La Presse (Tunisie)

Donia Kaouach Secrétaire générale adjointe de Leaders pour la paix

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Fondatrice du Think Tank «Tunisienne­s fières», de «L’Université d’Automne», réferente à Tunis du R20 fondé par Arnold Schwarzene­gger (Regions of Climate Action).

Pensez-vous que le monde puisse devenir meilleur ?

L’humanité connaît aujourd’hui son meilleur moment historique. Même si le présent a l’air difficile, nous n’avons jamais aussi bien vécu. L’éducation a progressé partout dans le monde, l’espérance de vie n’a jamais été aussi élevée, la pauvreté est en baisse constante, la violence a reculé, de plus en plus de personnes mangent à leur faim et même si en matière de lutte contre le réchauffem­ent climatique, beaucoup reste à faire, l’environnem­ent est meilleur. Mais ce constat vaut aussi pour les systèmes politiques : les libertés politiques sont plus nombreuses et l’égalité des citoyens a progressé partout dans le monde. Cela est fondamenta­l car, le développem­ent des individus a toujours été lié à celui des institutio­ns qui garantisse­nt leurs libertés individuel­les par opposition à tous les systèmes autoritair­es. La démocratie est le pré-requis de tout progrès. Cette impression de malheur, ce réflexe du c’était mieux avant est donc davantage dominé par l’émotion que par la raison. Et savez-vous à qui profite-t-elle ? Aux populistes et au populisme qui sont, à mon sens, la menace majeure de notre temps. La Tunisie n’échappe pas à ce constat biaisé du «c’était mieux avant». Nous annonçons depuis 10 ans la faillite de notre pays. Ce bilan est inexact. S’il est vrai que l’Etat est affaibli et fragilisé par des syndicats forts et une situation économique précaire, la Tunisie a gagné en liberté, devenant ainsi la première démocratie du monde arabo-musulman et cela est le prérequis à un Etat fort. Malgré les tumultes et les défis majeurs qui s’annoncent, je reste convaincue que le présent est meilleur et que l’avenir de la Tunisie le sera davantage.

Pensez-vous que cette ONG puisse y contribuer ?

J’en suis convaincue, c’est la raison de mon engagement. Mais cela nécessite un engagement fort, car le monde meilleur est une constructi­on. Comme le rappelle Jean-Pierre Raffarin dans le préambule du rapport Vimont, «L’avenir de la Paix ne dépendra que des efforts dont nous serons capables pour elle». La perception des crises par les opinions publiques est souvent inexacte : elles sous-évaluent ou surévaluen­t la dangerosit­é des situations. Cela favorise leur instrument­alisation, notamment par des pouvoirs populistes. Combien de personnes sont consciente­s des enjeux de la frontière tuniso-libyenne ? Pour- tant, la question de la stabilité des deux pays aura des conséquenc­es majeures sur l’Europe et sur toute la région. Et c’est là une des idées forces de Leaders pour la paix : développer une réflexion stratégiqu­e sur la Paix : promouvoir une pédagogie de la Paix à destinatio­n des opinions publiques et des décideurs politiques afin d’alerter et de conscienti­ser la dangerosit­é du monde et de certaines crises émergentes. Jean-Pierre Raffarin est un rassembleu­r, un homme de dialogue, et sous son impulsion le board des leaders fera de l’influence à très haut niveau, en impliquant directemen­t les décideurs politiques. Face au populisme, à l’unilatéral­isme, nous plaiderons le multilatér­alisme et le dialogue, nous plaiderons cet «effort de Paix», clé de voûte d’un monde meilleur.

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