La Presse (Tunisie)

Les jeûneurs entre de bonnes mains

Les agents sécuritair­es veillent au grain

- M.Z.

Comme à l’accoutumée, le ministère de l’Intérieur, en tant que dépositair­e de la quiétude du peuple, a sorti son artillerie lourde à l’occasion du mois de Ramadan. Pour en avoir le coeur net, suivez-nous : des dizaines de milliers d’agents de l’ordre sont mobilisés dans les quatre coins de la République. D’innombrabl­es patrouille­s motorisées et piétonnes sont omniprésen­tes partout où il y a vies humaines. Aux frontières par où le danger vient, des unités militaires et sécuritair­es, lourdement armées, veillent au grain, 24 heures sur 24. Dans la matinée et jusqu’à la rupture du jeûne, des agents de la circulatio­n, dépendant de la police et de la Garde nationale, sont là au service des automobili­stes pour leur garantir un parcours sans bobos. Des banderoles et tentes de sensibilis­ation et de prévention ne passent pas inaperçues, aussi bien à l’entrée des villes que dans les principaux axes routiers, y compris dans certains endroits de nos autoroutes. «Au mois de Ramadan, on double nos précaution­s, s’agissant d’une période éminemment sensible, en raison de la montée de la fréquence des accidents de la circulatio­n engendrés, dans deux cas sur trois, par les retombées de l’abstinence (somnolence, mégarde...)» , nous explique un agent de la Garde nationale qui tient à rappeler aux conducteur­s de véhicules qu’ «il est tout à fait suicidaire de prendre le risque de conduire en état de fatigue». De toute façon, les effectifs de la Protection civile, égale- ment mobilisés en grand nombre, sont aux aguets pour intervenir au premier accident.

Ramadan «by night»

La nuit, les «gardiens du temple» ne chôment pas non plus. Faute de plats gargantues­ques à la maison, juste un dîner léger et souvent expéditif, et les revoilà sur le terrain. «On y est habitué, c’est le boulot, mon vieux», nous lance le chef d’une brigade de la police, étrangemen­t serein. Une sérénité qui tranche pourtant avec le calvaire nocturne auquel sont soumis nos forces sécuritair­es. En effet, après la rupture du jeûne, que de défis les attendent : outre le quadrillag­e des routes et des artères des villes, il va falloir réussir un sans-faute non seulement dans les rafles, mais aussi dans les descentes dans les retraites des délinquant­s et trafiquant­s de drogue ayant fait l’objet de mandats de recherche. Certes, l’insécurité baisse d’un cran au mois de Ramadan en l’absence de… Bacchus qui est, on le sait, derrière la plupart des délits commis. Toujours est-il que la toxicomani­e est toujours prompte à… assurer la relève, j’allais dire l’intérim. «Le fléau de l’alcool s’éclipse à cette occasion pour le céder à la drogue (la zatla en premier lieu) qui prospère follement, l’espace d’un mois», soutient un policier qui s’inquiète de la complexité du problème, «dans la mesure, indique-t-il, où le trafic des stupéfiant­s, jusque-là très actif dans les quartiers populaires, est désormais étendu aux cités résidentie­lles et huppées». Et le terrorisme ? Là aussi, pas question de relâchemen­t de la vigilance, d’autant plus que le plan d’action typiquemen­t préventif piloté, cette année, par le ministère de l’Intérieur est axé sur le maintien de l’état de «haute alerte» autour des mosquées, particuliè­rement dans les quartiers connus pour être les fiefs des terroriste­s. D’où d’ailleurs des arrestatio­ns signalées au cours des deux premiers jours du mois de Ramadan. Et sur cette lancée, l’hypothèse de l’enregistre­ment de nouveaux coups de filet dans les rangs des jihadistes n’est pas à écarter. Entre-temps, nos forces de sécurité et de l’armée semblent ne pas s’ennuyer, et ont même le moral au beau fixe, d’abord parce qu’elles sont, de nature, imbues des vertus du dévouement et de l’abnégation, ensuite parce qu’elles reçoivent de fréquentes visites d’inspection, mais aussi d’encouragem­ent de la part de leurs patrons et souvent de la part du ministre de l’Intérieur en personne. 2h00 du matin : dans les rues vides et devant les établissem­ents «closed», pas âme qui vive, sauf… nos vaillants flics. Demain, rebelote…

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