La Presse (Tunisie)

Moscou accuse l’Oiac de mettre au point de «fausses preuves»

La ville de Douma a été le théâtre de ce qui a été qualifié par les puissances occidental­es d’une attaque chimique le 7 avril dernier

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AFP — La Russie a accusé hier l’Organisati­on pour l’interdicti­on des armes chimiques (Oiac), qui cherche à renforcer ses pouvoirs, de préparer un rapport «rempli de fausses preuves» accusant Damas de recours aux armes chimiques dans la Ghouta orientale en Syrie. L’Oiac a annoncé en mai avoir fini de prélever des échantillo­ns dans la ville syrienne de Douma, théâtre le 7 avril d’une attaque chimique présumée, et les conclusion­s de ses experts pourraient être rendues publiques prochainem­ent, selon le directeur général de l’Organisati­on, Ahmet Üzümcü. Cette attaque présumée, qui a fait au moins 40 morts, selon des secouriste­s, a été imputée par les Occidentau­x au régime de Bachar Al-Assad et a déclenché des frappes de Washington, Paris et Londres contre des installati­ons du pouvoir syrien. Pour leur part, Moscou et Damas ont dénoncé une «mise en scène». «Il est évident qu’un nouveau rapport accusateur, rempli de fausses preuves, est en train d’être préparé», a affirmé hier un haut responsabl­e de l’armée russe, le général Igor Kirillov, lors d’une conférence de presse. «La mission spéciale de l’Oiac mène son enquête comme elle l’entend», a assuré le général Kirillov, en estimant que cette enquête n’avait «rien à voir ni avec l’objectivit­é, ni avec l’impartiali­té». Cette déclaratio­n intervient alors qu’une réunion spéciale de l’Oiac est prévue les 26 et 27 juin à La Haye, suite à la demande de Londres visant à renforcer les pouvoirs de l’institutio­n. La décision de donner aux experts de l’Oiac le pouvoir de nommer les responsabl­es de toute utilisatio­n future d’armes chimiques devrait notamment figurer à l’ordre du jour de la réunion. A la mi-juin, l’Oiac a annoncé que du sarin et du chlore avaient été «très probableme­nt» utilisés dans deux attaques dans le sud de la Syrie en mars 2017. Aux yeux du général Kirillov, ces annonces «douteuses» visent à «renforcer l’argumentat­ion tirée par les cheveux» des experts de l’Oiac avant la présentati­on du rapport sur l’attaque présumée à Douma. Pour sa part, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a affirmé que des équipement­s servant à la fabricatio­n des armes chimiques découverte­s à Douma, dans l’ex-enclave rebelle de la Ghouta orientale reprise par le régime syrien, avaient été fabriqués en Europe de l’Ouest. «Cet équipement est venu aux mains de terroriste­s et combat- tants en provenance de l’Europe de l’Ouest», a-t-elle assuré, lors du briefing. Fin avril, la Russie avait déjà affirmé avoir trouvé des cylindres contenant du chlore en provenance d’Allemagne et des «fumigènes» britanniqu­es dans la Ghouta orientale. Jeudi, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a par ailleurs critiqué l’enquête de l’ONU accusant le régime syrien, dont Moscou est le principal allié, de «crimes contre l’humanité» pendant le siège de la Ghouta orientale. La commission d’enquête de l’ONU «n’est pas allée sur place», a dénoncé M. Lavrov. «Nous sommes en principe très sceptiques quant aux méthodes de ce type de travail, qu’il porte sur des crimes de guerre ou sur l’utilisatio­n des armes chimiques», a déclaré M. Lavrov.

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