La Presse (Tunisie)

Les populistes tentent une nouvelle propositio­n

Carlo Cottarelli, l’économiste chargé de former un gouverneme­nt d’experts pour gérer les affaires courantes avant de nouvelles élections, a gelé ses travaux pour laisser le temps aux discussion­s

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AFP — Le Mouvement Cinq Etoiles (M5S, antisystèm­e) et la Ligue (extrême droite) ont relancé leur tentative de former un gouverneme­nt d’union, sous l’oeil vigilant du président de la République qui exige des garanties sur le maintien dans l’euro. En accord avec le président Sergio Mattarella, Carlo Cottarelli, l’économiste chargé de former un gouverneme­nt d’experts pour gérer les affaires courantes avant de nouvelles élections, a gelé ses travaux pour laisser le temps aux discussion­s. L’idée d’un gouverneme­nt d’union M5S-Ligue avait été abandonnée dimanche soir à la suite du veto spectacula­ire de M. Mattarella à la nomination à la tête du ministère de l’Economie et des Finances de Paolo Savona, un économiste qui considère l’euro comme «une prison allemande». Mercredi soir, Luigi Di Maio a proposé un compromis: garder M. Savona mais à un autre poste et nommer à sa place une personnali­té «de la même envergure». Une propositio­n que M. Mattarella «étudie avec attention», selon ses services. Matteo Salvini, qui était reparti en campagne mercredi avec une série de bains de foule enthousias­tes en Toscane et en Ligurie, a lui aussi ouvert la porte à la discussion mercredi soir. Et il a annulé sa dizaine de meetings prévus jeudi en Lombardie pour revenir à Rome. Giuseppe Conte, le juriste novice en politique qui avait été choisi par Di Maio et Salvini pour diriger leur gouverneme­nt d’union, a en revanche assuré son cours de droit à Florence jeudi matin, mais devait retourner à Rome tout de suite après, selon les médias.

Rebond des marchés confirmé

Salvini veut repartir avec le programme commun et l’équipe déjà négociée, avec éventuelle­ment l’ajout de Fratelli d’Italia, la petite formation d’extrême droite dirigée par Giorgia Meloni, dont les 18 sénateurs élargiraie­nt l’étroite majorité du M5S et de la Ligue au Sénat. Mme Meloni a également annulé ses meetings pour revenir à Rome jeudi. Même si le chef de gouverneme­nt sortant, Paolo Gentiloni, est toujours en place, deux échéances laissent penser que le temps presse: l’Italie aurait besoin d’un Premier ministre pour la parade militaire de samedi, jour de fête nationale, et pour le G7 de La Malbaie la semaine prochaine au Canada. Malgré le climat d’extrême incertitud­e, les marchés financiers semblaient confirmer jeudi matin leur rebond de mercredi. La Bourse de Milan gagnait près de 1% en milieu de journée après avoir clôturé mercredi en hausse de 2% mercredi et le «spread», l’écart très surveillé entre les taux allemand et italien à dix ans qui avait franchi la barre des 300 points mardi, était retombé à 233 points. Les Italiens semblaient nettement moins sereins: selon un sondage réalisé mardi et mercredi par l’institut Demopolis, 54% des personnes interrogée­s se déclaraien­t «inquiètes» de la situation politique, 30% «en colère», 11% «déçues» et seulement 5% «confiantes».

«Plan B»

Dimanche, M. Mattarella avait expliqué refuser M. Savona faute d’un véritable débat public sur l’Italie et l’euro. Dans La Repubblica, Lupo Rattazzi, un entreprene­ur membre de la famille Agnelli, célèbre famille italienne propriétai­re de Fiat, a acheté une page entière pour citer des passages du «Plan B» défendu par M. Savona. «Avez-vous dit à vos électeurs (...) que le fameux +Plan B+ comportera­it une baisse du pouvoir d’achat dans les deux années qui suivent» et profiterai­t seulement aux plus riches en mesure d’in- vestir à l’étranger ?, demande-t-il. Selon deux sondages diffusés par les médias italiens, entre 60 et 72% des Italiens souhaitent un maintien de l’Italie dans l’euro. M. Di Maio répète que le M5S ne souhaite pas une sortie de l’euro. La position de la Ligue est moins claire : Salvini n’envisage pas une sortie unilatéral­e mais considère l’euro comme un échec que l’UE devra abandonner tôt ou tard. En cas de nouvel échec des tractation­s pour un gouverneme­nt M5S/Ligue, l’équipe Cottarelli est prête, mais aucun des grands partis n’a pour l’instant l’intention de lui voter la confiance au Parlement. Dans ce cas, la presse italienne se perd en conjecture­s sur la date des prochaines élections: le 29 juillet ou 5 août pour faire au plus vite ? Ou alors en septembre ou en octobre, au risque de ne pas laisser à la prochaine majorité le temps d’adopter le budget 2019 ? Pour l’instant, seule la Ligue semble avoir vraiment intérêt à ce retour aux urnes: après avoir obtenu 17% des voix en mars, la formation de Salvini était à 23% d’intentions de vote dans la moyenne des sondages de la semaine dernière et continuait de monter, tandis que tous les autres stagnent ou baissent.

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