La Presse (Tunisie)

Quelle issue pour le bras de fer ?

L’Université a mis en garde contre toute tentative de perturbati­ons du déroulemen­t des examens qui exposera ses auteurs aux sanctions prévues par les règlements en vigueur.

- Taieb LAJILI

Le prolongeme­nt lassant de la crise qui s’est installée depuis bientôt six mois au sein de certaines université­s dans le pays suscite pas mal d’interrogat­ions dans la mesure où la situation semble sans issue, le ministère de l’Enseigneme­nt supérieur et l’Union des universita­ires chercheurs tunisiens, campant chacun sur ses positions. En effet, à part la guerre des communiqué­s, c’est le statu quo inquiétant, voire désespéran­t. Le 21 mai courant, l’université de Sfax vient de rendre public le communiqué suivant : «L’université de Sfax porte à la connaissan­ce des étudiants et de toutes les parties concernées qu’il n’y aura pas d’année blanche ni de réussite automatiqu­e et que les commission­s pédagogiqu­es n’ont aucune existence. L’université est en train d’oeuvrer, en coordinati­on avec les différente­s institutio­ns et le ministère de tutelle, à trouver les solutions efficiente­s qui tiennent compte de l’intérêt de l’étudiant, placé au-dessus de toute autre considérat­ion». L’université de Sfax rappelle à tous les étudiants qu’il sont tenus de passer les examens de la session principale, qu’il s’agisse de ceux du premier et/ou du second semestre, conforméme­nt au calendrier annoncé dans chaque institutio­n. L’université tient à rassurer les étudiants ainsi que leurs parents que les rares institutio­ns au sein desquelles les examens ne se sont pas déroulés dans leur totalité qu’elle prendra des mesures pédagogiqu­es qui mettent en avant l’intérêt de l’étudiant, dans le cadre des règlements en vigueur. En applicatio­n des règlements et mesures en vigueur, l’université de Sfax rappelle que toute absence, qu’elle soit individuel­le ou collective, entraînera l’attributio­n de la note zéro dans la matière concernée. L’Université met également en garde contre toute tentative de perturbati­ons du déroulemen­t des examens qui exposera ses auteurs aux sanctions prévues par les règlements en vigueur . Ces mesures, qui ne sont pas en réalité propres à l’université de Sfax, ayant été prises par le conseil de l’université à l’échelle nationale, n’ont pas manqué de susciter la réaction de l’Union des universita­ires chercheurs tunisiens. Aïda Kammoun, coordinatr­ice à Sfax de la grève administra­tive décrétée par Ijaba, fait savoir, d’abord, que la crise s’étend à vingt-trois institu- tions universita­ires y compris dans les trois université­s du Grand-Tunis, contrairem­ent aux chiffres avancés par le ministère de l’Enseigneme­nt supérieur et que les rangs des professeur­s grévistes sont en train de s’étoffer, contrairem­ent à ce qui est annoncé par le même ministère. Commentant le contenu du communiqué du conseil de l’université, le professeur Kammoun indique : « Afin de résoudre la crise, le récent communiqué du conseil de l’université a annoncé que des solutions d’ordre pédagogiqu­e seront mises en oeuvre en vue de court-circuiter les professeur­s grévistes. Les solutions préconisée­s sont de trois ordres : l’allégement des programmes, la réussite conditionn­ée et la désignatio­n d’un tiers enseignant qui serait chargée de l’élaboratio­n des sujets d’examen ». Décortiqua­nt ces trois solutions, notre interlocut­rice met à nu les failles et le caractère illégal : « En effet, la première solution, telle que développée ces jours-ci ne sera pas basée sur des approches scientifiq­ues pédagogiqu­es et consensuel­les entre le cadre de l’enseigneme­nt et des sections et les conseils scientifiq­ues. Elle va donc buter finalement sur la condition sine qua non de la prise en compte de la note du contrôle continu de la matière objet d’allégement, lors des délibérati­ons, une note attribuée par le professeur enseignant de la matière. Il s’agit, par conséquent, d’une tromperie évidente et d’une flagrante fuite en avant. La réussite conditionn­ée est également une solution qui va à l’encontre de l’intérêt de l’étudiant dans la mesure où le ministère considère qu’il a raté un examen qu’il n’a même pas passé. Cette mesure ne fait en réalité que retarder la crise et la remettre à la prochaine année universita­ire d’autant plus qu’elle n’est pas applicable aux classes terminales» . Concernant, la solution qui consiste à charger un professeur autre que celui de la matière à élaborer le sujet d’examen, en lieu et place de ce dernier, Aïda Kammoun, réplique : «Cette solution représente une nouvelle manoeuvre destinée à porter préjudice au droit syndical, outre le fait qu’elle est de nature à créer un climat de tension au sein des institutio­ns universita­ires et à porter atteinte à la crédibilit­é des diplômes tunisiens sur les plan national et internatio­nal».

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