La Presse (Tunisie)

L’impasse joue les prolongati­ons

Le président Mattarella refuse de nommer Paolo Savona, 81 ans et euroscepti­que déclaré, à la tête du ministère des Finances.

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AFP — L’impasse politique restait totale hier en Italie où le chef du gouverneme­nt désigné, Giuseppe Conte, ne parvient toujours pas à imposer son équipe, près de trois mois après les élections, faute d’accord sur le nom du ministre des Finances. Les populistes italiens d’un côté, et le président Sergio Mattarella de l’autre, restent arc-boutés sur leurs positions, et rien n’indique qu’une solution pourra être trouvée d’ici la réouvertur­e des marchés ce matin. Objet de ce bras de fer: le refus du président Mattarella de nommer Paolo Savona, 81 ans et euroscepti­que déclaré, à la tête du ministère des Finances. Le chef de l’Etat en Italie nomme le président du Conseil et les ministres sur propositio­n de ce dernier. Ce refus scandalise Matteo Salvini, le patron de la Ligue (extrême droite), qui avec Luigi Di Maio, chef de file du Mouvement Cinq Etoiles (M5S, antisystèm­e), ont porté M. Conte à la présidence du Conseil. Et il n’est pas prêt à céder, quitte à «tout faire sauter» et à retourner devant les électeurs, fort de son ascension dans les sondages. « Soit le gouverneme­nt commence à travailler dans les prochaines heures, soit il vaut mieux retourner voter et prendre la majorité absolue», a- t- il lancé avant- hier soir, devant ses partisans près de Bergame (nord). Et sur ce point, il est soutenu par M. Di Maio. «Nous avons déjà perdu trop de temps, ou on boucle dans les 24 heures (...) ou on laisse tomber » , a- t- il déclaré avanthier soir lors d’un meeting de son mouvement à Terni (centre). Hier, Matteo Salvini a enfoncé le clou sur Twitter, son mode de communicat­ion préférée avec Facebook : «Moi jusqu’à la fin, je ne me rends pas !»

Complot des élites

Cette déterminat­ion ne semble pas toutefois ébranler le chef de l’Etat pour qui, il y va de la défense de la Constituti­on et des prérogativ­es du président. Déjà peu convaincu de l’autorité de M. Conte face aux poids lourds politiques qui composeron­t son équipe, M. Mattarella, garant du respect des traités internatio­naux, tient aussi à ce que l’Italie respecte ses enga- gements européens. Au risque de donner des armes aux populistes, qui dénoncent déjà le complot des élites pour les empêcher de gouverner. «Restez à nos côtés, nous avons des gens contre nous dans les étages supérieurs, mais tellement d’autres qui nous soutiennen­t » , a ainsi averti M. Di Maio devant ses partisans. Le chef de l’Etat italien attend désormais en son palais du Quirinal à Rome que M. Conte vienne lui rendre compte et lui présente sa liste de ministres. Si elle devait comporter le nom de M. Savona, M. Mattarella devrait confirmer son refus, selon la plupart des commentate­urs italiens, obligeant ainsi M. Conte à renoncer. Le président désignerai­t alors un nouveau président du Conseil, mais cette fois sans chercher l’aval des vainqueurs des législativ­es du 4 mars, pour former un «gouverneme­nt du président». En d’autres termes, un gouverneme­nt technique, qui en tout état de cause, n’obtiendrai­t pas la majorité au Parlement, où dominent le M5S et la Ligue. Cet exécutif serait alors chargé de gérer les affaires courantes jusqu’à des élections, probableme­nt à l’automne. M. Savona pourrait de lui même jeter l’éponge pour faciliter une issue à cette crise institutio­nnelle sans précédent en Italie, mais, selon la presse italienne, il s’y est refusé. Cet économiste, ancien ministre de l’Industrie, a rendu public hier un communiqué dans lequel, il affirme son credo dans une «Europe différente, plus forte, mais plus juste». Mais, concernant la monnaie unique, il renvoie à ses écrits, en particulie­r, ceux contenus dans son dernier livre, non encore paru, dans lequel il exprime des positions très critiques sur l’euro, comparé à une «prison allemande». Rien de quoi rassurer les marchés financiers qui se sont montrés déjà nerveux la semaine dernière. Vendredi, la Bourse de Milan avait terminé une nouvelle fois en baisse, à -1,54%. Quant au spread, l’écart entre les taux d’emprunt à dix ans allemand et italien, il avait atteint dans l’après- midi 217 points, son plus haut depuis décembre 2013, avant de clôturer à 206 points.

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