Des émotions, des regrets et des promesses Charfeddine veut passer le témoin
Ce match Espagne-Tunisie a laissé beaucoup d’émotions et surtout beaucoup de regrets. C’est que l’équipe de Tunisie, battue par un but assassin à dix minutes de la fin (toujours le même scénario), aurait pu connaître une autre issue si au moins une des tr
Lorsque les estimations portant sur la possession de balle propre à chaque équipe avaient paru au bas de l’écran (63 pour l’Espagne37 pour la Tunisie), personne ne s’était offusqué. L’Espagne passe pour l’équipe qui, de par le monde, garde le ballon le plus longtemps et qui prive ses adversaires de l’engin convoité par les vingt-deux joueurs. Reste que nos amis espagnols tournaient en rond, face au dispositif tunisien qui avait réussi à bloquer les issues et à freiner toute progression dangereuse dans la zone de vérité. Les Tunisiens, bien en jambes, récitaient sans fioriture aucune leur leçon, jusqu’à la hauteur des vingt dernières minutes et tenaient en respect la «Roja», dont les joueurs peinaient à déborder de manière dangereuse les lignes tunisiennes. Et encore une fois, ce fut une perte de concentration qui pourrait trouver son origine dans les effets des efforts fournis, ou même dans les changements qui ont quelque peu perturbé le dispositif de départ mis en place. Dans les deux cas, il ne faudrait pas avoir de regrets. La sélection tunisienne était là pour jauger de ses réelles possibilités face à un grand de la planète football et il ne faudrait pas faire la fine bouche lorsqu’on joue un match de préparation pour donner le plus de temps de jeu aux joueurs. Pour progresser et connaître ses réelles capacités, il est préférable de perdre face à cette grande équipe espagnole que gagner des matchs face à des sans-grade. Preuve a été faite que les choix qui avaient cours il y a quelques années avaient dénaturé les objectifs. L’équipe de Tunisie a gagné des galons, a rejoint le rang des formations qu’il est utile de rencontrer et desquelles il est possible d’avoir recours pour profiter d’un apport technique intéressant. L’équipe tunisienne a prouvé tout au long de cette période de préparation et de tests face à des adversaires de qualité, qu’elle a réellement acquis une « personnalité », une rigueur de comportement, et une grande maîtrise dans un style de jeu qu’elle arrive à imposer à ses vis-à-vis. Il est communément admis qu’en sport, la valeur réelle n’est estimée et n’est considérée comme de niveau crédible qu’en cas de répétitions successives de la performance. Tout au long de cette préparation, les performances se sont répétées et face à des adversaires crédibles. Cela prouve que le « onze » tunisien est bel et bien là. Il faudrait maintenant le conserver et le protéger. Si nous remontons le cours du temps, tout le monde se lamentait de l’absence (regrettable) de Msakni et les observateurs unanimes étaient tentés de soutenir que toutes les chances tunisiennes étaient perdues d’avance. Puis ce fut la blessure qui traîne en longueur de Khazri (le capitaine tunisien n’a vraiment pas de chance) et encore une fois nous nous enfoncions dans des regrets sans fin. Ces deux absences ont-elles été en fin de compte d’actualité une fois ce cycle de préparation bouclée et le bilan établi ? Pas vraiment. Certes, avec la présence de ces deux joueurs le sélectionneur aurait eu d’autres choix avec des éléments de très bonne qualité, mais l’équipe en tant que telle, a tourné comme une horloge et il n’y a aucun regret pour tout ce que leurs camarades ont fait et réalisé avec une générosité et une spontanéité touchantes. Mieux que cela, Maâloul aurait été bien embarrassé de leur trouver une… place dans une formation qui a été soudée, collective, solidaire, enthousiaste et surtout déterminée à ne pas se laisser faire. Voila la conséquence des choix qui ont été dès le départ faits pour mener cette campagne. Le mérite revient sans aucun doute tout d’abord aux joueurs qui n’ont, pas triché, n’ont pas été avares d’efforts, se sont appliqués et qui ont malgré les difficultés, que pose la réalisation de performances au-dessus de la moyenne en ce mois de Ramadan, se sont acclimatés et fait de leur mieux. C’est ensuite cette aptitude de communiquer qui a réussi à rassembler et à motiver. En voyant ces mines de joueurs complices, heureux après l’effort, satisfaits d’avoir accompli leur devoir et défendu leurs chances il y a de quoi être tenté de se projeter sans crainte ni peur vers l’avenir. Dans quelques jours nous en saurons davantage !