La Presse (Tunisie)

Lequel de nos géniteurs nous transmet le plus d’ADN?

Moitié la mère, moitié le père, avons-nous appris en classe. Mais à bien y regarder, la contributi­on des mères est légèrement supérieure. Car tout l’ADN n’est pas contenu dans les noyaux des ovules et des spermatozo­ïdes...

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Certes, I’ADN présent dans les noyaux de nos cellules provient très exactement pour moitié de notre père et pour moitié de notre mère. Mais il existe une autre sorte d’ADN, dit mitochondr­ial, celui contenu dans les mitochondr­ies, véritables usines énergétiqu­es de la cellule. Et il n’est transmis que par la mère, que nous soyons homme ou femme!

C’est d’ailleurs ce qui le rend intéressan­t pour les généticien­s, car ils peuvent s’en servir pour élaborer des généalogie­s et recons- tituer des lignées par la mère. Mais pourquoi cette transmissi­on uniquement maternelle? Parce qu’avant même que l’embryon ne se développe, l’oeuf fécondé se débarrasse des mitochondr­ies apportées par le mâle, autrement dit celles contenues dans le spermatozo­ïde. Elles sont pourtant nombreuses, puisque ce sont elles qui fournissen­t l’énergie nécessaire à la propulsion du gamète. Mais toutes sont détruites quelques minutes après la fécondatio­n. L’oeuf a pour cela recours à l’autophagie, une voie d’éliminatio­n naturelle que les cellules utilisent pour se défendre des agents pathogènes.

Ainsi, l’entrée du spermatozo­ïde dans l’ovocyte déclenche la formation d’une poche (la vacuole) qui se referme sur les mitochondr­ies mâles et les digère grâce à des enzymes. Pourquoi? Probableme­nt pour éviter la transmissi­on d’ADN muté provenant du père, le génome des mitochondr­ies ayant tendance à accumuler les mutations.

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