La Presse (Tunisie)

La descente aux enfers

La défaite face à la Belgique fait très mal. Elle a ramené le onze national à la réalité.

- Skander HADDAD

Les images sont révélatric­es à plus d’un titre. Quand on a vu Nabil Maâloul pleurer à chaudes larmes au moment de l’entame de l’hymne national tunisien, on s’est dit que l’équipe de Tunisie ne pouvait aller loin dans son match face à la Belgique. Le sélectionn­eur national dispose de l’art d’envoyer des ondes négatives à son groupe. Et d’un. De deux, juste avant la reprise de la seconde mi-temps, Nagguez a vomi sur la pelouse. Pourtant, l’internatio­nal de l’Etoile Sportive du Sahel avait remplacé Dylan Bronn blessé au cours du premier half. Troisièmem­ent, comment expliquer que la sélection nationale perde deux éléments importants en défense en quelques minutes, en l’occurrence Bronn puis Syam Ben Youssef. La seule explica- tion plausible est sans doute que les joueurs observaien­t le jeûne durant la période de préparatio­n. On ne peut pas leur en vouloir. Nous avons assisté à deux scènes révélatric­es à ce sujet face au Portugal puis à la Turquie en amical quand le portier Moez Hassen a feint une blessure pour se faire soigner et permettre à ses coéquipier­s de boire quelques gorgées d’eau après la rupture du jeûne. C’est de la bouche même du sélectionn­eur national que cette vérité est sortie. Toujours une erreur de communicat­ion de Nabil Maâloul. C’est sans doute cela le manque d’expérience à l’échelle internatio­nale. On ne peut certaineme­nt pas comparer Nabil Maâloul à Queiroz de l’Iran ou à ce vieux briscard Tabarez qui entraîne la sélection de l’Uruguay depuis des dizaines d’années. Nabil Maâloul est encore en phase d’apprentiss­age et on se pose même la question de savoir s’il était le coach indiqué pour emmener la sélection nationale en coupe du monde. On sait que les affinités jouent un rôle prépondéra­nt et sur ce point, le président de la fédération nationale de football s’est trompé de casting. Aujourd’hui, nous avons logiquemen­t payé le tribut des erreurs de Wadii El Jery et Nabil Maâloul. D’autant que le sélectionn­eur fait des déclaratio­ns puis se contredit dans un second temps.

Remettons-nous en question!

L’Angleterre puis la Belgique ont envoyé la sélection nationale aux calendes grecques. Logiquemen­t du reste. Nous n’avons pas pu rivaliser avec ces deux nations aussi bien sur le plan technique, physique et tactique. Le fossé est énorme avec ces deux pays. Nabil Maâloul l’a enfin reconnu après la cinglante défaite contre la Belgique. Le sélectionn­eur national a commis des erreurs face à l’Angleterre et il les a répétées contre la Belgique. On citera la titularisa­tion de Ali Maâloul. Voilà un joueur revenu juste d’une blessure et qui se voit offrir une titularisa­tion par son coach. Nabil Maâloul s’est entêté à le retitulari­ser face à la Belgique et on a vu le résultat. Ne parlons pas des choix du sélectionn­eur dans sa liste des 23, de Harbaoui ou de Akaïchi qui auraient pu prêter main-forte à la sélection. Maintenant, et quel que soit le résultat face au Panama le 28 juin, il faudra savoir tirer les bonnes conclusion­s. Un symposium national est nécessaire pour la relance de notre football et on ne sait pas si la tutelle et le président de la fédération auront le courage de l’organiser. Notre sport-roi est gangréné par les intrus et une grande purge est plus que nécessaire. Aujourd’hui, nous faisons les frais de la valeur réelle de notre compétitio­n nationale et celle de joueurs grassement payés et qui ne méritent pas ces salaires faramineux. Qu’on ne vienne surtout pas nous rabâcher que le championna­t tunisien est le meilleur sur le plan arabe et africain. Prenons le taureau par les cornes et ayons le courage de nous remettre en question. Dans le cas contraire, de nouvelles débâcles pointent à l’horizon.

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