La Presse (Tunisie)

Zidane, ou comment partir comme un roi 3 Ligues des champions, 1 Liga, 2 Supercoupe­s d’Europe, 1 Supercoupe d’Espagne, 2 Mondiaux des clubs, voilà ce qu’a rapporté Zinédine Zidane au Real Madrid en deux saisons et demie passées sur le banc des Merengues.

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C’est une annonce qui a fait l’effet d’une bombe. « J’ai pris la décision de ne pas poursuivre la saison au poste d’entraîneur du Real Madrid. » Alors que les supporters du Real Madrid craignaien­t un départ de Cristiano Ronaldo, à la suite de ses déclaratio­ns au soir de la finale de Ligue des champions, c’est finalement Zinédine Zidane qui a pris le monde entier de court en annonçant sa démission 879 jours après sa nomination, et cinq jours après son succès face à Liverpool en C1 (3-1). Une victoire qui a entériné la décision de l’internatio­nal français, soucieux de quitter le navire au sommet, et qui a avoué à demi-mot que sa décision aurait pu être différente en cas de défaite face aux Reds.

Le trois à la suite en Ligue des champions

Arrivé au chevet du Real Madrid le 4 janvier 2016, le double Z a vite compris que la C1 était la seule issue pour sauver la saison des Merengues. Bingo, une remontada signée CR7 face à Wolfsbourg en quarts de finale, et une victoire aux tirs au but en finale contre l’Atlético et voilà Zinédine Zidane qui ramène, deux ans après, le Real sur le toit de l’Europe. Le début de l’hégémonie. C’est bien simple, les deux saisons suivantes, les coéquipier­s de Sergio Ramos auront tremblé, notamment face au Bayern Munich – en quarts de finale en 2017 (1-2, 2-4 après prolongati­on) et en demi-finale cette saison (2-1, 2-2) –, mais aussi face à la Juventus lors d’un quart de finale à rebondisse­ments en avril dernier (0-3, 3-1), mais n’auront jamais cédé. Des scénarios shakespear­iens qui ont toujours été à l’avantage du Real, et de Zinédine Zidane qui a rejoint Bob Paisley et Carlo Ancelotti au rang des entraîneur­s avec le plus de succès en C1 après sa victoire contre Liverpool.

Un vestiaire conquis

Mais, plus que pour neuf trophées remportés – sur quatorze en jeu – sur le banc du Real Madrid, c’est dans le vestiaire que le bilan de Zizou est quasi parfait. Proche de ses joueurs qu’il défend bec et ongles, à la manière de Carlo Ancelotti, Zidane a su se faire respecter et faire entendre son discours. En acceptant parfois de sortir en cours de jeu ou d’être laissé au repos face aux « petites » équipes du championna­t, Cristiano Ronaldo en est d’ailleurs la preuve ultime. En bon capitaine, Sergio Ramos n’a pas attendu longtemps avant d’envoyer son tweet élogieux à son ancien coach : « En tant que joueur et entraîneur, tu as décidé de dire au revoir au sommet. Merci pour ces deux années et demie incroyable­s. Ton héritage ne sera jamais effacé, c’est l’un des chapitres les plus réussis de l’histoire de notre bien-aimé Real Madrid. » Car oui, en plus des trois C1, Zidane a ramené dans l’armoire à trophées deux Supercoupe­s d’Europe, une Supercoupe d’Espagne, deux Mondiaux des clubs et une Liga, remportée la saison dernière, notamment grâce à l’appui des habituels remplaçant­s, dont Álvaro Morata et James Rodríguez qui ont cruellemen­t manqué cette année.

La défaite contre Leganés comme élément déclencheu­r ?

Mais Zidane le sait mieux que quiconque, même les plus belles histoires d’amour présentent quelques zones d’ombre. Et celle entre l’ancien Cannois et le Real Madrid n’a pas échappé à la règle. Mauvais départ en championna­t, second de sa poule de Ligue des champions derrière Tottenham, humilié par le Barça en championna­t au Santiago Bernabéu (0-3), le Real Madrid a beau terminer l’exercice actuel sur une bonne note et avec quatre trophées dans la besace, les supporters n’ont pas apprécié voir le Barça terminer la saison avec 17 points d’avance en Liga, et encore moins l’éliminatio­n en quarts de finale de Coupe du Roi face à Leganés en janvier (1-0, 1-2). Une éliminatio­n qui a peut-être été le déclic de la décision de Zidane, qui a répété à plusieurs reprises lors de sa conférence de presse d’adieu que cette éliminatio­n au Bernabéu reste son « pire souvenir » , avant d’ajouter : « À un moment donné, il faut savoir aussi s’arrêter. Je pense que ce club a besoin de continuer à gagner, et avec moi, ça aurait été compliqué. Il y a eu des moments difficiles, en Copa par exemple, des moments que je n’oublie pas. L’histoire de ce club est très grande et nous pousse à demander aux joueurs toujours plus, mais il arrive un moment où... Que vais-je leur demander de plus, avec tout ce qu’ils ont déjà fait avec moi ? C’est pour cela que je pense qu’ils ont besoin d’un autre discours. »

Une fin de cycle ?

À en croire les dires de Zinédine Zidane, son départ est une manière d’anticiper une fin de cycle dont il détecte les premiers signaux. Une fin de cycle qui pourrait voir le départ de plusieurs joueurs cadres, à l’image de Karim Benzema, Gareth Bale, mais aussi Cristiano Ronaldo qui laisse pla- ner le doute sur son avenir depuis quelques jours. Une fin de cycle qui pourrait donner lieu à une nouvelle page des Galactique­s avec l’arrivée de nouvelles stars dans la capitale espagnole comme c’est la coutume pour Florentino Pérez à chaque mercato estival qui suit une Coupe du monde. Le Real Madrid n’en est pas encore là, et n’en sera peut-être jamais là si un nouveau coach arrive à prendre le relais de Zidane en s’appuyant sur les mêmes bases que le Français. Mais, la dernière fois que Zizou a quitté le Real Madrid au sommet de son art, les Merengues ont dû attendre cinq ans, et l’arrivée de José Mourinho pour goûter à un nouveau quart de finale de Ligue des champions. Sans parler de l’Euro 2008 et la Coupe du monde 2010 de l’équipe de France après la retraite de son numéro 10.

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Zidane a tout raflé, mais il quitte le Real «sur un coup de tête»
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