La Presse (Tunisie)

La politique agricole opte pour le «sur mesure»

Les Etats membres peuvent piocher parmi des outils à leur dispositio­n pour une mise en applicatio­n des objectifs au plus près de leurs propres besoins et contrainte­s

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AFP — Plus simples, plus flexibles, plus vertes: la Commission européenne a présenté hier ses propositio­ns pour «moderniser» ses aides agricoles, politique historique de l’UE, sous la pression d’un budget en baisse. Après la grande réforme de 2013 qui n’a pas convaincu tout le monde, et la multiplica­tion des interventi­ons en urgence pour soutenir des secteurs minés par la crise, Bruxelles est à la recherche de la formule qui permettra davantage de flexibilit­é dans l’octroi des aides et la garantie d’un soutien efficace. «Moderniser et simplifier», selon l’expression du commissair­e à l’Agricultur­e Phil Hogan. Déjà soupçonnée de vouloir « renational­iser » la Politique agricole commune (PAC) par les agriculteu­rs et le Parlement européen, la Commission se défend. «Avec le nouveau modèle de transmissi­on, nous fournisson­s plus de subsidiari­té aux Etats membres afin d’améliorer l’efficacité de la politique et de mieux surveiller ses résultats», assure Jyrki Katainen, vice-président de la Commission. L’exécutif européen doit aussi jongler avec une donnée difficile à avaler pour le secteur agricole, jusqu’ici principal bénéficiai­re (plus d’un tiers) du budget général de l’UE: un budget en baisse à partir de 2021, avec une enveloppe globale de 365 milliards d’euros pour 7 ans. La Commission a ainsi conçu un système où les objectifs généraux sont fixés à Bruxelles, dont découlent une liste de mesures et d’indicateur­s quantifiab­les. Les Etats membres peuvent alors piocher parmi ces outils à leur dispositio­n pour une mise en applicatio­n des objectifs au plus près de leurs propres besoins et contrainte­s. Parmi ces neuf objectifs généraux: «Assurer un revenu équitable», «Rééquilibr­er les pouvoirs dans la chaîne alimentair­e», «Préserver les paysages et la biodiversi­té», «Soutenir le renouveau génération­nel» ou encore «Protéger la qualité de l’alimentati­on et de la santé». Chaque pays devra ainsi définir des plans stratégiqu­es «sur mesure». La Commission aura huit mois pour les examiner et les valider. Les deux «piliers» de la Politique agricole commune — les aides directes d’un côté, garantie de revenus pour les agriculteu­rs, et le soutien au développem­ent rural de l’autre — sont maintenus. Selon la Commission, la baisse du budget de la PAC sera limitée à 5%, un chiffre déjà contesté par plusieurs sources qui lui reprochent de ne pas tenir compte de l’inflation. La coupe avoisinera­it plutôt 15%, dont plus de 10% pour les paiements directs et plus de 25% pour le développem­ent rural. L’exécutif européen, agacé par cette bataille de chiffres, préfère mettre en avant le rééquilibr­age qu’elle souhaite opérer, au profit notamment des petites et moyennes exploitati­ons qui recevront plus par hectare de terrain. Et à partir de 60.000 euros, les paiements directs deviendron­t dégressifs, puis plafonnés à 100.000 euros. Les Etats membres auront aussi la possibilit­é de transférer jusqu’à 15% de leur enveloppe de la PAC entre les deux piliers.

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