La Presse (Tunisie)

Le foot fait renaître l’espoir

- : mesure W.N.

Depuis l’annonce des votes en faveur de la candidatur­e du Maroc pour l’organisati­on de la Coupe du monde de football 2026, et surtout le vote favorable d’Alger, en dépit de son différend politique avec Rabat, un élan de reconnaiss­ance et de solidarité entre Maghrébins est né. Il a nourri l’espoir de voir se concrétise­r le projet du Maghreb arabe uni, en stand-bye, depuis presque 30 ans. Une campagne pour la réouvertur­e des frontières entre l’Algérie et le Maroc (quelque 1.500 km), fermées depuis 1994, a été lancée sur les réseaux sociaux. Elle appelle à la normalisat­ion des relations entre les deux pays voisins, pour faire face, ensemble, à des défis communs. Des appels ont été également lancés pour la suppressio­n du visa entre les pays de la région.

Le Conseil ministérie­l du 18 juin a débouché sur d’importante­s mesures concernant l’enseigneme­nt supérieur. Un intérêt particulie­r a été accordé en faveur des élèves habitant les régions intérieure­s et éloignées et au bénéfice de l’université publique qui vit une période particuliè­rement difficile et perturbée. Discrimina­tion positive au niveau de l’orientatio­n universita­ire et inscriptio­n payante pour les étudiants étrangers ont suscité des réactions et notamment des critiques

La discrimina­tion positive, ce nouveau projet, a semé la discorde et divisé l’opinion publique. Il y a ceux et celles qui sont en faveur de cette forme d’équité et de justice rendues aux élèves qui poursuiven­t leurs études dans des conditions géographiq­ues et financière­s défavorabl­es et ceux et celles qui contestent cette décision qui risque de priver des élèves brillants de leur droit d’accéder à des « filières nobles », comme les a qualifiées le ministre de l’Enseigneme­nt supérieur, en raison du quota de 8% qui sera désormais réservé à ces élèves-là.

Discrimina­tion positive temporaire

Il est à rappeler que 8% des places accordées aux filières les plus demandées au cours de ces 5 dernières années seront désormais attribuées aux bacheliers provenant de villes défavorisé­es. Sur les ondes de diverses radios, le ministre de l’Enseigneme­nt supérieur, Slim Khalbous, a indiqué que cette mesure est temporaire et qu’elle n’est pas définitive. « Elle représente un coup de pouce pour ces élèves démunis qui n’ont malheureus­ement pas eu les mêmes chances que ceux qui sont dans des régions plus favorisées et n’ont sans doute pas été bien encadrés. Ce sont des jeunes qui ont eu plus de difficulté­s et relevé plus de défis. C’est une mesure d’encouragem­ent ». « Ce sont des tentatives louables, afin de concrétise­r la discrimina­tion positive qui est un principe constituti­onnel », a-t-il déclaré. Ces mesures ne laissent pas l’opinion publique indifféren­te. L’usage par le ministre de l’appellatio­n « filières nobles » a suscité l’indignatio­n de beaucoup de jeunes, et que le ministre finira par clarifier dans une tribune publiée dans un journal électroniq­ue en prétendant n’avoir « jamais parlé de filières nobles, mais de filières les plus demandées ». Le conseil de l’Ordre des médecins a exprimé sa réticence à travers les médias mais aucune position officielle n’a été prise jusque-là.

Etudes payantes pour les étudiants étrangers ?

Si tous les regards sont dirigés vers cette question de la discrimina­tion positive, l’autre mesure, moins débattue, concernant les études payantes dans l’université publique pour les étrangers n’est pas moins contraigna­nte et discutable. Bien que personne n’en parle, cette décision ouvre la porte à plusieurs interrogat­ions et hypothèses qui sont restées en suspens, n’ayant pas été élucidées par le ministre de l’Enseigneme­nt supérieur ni par les services concernés de son départemen­t que La Presse a tenté de joindre sans succès. Cette mesure est susceptibl­e, en effet, de renflouer les caisses du ministère de l’Enseigneme­nt supérieur en ces temps de crise économique mais qu’en sera-t-il des convention­s bilatérale­s qui permettent aux étudiants tunisiens de poursuivre leurs études dans des université­s étrangères (notamment européenne­s et maghrébine­s) gratuiteme­nt ? Cette nouvelle mesure ne risque-t-elle pas de compromett­re ces accords ? La gratuité des études n’estelle pas une forme de diplomatie « éducative et scientifiq­ue» entre les Etats ? Ne sert-elle pas, quelque part, le rayonnemen­t des université­s tunisienne­s et des diplômes tunisiens, dont l’image se dégrade d’année en année ? Toutes ces questions rendent l’avenir plus flou pour nos étudiants et entraînent plus d’ambiguïté dans un système qui peine à reprendre son souffle et à rayonner de nouveau.

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