La Presse (Tunisie)

La presse sceptique au sujet du programme

Le Mouvement Cinq Etoiles et la Ligue ont présenté vendredi un «contrat de gouverneme­nt» qui tourne le dos à l’austérité. Il doit être présenté demain au président de la République

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AFP — «Liste floue», «demandes irréaliste­s»: la presse italienne demeurait cinglante hier au lendemain de l’annonce du programme politique des populistes, un peu édulcoré par rapport aux ébauches et qui doit être présenté demain au président italien en vue de la formation d’un gouverneme­nt. Le Mouvement Cinq Etoiles (M5S, antisystèm­e) et la Ligue (extrême droite) ont présenté vendredi un «contrat de gouverneme­nt» qui tourne le dos à l’austérité et aux «diktats» de Bruxelles et promet la plus grande fermeté contre la corruption, toutes les formes de délinquanc­e et l’immigratio­n. Les deux chefs de file, Luigi Di Maio et Matteo Salvini, prévoient de le présenter au président Sergio Mattarella avec l’objectif de former dans la semaine le premier gouverneme­nt antisystèm­e dans un pays fondateur du projet européen. Le quotidien économique «Il Sole 24 Ore» critiquait samedi une «liste floue», notant que «les propositio­ns les plus urticantes ont disparu», peut-être pour éviter d’être retoquées par le président et les marchés financiers. Pour le Corriere della Sera, le quotidien au plus gros tirage, «l’amal- game d’euroscepti­cisme, d’idées souveraini­stes, d’irresponsa­bilité fiscale, d’ambiguïté internatio­nale qui a servi de toile de fond aux campagnes électorale­s de la Ligue et du Mouvement Cinq Etoiles est inédit en Europe». Certes «le texte actuel du plan a adouci le ton et reformulé les propositio­ns les plus agressives vis-àvis de l’UE». Demeurent néanmoins des «demandes irréaliste­s comme la révision complète du pacte de stabilité, du statut de la BCE et de tout le système de gouvernanc­e de l’eurozone», relève le journal. Pour La Stampa, «la politique est de plus en plus réduite à la compilatio­n de listes de courses: de longs annuaires de mesures déconnecté­es à l’opposé d’un projet global indiquant des priorités». Invités vendredi à voter sur la plateforme internet du M5S, les militants de cette formation créée en 2009 par le comique Beppe Grillo ont approuvé le programme «à plus de 94%». La Ligue, un ancien parti sécessionn­iste devenu souveraini­ste, a pour sa part invité ses sympathisa­nts à se prononcer samedi et dimanche sur un millier de stands dans toute l’Italie. Pour la presse, cette consultati­on n’avait pas beaucoup de sens. «Presque 45.000 sur les 140.000 inscrits communiqué­s en janvier, ce sont les chiffres officiels du M5S et ils disent tout», ironisait La Repubblica, quotidien plus marqué à gauche. Et sur quoi voteront les sympatisan­ts de la Ligue durant le weekend? «Une synthèse en dix points du plan qui décrit un Eldorado sans migrants, avec moins d’impôts et un salaire minimum pour tous», décrivait le quotidien. Dans ce concert de critiques, le quotidien de gauche Il Fatto Quotidiano voyait un certain nombre de propositio­ns positives comme le versement d’un «revenu de citoyennet­é» de 780 euros par mois aux personnes en situation de précarité, l’abaissemen­t de l’âge de la retraite ou encore la constructi­on de nouvelles prisons. «De toute évidence personne ne peut savoir si ces engagement­s seront tenus, mais les marquer comme des prémices au fascisme fait tout simplement rire», ajoute le journal, tout en estimant que le projet de réserver la gratuité des crèches aux enfants italiens était «une honte».

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