La Presse (Tunisie)

Israël pointé du doigt

Tsahal (armée israélienn­e) s’est refusé à tout commentair­e, assurant ne pas s’exprimer «sur des informatio­ns en provenance de l’étranger»

- Les faits

AFP — Un responsabl­e américain a imputé à Israël une frappe particuliè­rement meurtrière menée dans la nuit de dimanche à lundi (avant-hier) dans l’est de la Syrie, à proximité de la frontière irakienne, soulevant de nombreuses interrogat­ions sur ce raid. Voici ce que l’on sait.

Quelque 55 combattant­s des forces pro-régime — notamment syriens et irakiens — ont été tués dans ces frappes sur le secteur d’Al-Hari, dans l’extrême est de la Syrie, à la frontière avec l’Irak, selon l’Observatoi­re syrien des droits de l’Homme (Osdh). L’attaque a eu lieu dans la province de Deir Ezzor, un théâtre d’opération complexe où plusieurs forces luttent contre les ultimes réduits des jihadistes du groupe Etat islamique (EI). Les forces du régime de Bachar AlAssad y sont engagées, appuyées par des milices étrangères, notamment des combattant­s irakiens et iraniens, mais aussi l’aviation russe. Une alliance kurdo-arabe, les Forces démocratiq­ues syriennes (FDS), est également sur le terrain, soutenue par la coalition internatio­nale emmenée par Washington. Ces deux alliances se trouvent de part et d’autre du fleuve Euphrate, qui parcourt la province. Al-Hari se situe aussi sur une route clé reliant, à l’est, la frontière syro-irakienne à l’Iran et, à l’ouest, un chemin menant à la frontière libanaise. «Les Israéliens envoient un énorme message à Bachar Al-Assad, aux Iraniens et aux dirigeants irakiens: le ”pont terrestre” qui relie l’Iran au Liban en passant par la Syrie et l’Irak est sous la coupe d’Israël», affirme Nick Herras, analyste au Center for New American Security.

Qui a été visé?

Le raid a été particuliè­rement meurtrier pour des combattant­s irakiens engagés aux côtés du régime: la force paramilita­ire du Hachd Al-Chaabi a annoncé que 22 de ses membres avaient été tués et 12 autres blessés. Placées sous l’autorité du Premier ministre irakien, ces forces comptent des groupes proches de l’Iran, notamment les «Brigades du Hezbollah», qui ont perdu des combattant­s dans les frappes. Selon des sources au sein du Hachd Al-Chaabi, plusieurs groupes pro-iraniens se trouvent en territoire syrien, notamment le long de la frontière avec l’Irak. Ils combattent depuis 2011 en Syrie aux côtés du régime et ont ensuite répondu en 2014 à l’appel de la plus haute autorité chiite d’Irak qui a formé le Hachd pour bouter l’EI hors du pays. «Le site visé est une base des forces iraniennes responsabl­es des opérations dans l’est de la province de Deir Ezzor», a précisé le directeur de l’Osdh, Rami Abdel Rahmane. Il a ajouté que l’attaque s’est déroulée au moment où «un convoi des Brigades du Hezbollah était à l’arrêt près de là».

Qui est derrière l’attaque?

A Washington, un responsabl­e américain s’exprimant sous le couvert de l’anonymat a nommé Israël, officielle­ment en état de guerre avec le régime syrien, et ennemi juré de l’Iran. L’Etat hébreu a intensifié ces derniers mois ses incursions militaires contre les forces iraniennes en Syrie, critiquant de manière virulente l’ancrage de Téhéran chez son voisin. Hier, l’armée israélienn­e s’est refusé à tout commentair­e, assurant ne pas s’exprimer «sur des informatio­ns en provenance de l’étranger». Dimanche, quelques heures seulement avant le raid, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait de nouveau affirmé que l’Iran devait «se retirer de toute la Syrie». «Nous agirons — nous agissons déjà — contre les efforts menés par l’Iran et ses mandataire­s pour établir une présence militaire en Syrie, que ce soit près de la frontière ou plus profondéme­nt en Syrie», a averti Netanyahu en conseil des ministres. «Nous agirons contre ces efforts où que ce soit en Syrie», a-t-il mis en garde. Si les frappes de dimanche s’avèrent avoir été menées par Israël, cela marquerait une escalade significat­ive contre l’ennemi iranien, estime Phillip Smyth, analyste au Washington Institute for Near East Policy. «S’il s’agit des Israéliens, alors ils envoient un signal qu’ils peuvent frapper aussi loin et cibler une organisati­on aussi virulente que les Brigades du Hezbollah», a dit M. Smyth à l’AFP.

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