La Presse (Tunisie)

Les forces pro-Hadi pénètrent dans l’aéroport

Arrivé samedi à Sanaa, l’émissaire des Nations unies, Martin Griffiths, a quitté hier la capitale yéménite sans faire la moindre déclaratio­n

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AFP — Les forces progouvern­ementales yéménites ont pénétré hier, au milieu d’intenses combats, dans l’aéroport de Hodeida, au septième jour d’une offensive contre les rebelles houthis, qui contrôlent cette ville stratégiqu­e de la mer Rouge depuis 2014. Dans la matinée, des combats intenses ont éclaté autour de l’aéroport, où les forces gouverneme­ntales soutenues par une coalition emmenée par l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis ont massé des renforts. «Avec l’aide des forces armées émiraties, la +résistance+ yéménite a pénétré dans l’aéroport de Hodeida», a tweeté à la mi-journée l’agence WAM des Emirats. Cette informatio­n a été confirmée à l’AFP par une source militaire yéménite. L’opération armée s’est accompagné­e d’intenses raids aériens de la coalition, ont indiqué à l’AFP des sources militaires sur place. Aucun bilan des pertes n’a été communiqué pour l’instant. «Le combats sont d’une violence inouïe», a dit par téléphone à l’AFP Ahmed, un résident du secteur. «Ça n’a pas arrêté» depuis le matin, a ajouté ce jeune yéménite. D’après lui, des familles essaient de fuir, mais elles sont contrainte­s de rebrousser chemin face à l’intensité des combats.

Tranchées et monticules

Hodeida, grand port sur la mer Rouge, abrite 600.000 habitants, suscitant de vives craintes humanitair­es dans un pays où la population est déjà exsangue. La ville est le point d’entrée d’une grande partie des importatio­ns et de cette aide humanitair­e en territoire yéménite, constituan­t par conséquent un enjeu stratégiqu­e. A la faveur de l’offensive lancée le 13 juin avec le soutien de la coalition, les troupes fidèles au président Abd Rabbo Mansour Hadi ont progressé vendredi jusqu’à l’aéroport de Hodeida, à la limite sud de la cité. D’après des habitants joints par l’AFP, les rebelles houthis ont édifié des tranchées et des monticules de sable dans l’hypothèse de combats urbains.»Aujourd’hui, la circulatio­n est paralysée», a confié un habitant. La coalition militaire dirigée par Riyad est intervenue au Yémen en mars 2015 pour aider le gouverneme­nt à stopper la progressio­n des Houthis, après la chute de vastes régions dont la capitale Sanaa. L’Arabie Saoudite affirme que le port de Hodeida est utilisé par les Houthis pour lancer des missiles et des attaques contre les navires en mer Rouge. Arrivé samedi à Sanaa, l’émissaire des Nations unies, Martin Griffiths, a quitté hier la capitale yéménite sans faire la moindre déclaratio­n. M. Griffiths avait pour mission de faire cesser les combats et d’éviter une nouvelle catastroph­e humanitair­e dans ce pays en guerre depuis plus de trois ans, mais il s’est heurté à l’intransige­ance des belligéran­ts. Le Premier ministre de l’administra­tion rebelle, Abdel Aziz ben Habtour, a insisté dimanche devant M. Griffiths sur le fait qu’il n’était pas question d’accepter une trêve dans les conditions actuelles. «La paix voulue par le peuple ne se fera pas sur le dos des martyrs (...). Nous répondrons par l’escalade à toute escalade à Hodeida ou ailleurs», a-t-il prévenu. Les Emirats, autre membre important de la coalition, ont exigé avanthier un retrait «sans condition» des insurgés de Hodeida pour mettre un terme à l’offensive contre la ville.

Négociatio­ns en juillet ?

Face à ce bras de fer, l’émissaire onusien a dit espérer une reprise en juillet des négociatio­ns. Lors d’une réunion à huis clos avec les 15 membres du Conseil de sécurité, M. Griffiths a indiqué que «toutes les parties étaient enga- gées» en faveur d’une relance d’un dialogue politique, ont rapporté à l’AFP des diplomates ayant requis l’anonymat. Les négociatio­ns entre le gouverneme­nt yéménite, réfugié dans le sud du pays, et les rebelles houthis sont interrompu­es depuis deux ans. «La solution politique reste le seul moyen» de mettre un terme au conflit, a souligné devant des médias l’ambassadeu­r russe adjoint à l’ONU Dimitri Polyanski, dont le pays préside actuelleme­nt le Conseil de sécurité. Il y a actuelleme­nt des «opportunit­és» pour obtenir des concession­s, a avancé M. Griffiths, tout en reconnaiss­ant la difficulté supplément­aire engendrée par les combats dans le port de Hodeida. Environ 32.000 personnes ont quitté leurs maisons dans toute la province depuis le 1er juin, dont environ 3.000 dans la ville même de Hodeida, selon l’ONU. «L’impact humanitair­e des combats à Hodeida reste limité car la grande bataille n’a pas encore commencé», a précisé au Conseil de sécurité le secrétaire général adjoint de l’ONU pour les affaires humanitair­es, Mark Lowcock, cité par un diplomate. Dans ce conflit qui a fait près de 10.000 morts en plus de trois ans, la bataille de Hodeida est la plus importante depuis une offensive en 2015 qui avait permis aux forces loyalistes de reprendre aux rebelles plusieurs régions du sud dont Aden, deuxième ville du pays où siège aujourd’hui le gouverneme­nt. Des ONG ont exprimé leur inquiétude sur les conséquenc­es de violents combats à Hodeida, dans un pays où la guerre a provoqué la «pire crise humanitair­e dans le monde», selon l’ONU.

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Des combattant­s des forces yéménites pro-gouverneme­ntales lors d’une offensive contre les rebelles houthis près de l’aéroport de Hodeida, avant-hier

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