La Presse (Tunisie)

Macron joue les médiateurs

Le président français réunira demain à Paris les responsabl­es libyens pour sortir de la crise.

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AFP — Les principaux responsabl­es libyens seront invités demain à Paris par le président français Emmanuel Macron, pour une conférence internatio­nale sous l’égide de l’ONU destinée à ouvrir la voie à des élections d’ici la fin de l’année dans ce pays plongé dans le chaos depuis 2011. L’objectif de ce rendez-vous diplomatiq­ue inédit, confirmé hier par la présidence française, est de «créer les conditions d’une sortie de crise» en Libye, en «responsabi­lisant tous les acteurs nationaux et internatio­naux». Jusqu’à présent, tous les efforts engagés ont échoué à stabiliser ce pays d’Afrique du nord depuis la chute du dictateur Mouammar Kadhafi à la suite des Printemps arabes et de l’interventi­on occidental­e lancée en mars 2011. Pour tenter d’y parvenir, le président français accueiller­a, durant trois heures demain matin, les quatre principaux dirigeants rivaux: le Premier ministre Fayez Al-Sarraj, le maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l’est du pays, le président de la Chambre des représenta­nts, Aguila Salah Issa, et celui du Conseil d’Etat, Khaled Al-Mishri. Ils ont donné leur accord pour signer une déclaratio­n qui «fixe le cadre d’un processus politique» prévoyant la tenue d’élections législativ­es et présidenti­elle, si possible d’ici la fin de l’année, selon la présidence. Cet engagement sera pris en présence de représenta­nts de 19 pays impliqués dans le dossier: les cinq pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU (Etats-Unis, Chine, Russie, Royaume-Uni et France), l’Italie, ancienne puissance coloniale, l’Allemagne, les pays voisins (Egypte, Algérie, Tunisie, Tchad), les puissances régionales (Emirats, Qatar, Koweit, Turquie, Arabie Saoudite, Maroc). Le président congolais Denis Sassou-Nguesso, qui dirige le comité de haut niveau de l’Union africaine sur la Libye, sera présent aux côtés du chef de la mission de l’ONU pour la Libye, Ghassan Salamé, chargé de superviser le processus. Ainsi sera actée «la responsabi­lité de la communauté internatio­nale» sur l’avenir de la Libye, où la menace jihadiste reste présente, tandis que les trafics d’armes, de drogue et d’êtres humains y prospèrent en l’absence de toute autorité de l’Etat. L’inquiétude avait poussé M. Macron à faire de la Libye l’une des priorités de sa politique internatio­nale, très tournée vers le Sahel. Il avait ainsi organisé en juillet 2017 une rencontre entre MM. Sarraj et Haftar près de Paris.

«Statu quo pas tenable»

Depuis, les efforts diplomatiq­ues se sont poursuivis, menés par l’ONU et les pays d’Afrique du Nord, et aujourd’hui «le diagnostic que le statu quo n’est pas tenable en Libye est partagé par tous», précise la source diplomatiq­ue. Dans le pays même, «il y a des attentes très fortes dans la population pour que des élections, notamment la présidenti­elle, se tiennent», souligne-t-elle. En témoigne le succès de la campagne d’inscriptio­n sur les listes électorale­s, avec l’enregistre­ment de 2,7 millions de Libyens, dont 43% de femmes, sur les six millions d’habitants. Parallèlem­ent, «la situation sécuritair­e s’est améliorée» même si «elle reste très instable», indiquet-on à l’Elysée. Le maréchal Haftar a ainsi récemment lancé une opération pour «libérer» Derna, une ville côtière à 1.000 km à l’est de Tripoli contrôlée par une coalition hétéroclit­e de milices islamistes et jihadistes, notamment proches d’Al-Qaïda. Dans ce pays où les milices, comme celle de la ville de Misrata, font la loi, l’unificatio­n des forces de sécurité est l’un des objectifs de la feuille de route qui devrait être actée demain. Le processus politique devra aussi s’attacher à simplifier les institutio­ns pour que ne subsistent qu’une seule banque centrale et un seul Parlement. Le plan d’action de l’ONU prévoit en outre qu’un projet de Constituti­on puisse être soumis à référendum, ce qui pourrait repousser la tenue des élections. Un tel report est souhaité par certains responsabl­es qui insistent sur la nécessité de d’abord mener à bien la réconcilia­tion nationale.

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