La Presse (Tunisie)

Des ouragans plus lents, plus destructeu­rs

-

A cause du dérèglemen­t climatique, les ouragans ralentisse­nt progressiv­ement leur vitesse. Et cela n’a rien de positif, puisqu’en faisant du surplace, ils provoquent beaucoup plus de dégâts.

De fortes inondation­s, de nombreux dégâts, près de 90 morts, 30.000 réfugiés et 200.000 maisons détruites. Voilà le lourd bilan du cyclone Harvey qui, en août 2017, avait semblé faire du surplace sur l’Etat américain du Texas. Avec le dérèglemen­t climatique, ce scénario catastroph­ique pourrait devenir une norme. C’est du moins le constat dressé par une étude publiée dans le journal Nature. Celle-ci assure qu’au niveau mondial, la vitesse des cyclones tropicaux a ralenti de 10% entre 1949 et 2016. «Alors que l’atmosphère de la Terre se réchauffe, la circulatio­n atmosphéri­que change, explique James Kossin, chercheur au National Oceanic and Atmospheri­c Administra­tion (Noaa) et auteur du rapport. Ces changement­s varient en fonction des régions et de la période de l’année, mais il y a des preuves que le réchauffem­ent climatique d’origine humaine provoque un affaibliss­ement général de la circulatio­n tropicale estivale». Plus un cyclone est lent plus il est violent, meurtrier et destructeu­r : une tempête qui fait du surplace occasionne, en effet, plus de dégâts. L’ouragan Harvey était le premier révélateur de ce phénomène de ralentisse­ment aux effets catastroph­iques.

Plus de pluies, plus d’inondation­s

Selon l’étude, la baisse de la vitesse moyenne des cyclones est inégale selon les régions. James Kossin montre ainsi que le ralentisse­ment serait plus important lorsque les ouragans quittent les zones maritimes. La vitesse moyenne a ralenti de «30% et 20% respective­ment au-dessus des zones terrestres affectées par les cyclones tropicaux du Pacifique nord-ouest et de l’Atlantique nord, et de 19% au-dessus des terres dans la région de l’Australie» , assure James Kossin. Il précise également que «les 10% observés se sont produits dans une période durant laquelle la planète s’est réchauffée de 0,5°C» . Mais ce n’est pas tout. Car une augmentati­on des températur­es entraîne également une hausse de la concentrat­ion de vapeur dans l’atmosphère. Et, comme le souligne le rapport, dans un volume d’air donné, il ne peut y avoir qu’une proportion limitée de vapeur d’eau au-delà de laquelle le surplus de vapeur se transforme en eau liquide, donc en pluie. Et ces précipitat­ions causent, au sol, des inondation­s. En se réchauffan­t de «seulement» un degré, l’atmosphère pourra contenir 7% d’humidité de plus. Selon James Kossin, «les taux de pluie près des centres des cyclones tropicaux devraient s’accroître avec la montée des températur­es mondiales». Ainsi, le rapport assure que le ralentisse­ment de la vitesse des cyclones pourrait doubler, au moins localement, les quantités de pluie, donc les dégâts causés par les inondation­s. James Kossin reste tout de même prudent sur ses propres recherches, en assurant que «cela ne fournit pas une véritable mesure de la sensibilit­é du climat, et davantage d’études sont nécessaire­s pour déterminer quel sera le ralentisse­ment correspond­ant à la poursuite du réchauffem­ent» .

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia