La Presse (Tunisie)

«Tous pour un, un pour tous!»

- K.KHOUINI

«Pour Nabil Mâaloul, la notion d’équipe est bien plus que la seule juxtaposit­ion d’individual­ités différente­s. L’objectif commun, c’est le projet !»

«Avant d’aborder le noyau du Team Tunisie, il est important de s’en remettre aux faits antérieurs et aux signes avant-coureurs pour mieux se projeter vers l’avenir, le futur proche plutôt, soit le challenge russe qui nous attend. Une sélection exige un guide, un timonier autant que du talent. Depuis l’avènement de Nabil Mâaloul, les résultats ne se sont d’ailleurs pas fait attendre, avec, outre une campagne des éliminatoi­res du Mondial réussie, une nette progressio­n dans le jeu comme observé face à l’Iran et au Costa Rica il y a quelque temps déjà. Pourquoi alors craindre de s’arrêter en si bon chemin? Bien au contraire, je m’inscris en faux par rapport à tout défaitisme face à de grandes nations du sport-roi telles que la Belgique et l’Angleterre. Si nous sommes depuis peu sur une courbe ascendante, c’est en raison des choix du head-coach, qui, à leur tour, ne manqueront pas de conditionn­er l’ensemble des futures actions opérationn­elles de l’équipe en Russie. Pour revenir au listing du Team Tunisie, je pense que le sélectionn­eur national s’est efforcé de bâtir un groupe à la fois performant et complément­aire en termes d’osmose et d’état d’esprit. En clair, il faut comprendre que pour qu’une équipe soit en cohésion, il faut d’abord que les membres de l’équipe aient confiance les uns en les autres. Je parle ici de confiance basée sur la vulnérabil­ité et pas de confiance basée sur l’expérience. La confiance basée sur l’expérience implique d’abord de se connaître les uns les autres et cela peut prendre des mois. Vous savez, l’équipe de Tunisie comporte beaucoup de jeunes et de néophytes, y compris des joueurs qui n’avaient aucune sélection».

«De l’appartenan­ce au groupe à l’esprit d’équipe»

« Maintenant, lors des prochains tests, à commencer par celui de ce soir face aux champions d’Europe portugais, pour la confiance, ce qui compte c’est que les joueurs acceptent d’être vulnérable­s, c’est-à-dire de prendre des risques et donc potentiell­ement de se tromper mais aussi de faire de belles choses que même le sélectionn­eur Nabil Mâaloul n’avait pas imaginées ! En football, parfois, il faut aller titiller l’adversaire et le contraindr­e à se livrer. Pourquoi ? Parce que quand l’opposant joue franc jeu et se dévoile, on peut à terme le surprendre. La Tunisie sera un outsider au Mondial pour ne pas dire un trouble- fête, ce que j’espère. Face aux favoris traditionn­els, ce sera comme au travail. Je m’explique: au travail, la vulnérabil­ité conduit par exemple à poser des questions, à faire des suggestion­s hors des schémas de pensée habituels. Parfois, un regard extérieur permet d’avoir de nouvelles idées, de nouvelles solutions, d’identifier un problème. Parfois la suggestion apparaît juste naïve et il suffit d’une réplique cinglante ou méprisante pour décourager toute idée nouvelle et priver l’équipe d’opportunit­és futures. Donc, en clair, on apprend forcément de ses erreurs. Attention cependant ! Faire systématiq­uement des erreurs, ce n’est pas ce que j’appelle de la vulnérabil­ité, c’est de l’incompéten­ce. Oui, en étant vulnérable­s, les joueurs proposent au sélectionn­eur une palette très large d’opportunit­és de constructi­on de jeu. C’est la deuxième étape de la cohésion d’équipe. Il s’agit de permettre aux joueurs de faire des essais et des erreurs avant le jour «J». C’est l’objectif des prochains matchs-tests avant le départ en Russie. Il s’agit d’identifier la palette la plus large possible de ce que les joueurs peuvent proposer quand ils sont totalement libérés. Bref, il s’agit de libérer les gestes! Vous savez, assez tôt, Nabil Mâaloul a identifié ce dont chaque joueur sélectionn­able est capable et quelles sont ses limites. On peut imaginer que Mâaloul a déjà défini une ou deux tactiques de jeu. C’est l’étape cruciale qui annonce le début des choses sérieuses. Je pense aussi que les joueurs choisis l’ont été, principale­ment, parce qu’ils ont adhéré au système de jeu défini par le sélectionn­eur. Quand on endosse le maillot national, pas de place à la fantaisie non contrôlée. Par exemple, chaque fois qu’un joueur prend une initiative en dehors du système défini par le sélectionn­eur, par exemple pour se faire valoir personnell­ement, il met en péril le fonctionne­ment de l’équipe. Le schéma du sélectionn­eur doit permettre à chacun d’exprimer ses qualités personnell­es. Si le schéma est trop rigide, les joueurs ne peuvent pas faire preuve d’initiative et démontrer leur talent, ils se démotivent, leur jeu est stéréotypé et c’est un jeu d’enfant pour l’équipe adverse de contrer toute action. Que dire alors dans le cadre d’un Mondial où le must de la planète Foot se côtoie. Bien avant l’avène- ment du staff actuel, avec le prédécesse­ur de Mâaloul, c’était au gré des affinités, voire des clans, que s’organisaie­nt les petits exercices avant l’entraîneme­nt! Maintenant, l’équipe répète en groupe et vit en groupe, tout en parlant d’une seule voix. Ainsi, le «vivreensem­ble» apparaît de plus en plus important dans l’atteinte de la performanc­e selon Mâaloul. Et cette donnée devient essentiell­e dans le choix et la sélection des joueurs pour constituer un groupe, quel que soit son niveau. Bien sûr, il y a des joueurs qui vont rater le Mondial par choix du sélectionn­eur. Mais cela ne veut pas dire que les autres sont meilleurs qu’eux. Non, loin de là! C’est juste une question de complément­arité et d’exigences selon le profil d’en face. On ne joue pas l’Angleterre ou les « Diables Rouges » comme on joue une autre formation. La cohésion est ici importante pour tenir un résultat. C’est tout un processus dynamique reflété par cette tendance du groupe à rester lié et à rester uni dans la poursuite de ses objectifs. C’est là que l’action du staff technique prend tout son sens. Voilà, rien ne sert de trop palabrer sur les absences de Hamdi, Harbaoui, Hamza Lahmar, Ghazi Ayadi, Rami Jeridi, Hamza Younes etc. Vous savez, plusieurs membres de la prochaine expédition russe arrivent d’horizons différents avec une expérience, voire une culture différente pour certains ! Et pour créer l’alchimie, le sélectionn­eur a vite fait de les intégrer, se référant au « Tous pour un et un pour tous ». Résultat des courses : à quelques jours du Mondial, le Team Tunisie concentre déjà en son sein une part conséquent­e d’éléments de liens, d’écoute, de relationne­l, de joie d’être ensemble, ces choses qui font que l’équipe ne peut que se transcende­r naturellem­ent » !

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