Le courage d’assumer
EN suivant quotidiennement les développements de la crise politique qui secoue le pays depuis que le chef de l’Etat a décidé de suspendre, fin mai dernier, le dialogue sur le Document Carthage II, on a envie de poser une question qui taraude les esprits de beaucoup de Tunisiens : où en sont les partis politiques à l’égard de ce qui se trame dans les antichambres et pourquoi gardent-ils ce silence «assourdissant» face à «ces rencontres-deals» qui se tiennent, à un rythme régulier, entre des parties que tout opposait il n’y a pas si longtemps et qui se sont découvert ces derniers jours «des accointances le moins qu’on puisse dire poussant à la réflexion» ?
Il est de tradition qu’en temps de crises ou d’incertitudes, les partis politiques, notamment les plus influents, assument la mission de force d’équilibre, d’apaisement en lançant des messages rassurants à la population et en essayant de minimiser les dégâts engendrés par ces mêmes crises ou conflits. Malheureusement, les Tunisiens découvrent, de jour en jour, que leurs partis, qu’ils soient au pouvoir ou dans l’opposition, ont opté pour la solution du spectateur passif qui suit les événements comme si le sort du pays ne le concernait ni de près ni de loin.
Et au moment où les citoyens attendaient que leurs élites leur éclairent la voie à suivre, ces dernières préfèrent attendre que la tempête passe ou cherchent un paravent derrière lequel elles se cachent, voire se fondent, dans l’attente de lendemains meilleurs.
Ces pratiques et ces comportements trahissent une conception singulière de l’action politique ne pouvant en aucune manière traduire un attachement quelconque à l’idée démocratique.
Ils relèvent, plutôt, d’un sens développé d’opportunisme qu’on croyait révolu mais qui revient au galop à chaque fois que les difficultés de conjoncture exigent des engagements clairs et des positions transparentes. N’est-il pas temps, près de huit ans après les événements du 14 janvier 2011 et les rêves qu’ils ont charriés, que les uns et les autres aient le courage d’assumer pleinement les responsabilités qui leur sont dévolues et de s’armer de l’audace qu’il faut pour prendre les positions qui peuvent déranger parfois ?
au moment où les citoyens attendaient que leurs élites leur éclairent la voie à suivre, ces dernières préfèrent attendre que la tempête passe ou cherchent un paravent derrière lequel elles se cachent, voire se fondent, dans l’attente de lendemains meilleurs.