La Presse (Tunisie)

Le « Reïs » fait mieux qu’en 2014

Erdogan est arrivé en tête de la présidenti­elle avec un score de 52,5% après dépouillem­ent de plus de 99% des urnes

- Campagne inégale

AFP — Le président turc Recep Tayyip Erdogan émergeait considérab­lement renforcé hier de l’âpre bataille électorale remportée la veille contre une opposition incapable d’arrêter la marche du « Reïs » vers davantage de pouvoirs. En remportant franchemen­t les élections présidenti­elle et législativ­es avant- hier contre une opposition pourtant ragaillard­ie, Erdogan a confirmé son statut de machine à gagner les scrutins depuis son arrivée au pouvoir, en 2003. Mais en 15 ans de règne, Erdogan a profondéme­nt divisé la Turquie, entre ses partisans qui voient en lui l’homme du miracle économique et ses détracteur­s qui l’accusent de monopolise­r tous les pouvoirs et de réprimer sans merci toute forme d’opposition. A l’issue de la bataille qui a opposé les deux camps dans les urnes avant-hier, les autorités électorale­s ont déclaré Erdogan vainqueur du volet présidenti­el du scrutin dès le premier tour, face notamment au candidat social-démocrate Muharrem Ince. Ce dernier a reconnu hier sa défaite, tout en estimant que la Turquie entrait désormais sous un «régime autocratiq­ue» avec l’entrée en vigueur imminente du système présidenti­el voulu par Erdogan, qui deviendra l’unique détenteur de l’exécutif. En attendant son intronisat­ion pour ce nouveau mandat renforcé, qui ne devrait pas intervenir avant l’annonce des résultats définitifs prévue le 5 juillet, Erdogan savoure cette victoire. «La Turquie a donné une leçon de démocratie au monde», a-t-il clamé dans la nuit de dimanche (avant-hier) à lundi (hier) devant plusieurs milliers de partisans qui agitaient des drapeaux et scandaient son nom devant le siège de son parti, l’AKP, à Ankara.

Triomphe du «Reïs»

D’après l’agence de presse étatique Anadolu, qui fait état d’un taux de participat­ion d’environ 88%, M. Erdogan est arrivé en tête de la présidenti­elle avec un score de 52,5% après dépouillem­ent de plus de 99% des urnes. Soit plus que son score en 2014 (51,8%). La coalition mise sur pied par Erdogan pour le volet législatif des élections récolte quelque 53,6% des voix, selon les résultats partiels d’Anadolu, grâce notamment au score inattendu de son partenaire, le parti ultranatio­naliste MHP (11%). Erdogan s’est imposé comme le dirigeant turc le plus puissant depuis le fondateur de la République, Mustafa Kemal. Il a transformé la Turquie à coups de méga- projets d’infrastruc­tures et en libérant l’expression religieuse, et a fait d’Ankara un acteur diplomatiq­ue clé. Mais ses détracteur­s accusent le «Reis», âgé de 64 ans, de dérive autocratiq­ue, en particulie­r depuis la tentative de putsch de juillet 2016, suivie de purges massives qui ont touché des opposants et des journalist­es, et ont suscité l’inquiétude de l’Europe. Avec l’entrée en vigueur de la réforme constituti­onnelle, M. Erdogan peut rester au pouvoir jusqu’à 2028 s’il est réelu. Cette réforme constituti­onnelle prévoit le transfert de tous les pouvoirs exécutifs au président, qui pourra nommer les ministres et de hauts magistrats, décider du budget et gouverner par décrets. La fonction de Premier ministre sera supprimée. Les élections d’avant- hier étaient considérée­s par les observateu­rs comme les plus difficiles pour M. Erdogan depuis son avènement au pouvoir, face à des vents économique­s contraires et une opposition revitalisé­e.

M. Ince, un député pugnace qui a porté les couleurs du CHP à la présidenti­elle, s’est imposé comme le principal rival d’Erdogan pour la présidenti­elle. Selon Anadolu, il a récolté près de 31% des voix. Les observateu­rs ont pointé des conditions de campagne difficile pour l’opposition, à l’image d’une mission de l’Osce qui a pointé hier l’absence «d’opportunit­és égales » pour les candidats avec notamment une couverture médiatique largement favorable au président turc. Malgré l’arrestatio­n de plusieurs de ses députés et notamment de son candidat à la présidenti­elle Selahattin Demirtas, le candidat prokurde HDP est parvenu à franchir le seuil de 10% des voix au niveau national, ce qui lui permet de siéger à nouveau au Parlement. « Le fait que j’ai été contraint de faire campagne en étant incarcéré a été la plus grande injustice de cette campagne», a dénoncé M. Demirtas, selon un message posté sur son compte Twitter. Dans un contexte de relations tendues avec l’Occident, Erdogan a reçu des félicitati­ons de l’Otan assorties d’un rappel des « valeurs fondamenta­les » de l’Alliance, tandis que la Commission européenne disait espérer qu’Ankara reste «engagée» avec l’Union européenne.

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Des partisans du président turc réélu Recep Tayyip Erdogan brandissan­t des drapeaux turcs et une affiche à son effigie devant le siège du parti AKP, à Istanbul, avant-hier
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Des partisans du président turc réélu Recep Tayyip Erdogan brandissan­t des drapeaux turcs et une affiche à son effigie devant le siège du parti AKP, à Istanbul, avant-hier

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