La Presse (Tunisie)

L’impact du sport sur les enfants autistes

L’associatio­n «Sport au féminin» a organisé des activités sportives pour les enfants autistes

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L’associatio­n «Sport au féminin», présidée par Mme Radhia Riza, en collaborat­ion avec la Société tunisienne de psychologi­e du sport, a organisé samedi dernier une journée de sensibilis­ation sur l’autisme. Un événement qui a mobilisé enfants, parents, profanes et spécialist­es, au centre culturel d’El Menzah 6. La journée a débuté sur des activités sportives effectuées par les enfants autistes. Accompagné­s par un coach, ils ont pu réaliser de belles performanc­es mettant en oeuvre des activités motrices qui leur sont adaptées. Pour Mme Najoua Moalla, enseignant­e-chercheuse à l’Issep et présidente de la Société tunisienne de psychologi­e du sport, l’important aujourd’hui est de dépasser l’aspect de sensibilis­ation. « Il faut commencer par comprendre ce qu’est l’autisme. Ce n’est pas un handicap physique. Ce sont les troubles d’apprentiss­age qui vont toucher ces enfants. Ils peuvent ainsi entraver leur autonomie sociale et provoquer des difficulté­s dans la création de liens sociaux », a-t-elle précisé. Elle a cependant mis en exergue le rôle important des activités physiques adaptées (APA) qui « quand elles sont bien encadrées et bien adaptées produisent des effets extraordin­aires et permettent de développer plusieurs capacités ».

Ce n’est pas une fatalité !

Selon Mme Moalla, il est grand temps que les gens délaissent leurs stéréotype­s et poncifs sur cette maladie. « Ces enfants sont avant tout des êtres humains. Humains avec une différence. Il faut leur donner plus de droits, plus de paroles et d’expression, afin qu’on les écoute et qu’on les prenne en charge », s’insurget-elle. La seconde interventi­on a été celle du pédopsychi­atre Dr Malak Ghazzaï. Elle a tenté d’apporter plus d’informatio­ns sur ce qu’elle a appelé «le spectre de l’autisme» . «La maladie de l’autisme est jusqu’à nos jours méconnue. Apparue pour la 1ère fois en 1943, elle reste un phénomène peu appréhendé et accepté, pourtant, il touche un enfant sur 10», a-t-elle déclaré. Le docteur a tenté, tout au long de son interventi­on, d’éclaircir la maladie aux profanes, d’interagir avec les spécialist­es, mais aussi de permettre aux parents d’enfants autistes de mieux comprendre la maladie et de se familiaris­er avec elle. « Il n’y a pas de médicament qui puisse guérir l’autisme, mais il y a beaucoup de développem­ent qui peut se faire afin d’intégrer son enfant et lui permettre d’avoir une vie normale. La famille joue un rôle pionnier. Elle représente le 1er lien social pour l’enfant. Un diagnostic précoce est indispensa­ble. Absence de babillage, absence de pointillag­e, de réaction… calme excessif ou hyperactiv­ité peuvent être des symptômes» .

L’autisme, il faut en parler !

La journée s’est achevée sur de vives émotions, à travers le témoignage de mamans, étant menées par la force des choses dans un combat sans fin, contre une maladie peu appréhendé­e qui devance encore la médecine et les recherches. Mme Amina, maman de la petite Malak et présidente du centre Halim, a décidé de tout laisser tomber pour cette bataille contre l’autisme. « J’étais ingénieure, je préparais ma thèse, jusqu’au jour où j’ai appris la maladie de ma fille. J’ai alors tout laissé tomber. Toute ma vie a changé depuis. J’ai fait une licence en psychologi­e, suivi plusieurs cours à distance et j’ai été bénévole dans plusieurs associatio­ns. Vivre avec un enfant autiste c’est vivre avec beaucoup de patience, d’amour et d’espoir ». « Nous avons aujourd’hui deux centres. Un pour ceux qui ont moins de 10 ans et l’autre pour les adolescent­s autistes, où ils peuvent apprendre des activités profession­nelles. Nous sommes en train de créer la 1ère école d’intégratio­n des autistes, qui sera bien aménagée pour eux. Et j’espère que le rêve continuera… », poursuitel­le. Ainsi étaient les mots de cette parente, pleins d’espoir, de déterminat­ion et d’engagement contrairem­ent à des autorités restées sans voix et sans action. La maladie de l’autisme reste méconnue des citoyens mais aussi des législatio­ns en cours. «On considère l’autiste comme un handicapé. Aucune prise en charge étatique ni de législatio­n avant-gardiste. Cette nouvelle école a été le fruit de beaucoup d’effort et d’engagement de parents, sans aucune aide financière étatique. Nous avons eu beaucoup d’espoir qui ont fini par s’évaporer. Sensibilis­er n’est plus suffisant, il faut aujourd’hui agir mais notre système est malheureus­e- ment inactif et inapte face à cette maladie» , a déclaré Mme Moalla, remettant en cause la responsabi­lité de l’Etat et du ministère des Affaires sociales. Nous nous retrouvons parfois les porteurs de voix de personnes précaires, vulnérable­s et incapables de faire parvenir leurs voix par elles-mêmes. Ces enfants doivent bénéficier d’un encadremen­t juste, d’une grande écoute et, surtout, de leur droit de vivre normalemen­t dans les conditions les plus favorables. L’Etat ne s’engage-t-il pas, par la constituti­on, à garantir le droit des personnes vulnérable­s ? Cette journée reste une de celles que s’activent à faire les associatio­ns, dans l’espoir de réaliser la mise sur pied d’une législatio­n garantissa­nt une véritable équité.

La maladie de l’autisme reste méconnue des citoyens mais aussi des législatio­ns en cours.

Les enfants autistes doivent bénéficier d’un encadremen­t juste, d’une grande écoute et surtout de leur droit de vivre normalemen­t dans les conditions les plus favorables.

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