Interdit d’attaquer !
L’audace est la clé de la réussite.
Les retournements de situation et les rebondissements les plus spectaculaires en football, charmants pour le vainqueur et douloureux pour le vaincu, sont ceux qui se produisent et font irruption sur les écrans de télé à la toute dernière minute. Quand spectateurs et téléspectateurs pensent que le destin d’un match est bel et bien scellé et que seules quelques secondes les en séparent. Pour leur premier match en Coupe du monde, les Tunisiens n’ont pas échappé à ce dénouement dramatique et sont passés, au moment où l’arbitre colombien auquel nous n’avons rien à reprocher avait presque le sifflet à la bouche pour indiquer une fin de rencontre sur le score de 1 à 1, d’un extrême à un autre. Du sentiment de satisfaction d’avoir réussi un partage des points avec l’ogre anglais qu’ils n’auraient pas volé tellement leur résistance et leur grande débauche d’énergie et leur application sur le plan défensif ont été remarquables au sentiment de profonde et cruelle déception proche de la consternation d’avoir laissé échapper dans une minute fatidique et fatale d’égarement ce point qui vaut son pesant d’or en encaissant stupidement, voire bêtement, le deuxième but de la défaite. Un ballon anodin qui aurait pu, aurait dû être tout simplement botté en touche par Mohamed Amine Ben Amor pour ne pas concéder ce corner qu’il n’oubliera pas toute sa vie. Un détail malheureux qui a permis aux Anglais de faire la différence derrière laquelle ils ont tant couru sans connaître la réus- site. Maintenant que le mal est fait et la porcelaine cassée, il faut s’empresser de tirer les enseignements majeurs de ce passage sur le fil à côté de l’objectif. Le premier est que toute tactique ou stratégie de jeu axée sur le recroquevillement derrière, le bloc bas, la défense à dix, le marquage sans démarquage et sans reconversion rapide pour l’attaque et la contre-attaque, l’approche et la recherche du camp et du but adverses est une option suicidaire. C’est comme un boxeur qui choisit un coin du ring, s’y cloître, se contente d’encaisser les coups répétés sans chercher à riposter et à passer à l’offensive et qui finit souvent par capituler et être mis K.O. Quand des joueurs de couloir et d’attaque utiles et indispensables devant plus que derrière comme Anis Badri et Fakhreddine Ben Youssef sont transformés en arrières latéraux quasi constants plutôt que d’être utilisés comme écran et obstacles aux montées et percées sur les flancs des deux défenseurs droit et gauche anglais dans leur zone, on ne doit pas s’étonner de l’usure physique et mentale d’une équipe assiégée, rouée de coups, presque groggy à tel point qu’un arrière central comme Yassine Meriah oublie qu’il a un redoutable Kane à marquer à la culotte plutôt que de chercher le ballon sur l’action du but assassin de la dernière minute. Sans transition rapide de la phase défensive vers l’attaque, sans remontée du bloc vers le milieu de terrain, sans joueurs dotés d’une bonne vitesse de course et d’une grande technique balle au pied pour renverser le ballon à plus de 40 mètres ou le donner dans l’intervalle pour les coéquipiers qui participent à la remontée de jeu, on ne peut pas faire mal à l’équipe adverse et on ne peut que se faire mal et se faire piéger de la même manière qu’on s’est fait piéger. Pourtant, des équipes comme l’Islande face à l’Argentine, la Suisse devant le Brésil et surtout le Mexique, bourreau de l’Allemagne, ont donné la leçon d’un football basé sur une bonne assise défensive avec un bloc compact et homogène dans leur zone, à 30 mètres de leurs buts et une reconversion rapide, intelligente et efficace dès que le ballon est subtilisé et pris à l’adversaire. Avec zéro action offensive de grande envergure en seconde mi-temps notamment, zéro occasion de but et un portier adverse pratiquement au repos et jamais réellement inquiété, Nabil Maâloul est devant l’obligation de revoir le volet animation offensive et de corriger le système de jeu avec plus d’équilibre entre tâches défensive et offensive, un football plus généreux et créatif, porté vers l’avant quand il le faut tout en étant solide et vigilant derrière. Pour ne pas renouveler cette impression que sans ce penalty accordé par l’arbitre colombien, nous ne serions peut-être pas arrivés à trouver le chemin du but anglais. Surtout que la qualification pour le 2e tour passe par une victoire sur la Belgique pour retrouver le Panama avec notre destin en main. Bien en main.