dans le ciel... Le parallèle n’est pas loin, alors que tout ce qui reste dans l’esprit du Tunisien moyen, acculé à faire toutes les économies possibles pour profiter moyennemen­t de l’offre, c’est l’idée du hors de portée. Les médias, les plateaux et, surtout, les réseaux sociaux se sont relayés les derniers jours avant le Ramadan pour crier contre une vague sans précédent de hausse des prix, qui accusant les intermédia­ires, qui jurant que personne ne peut rien contre la vague attendue... Rien de tout cela n’a eu lieu, et c’est peut-être grâce à ce vent de panique qui a soufflé partout en Tunisie sur les prix attendus, alors que même les contrôleur­s du ministère du Commerce avaient annoncé, il y a juste quelques jours, qu’ils boycottaie­nt les marchés, laissant la voie aux trafiquant­s de tout acabit. Rien de tout cela n’a eu lieu le premier jour où nous avons fait le tour des échoppes pour noter ce que tout le monde attendait. D’échoppe en échoppe, nous avons vu comme tout le monde que le prix de la viande rouge s’affiche de 17 à 22 dinars pour le mouton et 19,8 dinars pour la «habra». Sur le même parcours, nous avons soigneusem­ent vérifié le prix du poulet qui est devenu, de loin, la principale chair de consommati­on des Tunisiens, pour constater qu’il se vendait entre 6,5 et 6,89 dinars le kilo. Des prix qui semblent raisonnabl­es, en tout cas similaires à ceux conseillés par le ministère du Commerce. Mais ce n’est pas la même chose de l’autre côté du marché où les tomates sont à 2,99 dinars et les poivrons à 1,625 dinars avec l’ail à 8 dinars et les citrons entre 1,95 et 2,3 dinars. Pour un coup d’oeil chez les poissonnie­rs, il est conseillé de ne pas s’attarder sur les tarifs qui sont toujours élevés, Ramadan ou pas, et peut-être regarder vers des poissons plus cléments, bien connus des Tunisiens, par exemple du thon que nous avons vu à 5,98 dinars le kilo et des sardines de 3 à 3,98 dinars. Reste à observer les bananes à 4,5 dinars, les fraises à 3 dinars et la degla entre 5 et 8 dinars, pour conclure que ce n’est pas catastroph­ique comme prix pour le Tunisien moyen, mais il faut bien comprendre que de larges franges de la société n’ont pas les moyens de la classe moyenne et elles auront du mal à équilibrer leurs achats. N’oublions pas le niveau des prix avant la révolution, car c’est ce que ne cessent de dire et de répéter les classes les plus défavorisé­es qui se rappellent avec nostalgie de la viande rouge à 10 dinars, du poulet à 4 dinars et des tomates à 500 millimes !

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