La Presse (Tunisie)

Un problème d’entraîneur ?

Madhoui, au CV éloquent, a été évincé en toute surprise. Kadri, choisi pour la succession, ne fait pas le «poids», mais qui décide de tout cela ? C’est la vraie question. Benzarti serait-il le sauveur ?

- R.E.H.

Depuis ce 3-0 à Radès contre l’EST dans un match qui a tourné à la démonstrat­ion, quelque chose a changé en cette Etoile. L’équipe, qui a, selon les observateu­rs, les meilleurs joueurs du championna­t, a encore craqué en Ligue des champions avec ce honteux 6-1 face à Al Ahly. Et depuis, c’est une autre ESS hésitante, fragile, perdante et gérée par une seule personne, son président, qui a fait le vide autour de lui. Des cadres ont quitté comme Ben Amor, Negguez ou Balbouli. Madhoui, avec son CV éloquent, a débarqué avec plein d’espérances dans le camp étoilé. L’Algérien n’aura pas réussi dans sa mission, côté résultats, après la perte de la seconde place et la lourde défaite en finale de la coupe. L’Algérien a essayé par tous les moyens de mettre de l’ordre dans les vestiaires, tendues à l’image du comporteme­nt des joueurs-cadres comme Brigui, Jemal et Lahmar pendant les matches. Mais en vain, les succès de Madhoui avec l’ESSétif ne l’ont pas aidé à comprendre l’entourage compliqué de l’Etoile et à améliorer les résultats et la manière de jouer. Son limogeage est pour certains Etoilés une surprise d’autant que Ridha Charfeddin­e a clamé au complot après les dernières défaites. Madhoui en bouc émissaire? Ce qui est difficile à comprendre, c’est comment une équipe où il y a Boughattas, Krir, Abderrazak, Lahmar, Bangoura, Msakni, Methnani, Maraï, Trabelsi, Jemal, Brigui, devient aussi fragile et prenable. Ce n’est pas une question d’entraîneur seulement, c’est aussi une question de l’attitude des joueurs dans les vestiaires et sur le terrain, et c’est une question d’encadremen­t. Joueurs en fin de cycle, démotivés, mal inspirés ou tout simplement indiscipli­nés et coriaces? Quand on voit que Charfeddin­e a tout fait pour faire revenir Benzarti, on tend vers la dernière hypothèse.

Kadri : le public a dit non...

Dans les grands clubs, le public a son mot à dire sur l’entraîneur. Aux grands joueurs sur le papier mais qui deviennent fragiles, il faut un entraîneur averti, costaud, voire intransige­ant. On a toujours dans l’inconscien­t cette image de l’entraîneur autocratiq­ue, à la personnali­té forte devant des joueurs tunisiens immatures et gâtés. Le modèle de Benzarti, qui a toujours profité de sa réputation d’entraîneur fort, bien qu’il soit à chaque fois limogé, après une saison en moyenne, c’est le modèle que le public étoilé et tunisien adore. Jalel Kadri, un entraîneur ambitieux et qui a fait plein de progrès là où il est passé, a été choisi par R. Charfeddin­e et ses collaborat­eurs, avant de faire marche-arrière sous la pression du public étoilé. Pour ce public exigeant et en pleine colère après les mauvaises prestation­s, Kadri ne fait pas le poids et n’a pas la force de gérer ce groupe de joueurs et cette ambiance tendue. L’histoire retiendra qu’après le départ de Benzarti, Velud, Boumnijel et Madhoui n’ont pu permettre à l’ESS de garder son élan. Et c’est Benzarti qui va revenir pour provoquer un rebond. La question est-elle seulement l’entraîneur encore une fois? Ce serait subjectif de le croire. C’est bien au-delà de cela. Ce sont des joueurs qui n’ont plus l’envie ou les moyens d’il y a 2 ans à peine. Les choix des dirigeants y sont pour beaucoup.

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Madhoui : malgré ses compétence­s, il n’a pas été aidé pour réussir

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