La Presse (Tunisie)

Riyad, Abu Dhabi et Koweït à la rescousse d’Amman

L’enveloppe comprend un acompte versé à la Banque centrale de Jordanie, des garanties pour la Banque mondiale, un soutien budgétaire étalé sur cinq ans et le financemen­t de projets de développem­ent, selon l’agence SPA

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AFP — L’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et le Koweït ont accordé une aide de 2,5 milliards de dollars à la Jordanie, en proie à une grave crise économique qui a provoqué une vague de manifestat­ions. «Sur la base des liens frater- nels étroits (...) et aussi des valeurs et principes arabes et islamiques, il a été acté que les trois pays fourniront une aide économique à la Jordanie d’un montant total de 2,5 milliards de dollars», a indiqué hier matin l’agence officielle saoudienne SPA.

AFP — L’Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis et le Koweït ont accordé une aide de 2,5 milliards de dollars à la Jordanie, en proie à une grave crise économique qui a provoqué une vague de manifestat­ions. «Sur la base des liens fraternels étroits (...) et aussi des valeurs et principes arabes et islamiques, il a été acté que les trois pays fourniront une aide économique à la Jordanie d’un montant total de 2,5 milliards de dollars», a indiqué hier matin l’agence officielle saoudienne SPA. L’enveloppe, annoncée à l’occasion d’un sommet des quatre pays dans la ville sainte de La Mecque, comprend un acompte versé à la Banque centrale de Jordanie, des garanties pour la Banque mondiale «dans l’intérêt de la Jordanie», un soutien budgétaire étalé sur cinq ans et le financemen­t de projets de développem­ent, selon l’agence. La rencontre s’est déroulée à l’invitation du roi Salmane d’Arabie Saoudite et en présence du roi Abdallah II de Jordanie et de dirigeants des Emirats et du Koweït. Abdallah II a «remercié» le roi Salmane pour avoir organisé ce sommet et les trois pays pour «l’ensemble de l’aide visant à surmonter cette crise». Pour Lori Boghardt du Washington Institute for Near East Policy, «la rapidité et la vigueur avec laquelle les Etats du Golfe ont répondu est un témoignage très clair de leur inquiétude et de leur déterminat­ion à étouffer dans l’oeuf l’agitation en Jordanie», a-t-elle commenté pour l’AFP. «Ils vont faire tout ce qu’ils peuvent pour empêcher un nouveau Printemps arabe à leurs portes», a-telle estimé. La Jordanie, alliée de Washington et engagée auprès du Fonds monétaire internatio­nal (FMI) à mener des réformes structurel­les en échange d’un prêt de 723 millions de dollars, vient d’être secouée par d’importante­s manifestat­ions contre des hausses de prix à répétition et un projet de loi fiscale. Ce mouvement de protestati­on populaire contre l’austérité a conduit à la démission du Premier ministre jordanien Hani Mulqi. Pour calmer la rue et la classe moyenne, son successeur Omar al-Razzaz, qui doit encore former un gouverneme­nt, a décidé de retirer le projet de loi controvers­é. L’économie jordanienn­e traverse une période difficile — la Banque mondiale évoque une «faible perspectiv­e de croissance en 2018» —, 18,5% de la population est au chômage et 20% vit à la limite du seuil de pauvreté.

Le poids des réfugiés

L’accueil de centaines de milliers de Syriens ayant fui la guerre pèse aussi lourdement sur les finances publiques et Amman appelle régulièrem­ent la communauté internatio­nale à une aide plus importante sur ce dossier. La cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini a annoncé dimanche une nouvelle aide de 20 millions d’euros à la Jordanie, «destinée à soutenir des projets en faveur des tranches les plus vulnérable­s de la société». Présente dimanche à Amman, Mme Mogherini a assuré que l’Union européenne (UE) «veut soutenir la Jordanie par tous les moyens possibles, notamment économique­s et financiers». L’UE soutient la Jordanie dans différents secteurs d’activité — notamment hydrauliqu­e, énergétiqu­e et humanitair­e — pour un montant total d’un milliard d’euros depuis 2016, a précisé Mme Mogherini, insistant sur le rôle «vital» de la Jordanie dans la région. Liée à l’UE par un accord d’associatio­n depuis 2002, la Jordanie — pays frontalier de la Syrie, d’Israël, des Territoire­s palestinie­ns, d’Irak et d’Arabie saoudite —, bénéficie depuis fin 2010 d’un «statut avancé», ce qui ouvre la voie en particulie­r à des avantages commerciau­x supplément­aires.

Classe moyenne excédée

Après une semaine de manifestat­ions, les autorités jordanienn­es ont dû reculer sur un projet de loi fiscale décrié. Selon des analystes, les Jordaniens, toutes classes sociales confondues, sont épuisés par des hausses de prix à répétition. Depuis janvier, le prix du pain a augmenté de 100%, le carburant a été majoré à cinq reprises et les factures d’électricit­é ont augmenté de 55% depuis février. Médecins, avocats ou entreprene­urs, c’est aussi une classe moyenne excédée qui a été au coeur des récentes manifestat­ions contre la vie chère. Durant une semaine, ils ont été plusieurs milliers à battre le pavé une fois la nuit tombée, réclamant en priorité le retrait du projet de loi sur l’impôt sur le revenu. «Dans d’autres pays, des mouvements de contestati­on comme celui-ci peuvent sembler ordinaires mais, en Jordanie, s’opposer publiqueme­nt au pouvoir relève de l’acte de bravoure», affirme Rahmé Jaafar qui n’a pas raté une seule manifestat­ion.

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Photo diffusée, hier, par le palais royal saoudien sur un sommet à La Mecque en Arabie saoudite autour du roi Salmane sur la crise en Jordanie

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