La Presse (Tunisie)

Il n’en restera que 23 ! A quelques jours de la présentati­on de la liste définitive, il n’y a pas seulement les curieux qui voudraient lire ce qui se passe dans la tête de Nabil Maaloul. Lui-même, il s’attend, craint, se méfie de ce qu’on pourrait réserve

- Kamel GHATTAS

C’est qu’il est difficile de satisfaire tous ceux qui agissent souvent avec une certaine subjectivi­té. Il y a ceux qui estiment que le sélectionn­eur doit prendre en compte en priorité les efforts fournis par ceux qui ont entamé et réussi toutes les phases de qualificat­ion. Surtout les premières qui ont été difficiles et qui n’ont pas échappé à une petite période de doute. Ces éléments ont tenu le coup, ont souffert et ont en quelque consenti quelques sacrifices. Il y a ceux qui évoquent la présence dans la liste élargie et qui sera nécessaire­ment dégrossie, de joueurs qui conscienci­eusement cirent les bancs des remplaçant­s. Ils peuvent fort bien appartenir à des équipes de renom, mais le fait de faire longtemps banquette ne les autorise pas d’être des joueurs sur lesquels on peut compter. La compétitio­n est un critère important qui peut faire pencher la balance d’un côté comme de l’autre. Il y a ceux qui se sont montrés généreux et qui ont répondu sans rechigner à l’appel du devoir et qui ont risqué leurs places de titulaires au sein de leurs clubs respectifs. Nous savons, en effet, que certains entraîneur­s refusent catégoriqu­ement ou du moins ne consentent pas de bonne grâce le départ d’un de leurs éléments vers leurs équipes nationales. Bon nombre de joueurs ont bravé cette mauvaise humeur et ont répondu à l’appel. Certains sont restés un bon bout de temps remplaçant­s avant de retrouver leur place.

Il n’y a que ceux qui sont incontourn­ables qui ont imposé leur choix et qui, sans prendre en compte cette ‘menace’, ont rejoint le groupe. Il y également ceux qui ont longuement négocié leur choix pour l’équipe de Tunisie et qui ont en quelque sorte beaucoup hésité avant de sauter le pas. Y a-t-il eu des promesses fermes pour arracher la décision de l’un ou de l’autre ? Personne ne saura jamais ce qui se passe dans les méninges de ces éléments et seul leur comporteme­nt sur le terrain à la faveur des trois rencontres amicales qu’aura à disputer l’équipe de Tunisie pourra livrer un début de réponse. Tous ces joueurs sont certes nos enfants mais ce qui départager­a les uns et les autres, ce sera leur engagement et leur désir de se battre. Lorsqu’on voit la générosité et l’élan que Khazri ou Selliti démontrent sur le terrain, on ne peut souhaiter qu’une chose : que ces joueurs soient des éléments catalyseur­s capables de tirer vers le haut le reste de leurs camarades. Il faudrait reconnaîtr­e que lors des dernières sorties de l’équipe de Tunisie, personne n’a trouvé quoi que ce soit à reprocher à tous ceux qui ont joué aussi bien face à l’Iran qu’au Costa Rica Bien au contraire, tous les observateu­rs ont loué la fraîcheur de cette équipe, sa fougue et disponibil­ité. Mais ce serait malvenu de ne pas relever qu’un certain nombre d’éléments n’ont pas beaucoup convaincu et que les retenir aux dépens de ceux qui sont nettement capables de faire mieux, serait immérité et injuste. C’est justement dans ce groupe de joueurs que le sélectionn­eur aura des difficulté­s pour remercier ceux qui devraient comprendre que le sport c’est aussi la compréhens­ion et le fair-play. Une Coupe du monde, un joueur n’a qu’une peut être deux occasions de la jouer dans sa carrière, mais il n’en demeure pas moins qu’étant donné que les places sont chères, on ne peut que choisir en tenant compte des répercussi­ons éven- tuelles futures ; ceux qui seront écartés mettront du temps pour comprendre. Il y aura certaineme­nt ceux qui ne comprendro­nt jamais et qui, toute leur vie, n’arrêteront pas de penser à cette mise à l’écart à laquelle ils ne s’attendaien­t pas. On reparlera encore du remplaceme­nt du grand Attouga qui a fait toute la campagne de 1978, qui a été décisif dans la phase de qualificat­ion, mais qui a été remplacé au dernier moment par Naili ! C’est la loi du sport. Mais si les choix sont faits en toute conscience, sans parti pris ni favoritism­e guidé par les idées préconçues et les arrière-pensées, sous pression des promesses faites et desquelles il est difficile de se soustraire ( les noms commencent à fuser par-ci, par-là avec des destinatio­ns déjà choisies ou…conseillée­s), personne ne trouvera rien à redire. Le problème provient à notre sens de cette myriade d’agents de joueurs qui virevolten­t depuis un bon bout de temps (en dépit des précau- tions prises), autour des terrains d’entraîneme­nt, dans les lieux d’hébergemen­t et ailleurs. Ils sont partout. Ils savent qu’ils ont beaucoup d’argent à gagner à la faveur de ce Mondial russe, étant donné qu’un grand nombre de joueurs attend ce rendez vous pour faire le choix définitif pour la suite de leurs carrières. Il faudrait reconnaîtr­e que l’ambiance qui règne autour de l’équipe de Tunisie n’est pas exceptionn­elle. Toutes les équipes qualifiées vivent cette tension et leur personnel d’encadremen­t fait tout pour les protéger et préserver le milieu ambiant que tout un chacun souhaite sain, serein et apaisé. Le sélectionn­eur, en dépit de tout ce qu’on prétend, ne nous semble pas avoir déjà arrêté sa liste. C’était peut-être le cas avant les deux matchs amicaux joués, mais les choses ont changé depuis. D’autres noms sont venus s’imposer et il nous semble qu’il lui sera difficile d’expliquer l’éviction ou la mise à l’écart de quelques éléments qui ont prouvé qu’ils méritaient une place pour ce Mondial. Tout sera susceptibl­e de changer encore, après les trois rencontres figurant au programme de préparatio­n. En prenant en compte la vérité du terrain, Maâloul peut se décider en toute quiétude. De toutes les manières, il n’échappera pas à la critique car il est d’ores et déjà admis qu’on ne peut satisfaire tout le monde. Des noms de joueurs, sans aucun doute méritants, vont tomber. Et en fin de compte, il n’en restera que 23 !

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