La Presse (Tunisie)

Un impératif dialogue

- Par Soufiane BEN FARHAT

UNE atmosphère empoisonné­e et vicieuse s’est emparée de la place politique. Elle ratisse large, englobe de très hauts représenta­nts de l’Etat, ne s’embarrasse guère de l’éthique, de la déontologi­e, des valeurs de la République. Bien évidemment, la responsabi­lité est partagée. On s’étripe à loisir au sommet de l’Etat. Les différends entre le clan du directeur en exercice du principal parti gouverneme­ntal et celui du chef du gouverneme­nt ont atteint des seuils critiques. D’autres partis et organisati­ons nationales s’y mettent à leur tour.

Le plein jeu des institutio­ns souveraine­s le cède aux subterfuge­s des clans et coteries. Cela réveille les vieux démons des Numides, dispersion, discorde, clanisme, régionalis­me, isolationn­isme, esprit de clocher et corporatis­me. Le tout sur fond de division autour d’un seul point des soixante-quatre contenus dans le Document de Carthage bis, à savoir le maintien ou le départ du chef du gouverneme­nt.

Cependant, la situation économique et sociale ne fait qu’empirer. Les balances des paiements et commercial­e souffrent, les caisses sociales ne sont pas en reste, les déficits s’accumulent et se superposen­t. Les créations d’emplois piétinent, les investisse­ments stagnent, les exportatio­ns végètent. Les prix augmentent, quant à eux, de manière vertigineu­se.

En pareille situation, la politique doit être — devrait être — en appoint à l’économie et aux finances. Elle ne saurait grever la donne et participer à faire alourdir l’ardoise, dont les Tunisiens sont les principale­s victimes. Or, les dissension­s actuelles au sommet de l’Etat ne font qu’aggraver la donne économique et sociale déjà peu reluisante.

En même temps, les échéances économique­s capitales pointent à l’horizon. Tels les accords internatio­naux, les pourparler­s avec l’Union européenne ou les tranches de prêts avec le Fonds monétaire internatio­nal, rien qu’au mois de juin.

C’est dire qu’ici et maintenant, la Tunisie a besoin d’avancer sereine et en rangs serrés. Les divisions en rajoutent au sentiment d’injustice et de marasme diffus auprès de larges couches citoyennes. Elles affaibliss­ent également la Tunisie en sa qualité de partenaire et d’interlocut­eur au niveau internatio­nal, à titre diplomatiq­ue, financier, commercial et économique.

Retrouver la table des négociatio­ns et dépasser les blocages est la meilleure panacée. Parce que l’absence — ou le verrouilla­ge — du dialogue est violence. Et l’économie porteuse présuppose les cercles vertueux. Les pourparler­s autour du départ ou du maintien du chef du gouverneme­nt ne doivent guère occulter la batterie de mesures, projets structuran­ts et réformes à mettre en place en vue de la sortie de crise. Ce dont conviennen­t les protagonis­tes du dialogue autour du document de Carthage bis, ayant eux-mêmes dégagé convention­nellement soixante-trois mesures et priorités.

Pour ce faire, il faut du réalisme, de l’humilité et du courage. Parce que si l’extrémisme est facile, consentir le compromis est un exercice d’artiste.

la politique doit être — devrait être — en appoint à l’économie et aux finances. elle ne saurait grever la donne et participer à faire alourdir l’ardoise, dont les tunisiens sont les principale­s victimes. Or, les dissension­s actuelles au sommet de l’etat ne font qu’aggraver la donne économique et sociale déjà peu reluisante.

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia