L’alchimie du Team Tunisie
Au-delà des choix, le technicien des Aigles de Carthage a mis en place une vision précise de la stratégie du groupe autour d’un thème fédérateur: une attitude, un esprit d’équipe ! Une façon de voir basée sur la motivation, l’écoute attentive et l’émulati
Ces derniers temps, de nombreux chroniqueurs sportifs font souvent le parallèle entre la gestion de l’équipe de Tunisie et l’organisation du personnel d’une entreprise. L’une des questions qui se pose dans ce contexte concerne l’addition des compétences et surtout la capacité des tenants et aboutissants du Team Tunisie à associer des compétences complémentaires afin d’optimiser le rendement collectif de l’équipe. C’est également le cas des salariés d’une entreprise en termes de complémentarité au niveau technique, technologique, administratif, financier ou commercial. Pour revenir au volet purement sportif, en rapport avec les critères de choix des joueurs internationaux tunisiens appelés à participer à l’expédition russe, il s’agit d’être institutionnel avant tout. Cette tâche-là incombe au plateau technique. La FTF, à son tour, est chargée de planifier, organiser et mettre en condition. Cet avant-propos nous ramène maintenant directement au « coeur du métier » comme on dit, soit la préliste des compétiteurs appelés à relever le défi en Russie. Et c’est là que l’action de Nabil Maâloul prend tout son sens, audelà des répétitions et des schémas préconisés. Quel profil pour l’équipe de Tunisie ? Quels choix, sachant que les préférences du sélectionneur découlent d’un long processus d’analyse et de traitement d’informations diverses, endogènes (spécificités et qualités de son groupe) et exogènes (selon le profil et le comportement de l’adversaire).
La cohésion pour ciment
S’il est toujours difficile de composer le groupe idéal, le meilleur sur la scène, s’en donner les moyens est généralement payant à terme. Et au sélectionneur national de s’y atteler en tentant de minimiser la marge d’erreur. Pour cela, pas de place aux états d’âme, « copinage » et familiarité. Le groupe doit avant tout être complémentaire et ne former qu’une seule et même entité. C’est ce que l’on appelle la cohésion, l’alchimie, l’identité même! En football, du point de vue basique, parmi les compétences d’un joueur de football, il y a l’aisance technique, la force physique, le sens tactique ou encore la capacité et l’aptitude mentale. Toute cette panoplie a été analysée et scrutée sous différents angles par le plateau technique avant le choix ultime. S’il est donc question de dilemme cornélien pour arrêter une liste exhaustive et représentative, nous ne sommes pas en politique cependant. Pas de place pour la complaisance et le populisme dans ce cas d’espèce. La liste ne dépend pas des équilibres stratégiques selon les différents courants de pensée. On ne dresse pas une liste selon le quota des joueurs appartenant à tel ou tel club. Ce serait une hérésie et ça nous mènerait droit dans le mur ! Non, le head-coach ne jure que par la cohésion, la solidarité et la communion. Pourquoi Dylan Bronn au lieu de Chamseddine Dhaouadi ? Quel apport du tandem Saber Khelifa- Akaïchi alors que Hamdi Harbaoui enfile les buts en Belgique ? Si pour le premier choix, le staff technique a sûrement décelé chez Bronn des qualités qui en font un atout de choix; l’éviction de Hamdigoal est moins évidente, quoique le sélectionneur se sont récemment exprimé à ce sujet: « Harbaoui évolue en pointe. Or, notre profil de jeu et d’équipe n’a pas seulement besoin d’une tour, d’un point de fixation offensif, mais d’un avant mobile et polyvalent qui allie percussion, vitesse, jeu en déviation, courses croisées, exploitation des espaces, célérité en phase de contre-attaque et vivacité volet animation des couloirs ». Voilà, Nabil Maâloul a tout dit à ce propos précis.
Un stratège, un entraîneur
Sur ce, il est toujours plus compliqué de percevoir une ou plusieurs complémentarités entre deux ou plusieurs coéquipiers quand on est confortablement installé dans son canapé ou en tribune! Le travail est titanesque, la mission n’est pas de tout repos et cette responsabilité pèse sur les épaules du plateau technique. Tout en connaissant leurs besoins en termes de profils, les membres du staff technique ont eu aussi recours à un panel d’outils pour se rassurer, être confortés dans leurs choix et assumer à terme. Il faut savoir que dans le cadre d’une équipe nationale appelée à disputer le Mondial, les outils d’analyses statistiques des performances individuelles sur le plan technique ou physique sont utilisés de manière permanente. Ils constituent des aides à la prise de décision managériale de plus en plus utilisés. Cependant, personne ne prétend détenir une vérité de type immuable. La liste n’est pas figée jusqu’au dead-line d’envoi à la Fifa. Bref, la remise en question est permanente. Elle dépend de si peu de chose et de beaucoup d’éléments en même temps. Oui, les données quantitatives énumérées précédemment ne sont pas cependant suffisantes pour intégrer des critères de détection de complémentarités entre joueurs. Elle servent seulement à maximiser les chances de réussite. Après, il y a la magie du football qui opère ! Si l’équipe de Tunisie a radicalement changé de visage depuis le départ d’Henri Kasperzcak et l’avènement du staff technique en place, c’est en raison d’une prise de conscience générale sur le mental du groupe avant tout. Il est ainsi important de noter que Nabil Maâloul a agi sur les esprits des siens, facilitant de facto la création de complémentarités entre joueurs en vue de créer à terme une alchimie d’équipe, autrement dit, un collectif. En effet, ce n’est pas parce qu’une équipe possède les joueurs les plus doués techniquement ou physiquement qu’un collectif va forcément naître. En clair, le technicien des Aigles de Carthage a mis en place une vision précise de la stratégie du groupe autour d’un thème fédérateur: une attitude, un esprit d’équipe ! Cette façon de voir son groupe est basée sur la motivation, l’écoute attentive et l’émulation, en espérant que la Tunisie puisse « performer » à l’unisson en Russie.