Devoir de surpassement
L’espoir de qualification pour le 2e tour passe inéluctablement par une victoire sur les Diables Rouges. Pour y parvenir, il va falloir mettre beaucoup d’engagement, d’énergie, d’intensité et d’explosivité dans le jeu pour déjouer les pronostics défavorables et la tendance.
Nabil Maâloul a été le premier, à vrai dire le seul, à mettre publiquement et ouvertement la barre un peu haut en déclarant que l’équipe de Tunisie est capable d’aller jusqu’aux quarts de finale de cette Coupe du monde. C’était bien avant le match Angleterre-Tunisie du 18 juin et on ne sait pas encore si, après la défaite dans cette rencontre inaugurale, notre sélectionneur national maintient ce jugement ou s’il pense, au contraire, qu’il a parlé un peu trop vite et qu’il aurait eu intérêt à bien peser ses mots et à ne pas aller aussi vite en besogne. Car pour gagner ce pari qu’il a lui-même lancé en solitaire, par intime conviction après les matches de préparation grosso modo satisfaisants mais pas très rassurants et ne pouvant jamais constituer une référence pour bâtir un socle de convictions ou par volonté de mettre ses joueurs en confiance et leur faire mettre d’emblée le pied à l’étrier, il va falloir franchir cet après-midi une étape cruciale et décisive en battant la Belgique avant de penser au Panama. Certes, engranger les trois points aujourd’hui devant les Diables Rouges de Eden Hazard, De Bruyne, Courtois et Lukaku n’est pas une mission impossible sur un seul match de 90 minutes, mais il faut avouer aussi que ce n’est pas non plus chose facile vu la qualité individuelle et collective de cet adversaire animé d’une volonté de fer d’aller le plus loin possible dans ce rendez-vous mondial en tant que sérieux outsider qui vise au moins le dernier carré. Après avoir oublié un élément de base dans le football, à savoir qu’une équipe c’est avant tout un équilibre méticuleux à tous les niveaux face à Harry Kane et ses coéquipiers conduits par le rusé sélectionneur Gareth Southgate, omission qui lui a coûté cher, Nabil Maâloul est devant l’obligation de rectifier le tir et de redresser la barre pour sauver notre participation dans ce Mondial russe. Cet équilibre doit d’abord être travaillé et perçu au niveau de la préparation mentale des joueurs avant même qu’ils ne foulent la pelouse en axant sur la nécessité de respecter l’adversaire, de ne pas sous-estimer ses forces réelles surtout qu’elles sont connues et reconnues, mais sans que ce respect ne se transforme en sentiment de peur et d’infériorité qui ligote les pieds et les esprits et qui réduit les ambitions au seul objectif de limiter les dégâts au lieu de prendre le contrôle, voire le monopole du débat. Cette approche du match équilibrée doit être perçue aussi dans la composition de l’équipe, le choix du onze de départ, en alignant les meilleurs profils dans la liste et surtout en mettant chaque élément du dispositif à la place et au poste où il peut donner le meilleur rendement, se surpasser et se dépasser pour être assez performant. Quel que soit le plan de jeu adopté, en 4-2-3-1 comme le font la plupart des équipes ou en 4-3-3 beaucoup plus réaliste, qui doit varier selon les temps forts ou faibles du match et aussi les impondérables, il va falloir réussir les deux transitions, celle de la phase offensive à la phase défensive et celle de la phase défensive à la phase offensive, c’est-à-dire bien défendre quand on perd le ballon et de bien attaquer quand on le récupère. On doit être omniprésents et vigilants derrière, mais aussi assez présents, explosifs et efficaces devant pour créer le maximum de situations, afin de mettre l’adversaire en difficulté, et d’occasions pour marquer des buts. Cette réussite dans la zone adverse ne sera possible qu’avec une bonne animation offensive avec des percées et des dédoublements sur les couloirs, les renversements de jeu et les diago- nales de plus de 30 mètres et la recherche de la profondeur, de la passe au millimètre dans les intervalles et dans le dos de la charnière centrale belge. Il faut mettre également la manière dans le jeu car, elle seule, contrairement à ce qu’on croit, peut donner des résultats et ouvrir la voie à la victoire. Le meilleur exemple à suivre est celui du Sénégal de Ndiaye et de Mané, bien coaché par l’excellent sélectionneur Aliou Cissé qui a mis à genoux et terrassé les Polonais grâce à un jeu fluide porté vers l’offensive, riche en combinaisons de belle facture dans la zone de son adversaire et auquel la dernière touche décisive et l’efficacité n’ont pas manqué. Le reste incombe à Nabil Maâloul. On attend de lui de veiller à être lucide tout au long de cette partie de vérité pour lui et pour notre onze national, à faire une bonne lecture de jeu pour rectifier et corriger à temps le placement et le déplacement des joueurs, savoir laisser passer l’orage durant les temps faibles et ne pas perdre les pédales pour profiter pleinement des temps forts, des périodes favorables et forcer le destin de cette rencontre en vue de gagner ce gros pari qu’il a mis dans la balance. Tout le monde ne cache pas que notre sélectionneur et notre sélection jouent gros cet après-midi. En cas de réussite, ils seront les premiers à être applaudis et en cas d’échec, revers de la médaille, ils seront pratiquement les seuls à assumer les lourdes conséquences de cet échec de plus.