L’Ugtt prend les devants
Au moment où le gouvernement Chahed fait l’objet d’intenses tractations au niveau des parties signataires du Document de Carthage à propos de son départ ou de son remaniement, l’Ugtt vient d’appeler ce même gouvernement à « accélérer le parachèvement des négociations sur les augmentations salariales et à fixer, dans les plus brefs délais, les dates de leur versement ». Ces négociations qui ont démarré le mois dernier (27 avril) concernent la fonction publique et le secteur public ainsi que la révision du salaire minimum au titre de 2017-2018. La centrale syndicale, qui a été la première à exiger le départ de Chahed en personne dès le déclenchement de la crise, l’accuse aujourd’hui de « refuser de signer un communiqué conjoint relatif au démarrage des négociations et fixant les délais de leur parachèvement ».
Si cet appel est légitime et opportun dicté par une dégradation insoutenable du pouvoir d’achat et par une flambée incontrôlée des prix à la consommation, laissant craindre une nouvelle explosion sociale, son timing suscite, quant à lui, des interrogations. L’Ugtt cherche sans doute à gagner du temps et des points pour ce nouveau round de négociations avant le départ de l’actuel gouvernement, sachant que la désignation d’une nouvelle équipe gouvernementale ne se fera pas de sitôt, qu’elle prendra des semaines, peut-être des mois et qu’entre-temps-tout sera bloqué. Mais Chahed peut-il le faire dans les conditions actuelles, lui et ses ministres étant aux portes du palais de la Kasbah, plus près de la sortie que de l’entrée? Ces négociations, qui seront plus difficiles que les précédentes eu égard aux chiffres alarmants de la dette publique, de l’inflation, des réserves en devises, ont besoin de sérénité et de confiance mutuelle entre les deux parties, gouvernementale et syndicale. Est-ce le cas aujourd’hui entre Chahed et Taboubi ? Certes, non.
Devons-nous alors comprendre que l’Ugtt prend ainsi les devants et soumet ses conditions à Chahed au cas où il ne quitterait pas le gouvernement ? La première étant les négociations sociales dans la fonction et le secteur publics. Les autres suivront, d’autant que dans le virulent communiqué publié, mardi dernier, par son bureau exécutif, la centrale des travailleurs accuse ouvertement le gouvernement d’être responsable de la détérioration du pouvoir d’achat et d’être incapable de lutter contre la contrebande qui mine l’économie nationale et fait perdre des milliards de dinars aux caisses de l’Etat.
Le ton y est ferme et l’Ugtt va jusqu’à appeler toutes ses structures nationales, régionales et locales « à se préparer pour défendre leurs droits par tous les moyens légitimes qui seront décidés par la centrale syndicale si le gouvernement n’honore pas ses engagements ».
Devons-nous alors comprendre que l’Ugtt prend ainsi les devants et soumet ses conditions à Chahed au cas où il ne quitterait pas le gouvernement ? La première étant les négociations sociales dans la fonction et le secteur publics. Les autres suivront