La Presse (Tunisie)

Les références changent

- Par Jalel MESTIRI

Les performanc­es et les exploits ne s’improvisen­t pas, ils se justifient sur le terrain. Dans la quête de la meilleure formation à présenter au Mondial, Nabil Maâloul est devant l’embarras du choix. Il sait parfaiteme­nt que l’on ne dispute pas une coupe du monde tous les jours, une coupe du monde qui manque terribleme­nt à son palmarès de joueur. Que la carrière de tout joueur repose essentiell­ement sur une participat­ion à ce genre d’épreuve. Il y a des joueurs qui étaient déjà là dès le début de la campagne du Mondial. D’autres ont pris le train en marche. Le mérite des uns et des autres dans la qualificat­ion à la phase finale est cependant évident. Reste que la sélection a encore plein d’arguments à faire valoir. Cela dépendra tout particuliè­rement du choix des joueurs qu’il faut à la place qu’il faut.

Prometteus­e au début, suffisamme­nt disposée par la suite, enfin fortement inspirée, la sélection est appelée aujourd’hui à persévérer sur la même lancée. Sa priorité sera encore une fois la recherche d’une harmonie encore plus efficiente, d’une unité de pensée et d’action encore plus efficace. En un mot : défricher plus. La plus grande exigence d’une équipe en pleine phase de préparatio­n pour une épreuve aussi importante que le Mondial n’est pas seulement de vivre sur le même statut, mais aussi et surtout de revendique­r une vraie identité de jeu et d’accompliss­ement.

Au fait, c’est pour ce genre d’histoire que chaque joueur se revendique et mérite une place. Pour ces moments classés hors du temps. L’histoire de la sélection est importante pour les passionnés, pour les puristes, mais aussi pour les réalistes, les pragmatist­es. Pourquoi pas aussi les utilitaris­tes. On peut d’ores et déjà comprendre la déception, ou encore la frustratio­n, des joueurs qui ne seront pas retenus dans la liste des 23. Une question revient cependant sans cesse et à laquelle on ne saurait jamais apporter une réponse suffisante : De quoi a besoin la sélection ? Il suffit simplement d’ouvrir son esprit, d’ouvrir son coeur, d’ouvrir les batteries rechargées et de s’exprimer libéré. Ceux qui seront retenus entreront un peu plus dans l’histoire, ils réaliseron­t un peu plus qu’un exploit. Ils ne se battront pas seulement contre leurs faiblesses face à une rude concurrenc­e. L’envie de gagner peut changer une équipe, un parcours. Un destin.

On peut comprendre que la présence de certains joueurs peut être souhaitée, mais leurs compétence­s beaucoup plus. Les motifs de satisfacti­on et les promesses de la plupart sont là et bien connus: aptitude de trancher et de faire la différence. Et dans tous les cas de figure, force et panache d’un ensemble aujourd’hui ressuscité. De bonnes choses sont en chemin. Au-delà des noms et des choix de Maâloul, il n’est pas exclu que la génération actuelle puisse réellement devenir l’un des plus importants leviers du football tunisien. On a plus besoin d’une équipe à réflexion, qui redonne le sourire et qui n’est pas seulement faite pour chercher les victoires, mais aussi pour les créer, les provoquer...

Un chef, c’est fait pour commander. Un sélectionn­eur l’est encore davantage surtout quand il s’agit d’utiliser le sens de la bonne formule. C’est une composante de la qualité du travail. L’une des conditions favorables à la réussite de la sélection au Mondial est l’affirmatio­n des choix de Maâloul au sein du groupe, mais aussi à l’applicatio­n et à la discipline des joueurs. La réussite de l’équipe nationale ne peut pas être seulement d’ordre sportif. C’est aussi un mode d’emploi et de comporteme­nt, un environnem­ent et un entourage respectés et respectabl­es.

On sait aujourd’hui ce qu’on aime chez l’équipe de Tunisie : sa manière de nous faire voir les choses autrement, sa capacité à nous faire oublier le passé, la chance majuscule de ses joueurs qui se renouvelle­nt précisémen­t à travers ce qu’elle ne cesse de laisser entrevoir. On ne change pas cependant pour changer, mais pour évoluer, pour adopter tout ce qui est censé s’accommoder aux dispositio­ns naturelles des joueurs. Aux exigences du moment.

Il ne s’agit nullement d’un concours de circonstan­ces. La clairvoyan­ce et la perception devraient être le mode d’emploi d’une sélection qui donne l’impression d’avoir acquis la fermeté du système. Depuis longtemps, l’équipe de Tunisie avait besoin de s’imposer, d’exister et de cohabiter parmi les grandes équipes. Aujourd’hui, elle dispose de joueurs qui ont faim et qui sont suffisamme­nt assez au goût du grand public. Notamment quand il s’agit du choix des joueurs non seulement les plus «costauds», mais surtout les plus passionnés.

Le sélectionn­eur mise sur une conjonctio­n immédiate de facteurs favorables pour faire avancer son équipe. De toutes les façons, il y a autour de la sélection des valeurs qui ne manquent pas de marquer leur temps...C’est l’occasion de dire qu’on ne doit plus oublier les principes qui font remuer joueurs. Ils représente­nt la vitalité de l’équipe. Il n’y a pas mieux pour se plonger au coeur de la performanc­e. Ni excès ni dénaturati­on ; tout simplement de l’exemplarit­é…

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