Nouvelle vision, nouveaux défis
Les experts et spécialistes ont décortiqué l’état des lieux de la famille dans la région.
Le Congrès préparatoire au Sommet de la famille arabe ayant pour thème : «La famille arabe et l’agenda 2030 des Nations unies», qui s’est déroulé les 21 et 22 juin à Tunis, s’inscrit dans la lignée des évènements préliminaires dudit sommet. Il a pour finalité de cerner les priorités des politiques nationales dans la région en matière de promotion, de consolidation et d’optimisation des acquis de la famille, et ce, conformément aux directives des Nations unies et en harmonie avec les objectifs de développement durable (ODD) à l’horizon 2030. Organisé, conjointement, par le ministère de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Personnes âgées, la Ligue des Etats arabes et l’Organisation de la famille arabe en partenariat avec le Fnuap et ONU Femmes, le Congrès a permis à une centaine de participants provenant des pays arabes et représentant les institutions nationales, le tissu associatif, la société civile, le secteur éducatif, ainsi que les médias de se réunir autour d’un dialogue fructueux. Les experts et spécialistes ont pris soins, durant les deux jours de travaux, de décortiquer l’état des lieux de la famille dans la région, d’en cerner les besoins nouveaux, les défis à relever et de fixer, ensemble, les grandes lignes d’une stratégie régionale, à même de combler les lacunes repérées, de répondre par la favorable aux nouvelles exigences du noyau sociétal qu’est la famille, et de rejoindre les objectifs du développement durable. Les participants se sont penchés sur sept axes-clés ayant attrait à la famille arabe, notamment le développement durable à l’horizon 2030, la situation socioéconomique, sanitaire et environnementale, les effets des changements sociétaux et culturels, ainsi que ceux de la numérisation sur la famille, la paix et l’aspect sécuritaire, l’émigration et la question de genre. La séance matinale de la deuxième journée du Congrès a été consacrée à un atelier de travail sur l’actualisation de la stratégie arabe pour la famille et l’instauration d’un plan d’action. Rappelant que la mise en place d’une stratégie arabe pour la famille était censée concrétiser la décision prise en 2003, dans le cadre du Congrès d’El Doha. En ce temps-là, l’intention était d’établir une stratégie pour la période 2004/ 2014. Ce projet tournait autour de sept points capitaux, qui ont été discutés dans le but d’une actualisation appropriée au contexte spatio-temporel de la région.
Actualisation de sept points
Il est utile de rappeler que le premier point de la stratégie initiale souligne la garantie des soins et des droits intégraux de la famille afin qu’elle puisse évoluer dans un climat fondé sur l’harmonie, l’affection et le respect. Le deuxième point porte sur l’autonomisation de la famille dans l’optique de l’habiliter au mieux à réussir ses différentes missions. Le troisième point consiste à lutter contre la pauvreté, améliorer la qualité de vie et renforcer la contribution de la famille dans la dynamique socio-économique. S’agissant du quatrième point, il met l’accent sur l’ouverture de la famille arabe sur le progrès scientifique, technologique ainsi que l’ancrage des valeurs culturelles, économiques, sociales et universelles. Le cinquième point vise l’élaboration d’une base de données dynamique ainsi que la numérisation des données relatives à la famille arabe, et ce, afin de favoriser les travaux d’analyse et de recherche dans ce domaine. Le sixième point vise, par ailleurs, le renforcement des liens entre les familles émigrées et leurs pays d’origine. Le septième point, quant à lui, est destiné à l’appui et l’aide salutaire aux familles arabes sinistrées.
Débat et perspectives
Les participants au workshop ont examiné, un à un, les points précités. Le modérateur a insisté sur l’impératif d’émettre des suggestions fondées sur les principes des ODD et non sur des indicateurs. L’objectif étant de cerner les grands axes de la stratégie et non les détails. Les intervenants ont insisté sur la nécessité de doter le droit à la santé d’un point à part entière et d’identifier les différents droits légitimes dont doit bénéficier la famille. Le Dr Mirfet Tilaoui a recommandé de se focaliser sur la stratégie, et ce, indépendamment du sommet. Il convient, à son sens, d’insister sur les politiques nationales et leur renforcement et de fixer des objectifs clairs et applicables. La représentante de l’association «Maram» a attiré l’attention sur la situation précaire des enfants malades qui, selon elle, échappent à toute stratégie. Elle a montré du doigt le laxisme et l’indifférence de la Ligue des Etats arabes à l’égard de ces catégories vulnérables. Les avis ont été départagés, par ailleurs, sur l’autonomisation de la famille. Certains plaident pour son insertion dans la dynamique socioéconomique, alors que d’autres privilégient la notion de l’autonomisation, soit la mise à la disposition de la famille les moyens et les mécanismes à même de l’aider à voler de ses propres ailes tout en préservant l’assistance, qui relève du devoir de l’Etat. S’agissant de l’ouverture de la famille arabe sur les valeurs universelles, sur le progrès technologique et sur le monde numérique, l’assistance a souligné qu’il s’agit d’un défi majeur tout en étant épineux, vu les risques liés à la numérisation et leurs redoutables impacts sur les enfants. Les participants ont, aussi, débattu de la question de genre, appelant à opter désormais pour des programmes fondés sur l’approche de genre et sur l’égalité des chances entre l’homme et la femme.