La Presse (Tunisie)

Dans l’esprit de la Constituti­on

- Kamel FERCHICHI

L’abolition du décret-loi 115-2011, pourtant plus développé que le code de la presse de 1975, vient répondre à la volonté politique de traduire dans les faits la Constituti­on de janvier 2014 et faire en sorte que le nouveau projet de loi soit conforme aux normes internatio­nales. Il doit, à cet effet, consacrer les principes constituti­onnels de la liberté d’expression et de la protection des journalist­es.

L’abolition du décret-loi 115-2011, pourtant plus développé que le code de la presse de 1975, vient répondre à la volonté politique de traduire dans les faits la Constituti­on de janvier 2014 et faire en sorte que le nouveau projet de loi soit conforme aux normes internatio­nales. Il doit, à cet effet, consacrer les principes constituti­onnels de la liberté d’expression et de protection des journalist­es.

Tout comme les partis et les associatio­ns, le secteur de la presse écrite aura bientôt un nouveau socle juridique, censé l’affranchir des anciens démons et lui redonner son pouvoir perdu. En lieu et place du décret-loi 115-2011, promulgué quelques mois après la révolution, une première consultati­on s’est déroulée, en janvier dernier, à Sfax portant sur un projet de loi organique relatif à la liberté d’expression, de la presse, d’impression et d’édition, dont les travaux de réflexion et de concertati­on avaient débouché sur une série d’idées et propositio­ns de nature à hisser le secteur à des paliers supérieurs. La deuxième, et peut-être la dernière, a eu lieu, hier à Tunis, en couronneme­nt d’un long débat participat­if engagé depuis trois ans entre le Syndicat national des journalist­es (Snjt), la Fédération tunisienne des directeurs de journaux (Ftdj) et le ministère chargé des Relations avec les instances constituti­onnelles, la société civile et des Droits de l’homme. Un collectif associatif lié au sujet, faut-il le noter, a dû y mettre du sien. Au terme de ce processus visant une révision réglementa­ire de fond en comble, souligne le ministre Mehdi Ben Gharbia à l’ouverture de ladite consultati­on, il a été convenu d’attribuer à la profession une loi organique qui soit protectric­e et loin d’être liberticid­e. Ainsi, l’abolition du décret-loi 115-2011, pourtant plus développé que le code de la presse de 1975, vient répondre à la volonté politique de traduire dans les faits la constituti­on de janvier 2014 et faire en sorte que le nouveau projet de loi soit conforme aux normes internatio­nales. Il doit, à cet effet, consacrer les principes constituti­onnels de la liberté d’expression et de protection des journalist­es. Leur métier, a-t-il ajouté, devrait s’exercer dans la sécurité requise, sans répression ni contrôle antérieur. «Ce projet de loi aurait dû être fin prêt le 3 mai dernier, journée mondiale de la liberté de la presse. Il le sera dans les jours à venir », affirme-t-il en conclusion.

Points positifs

De son côté, M. Neji Bghouri, président du Snjt, était, lui, sur la même lancée, qualifiant ce nouveau projet d’oeuvre juridique d’envergure. « Un garant de l’exercice démocratiq­ue », s’exprime-t-il, satisfait des résultats du travail collaborat­if réalisé sous les bons auspices du ministère concerné. Dans sa version actuelle, juge-t-il, le projet de loi en question semble, somme toute, acceptable. Plus d’un point positif dont il se distingue (autorégula­tion, indépendan­ce, pluralisme), d’autant plus qu’il confirme le sens du contre-pouvoir. « C’est une loi progressis­te au service aussi bien des journalist­es que de tous les citoyens, de par son apport critique et sa défense des bonnes causes», relève-t-il encore. Son acte de naissance remonte au 15 octobre 2016, où un comité d’experts ad hoc a été constitué à cet effet, rappelle M. Hafedh Ghribi, vice-président de la Ftdj, également partenaire à la conception. Au début, il y avait lieu de revisiter le décret-loi 115, s’inspirant de l’expérience médiatique post-révolution : Conseil de la presse et octroi de la carte profession­nelle par une commission indépendan­te. Par ailleurs, MM. Mondher Cherni et Mongi Khadhraoui, respective­ment avocat et journalist­e, ont tenu, à tour de rôle, à présenter les points saillants de ce projet de loi. L’accent a été mis sur le principe de la transparen­ce, la protection des journalist­es et leurs sources d’informatio­n, leur droit d’informer et de s’exprimer. Ledit projet de loi contient au total 71 articles, répartis sur sept chapitres se rapportant essentiell­ement aux dispositio­ns générales et transitoir­es, à l’organisati­on du Conseil de la presse, au droit de réponse, aux critères d’affichage et de vente au public, aux crimes et sanctions et aux actions de justice intentées à l’encontre des contrevena­nts.

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