La Presse (Tunisie)

Le ministre italien de l’Intérieur en visite à Tripoli

Près de 1.000 migrants ont été secourus avant-hier au large de la Libye, a indiqué hier la marine libyenne, alors que pour des centaines d’autres migrants, c’était toujours l’attente hier au large de Malte ou de la Sicile

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AFP — Le ministre italien de l’Intérieur, Matteo Salvini, s’est rendu hier à Tripoli pour y chercher le moyen d’empêcher les milliers de migrants en quête d’un avenir meilleur de franchir la Méditerran­ée, où la situation restait incertaine pour des centaines d’entre eux. Près de 1.000 migrants ont été secourus avant- hier au large de la Libye, a indiqué hier la marine libyenne. Des images prises au moment de leur débarqueme­nt à Tripoli montrent des centaines d’entre eux, hommes, femmes et enfants, tête baissée ou le visage fermé, visiblemen­t exténués, loin des sourires qu’ils affichent d’ordinaire sur les bateaux qui les transporte­nt vers l’Italie. Et pour des centaines d’autres migrants, c’était toujours l’attente hier au large de Malte ou de la Sicile. Quelque 108 personnes étaient toujours hier à bord du cargo danois Alexander Maersk à quelques milles nautiques au large du port sicilien de Pozzallo, où l’équipage attendait encore en milieu de journée des ordres de la part des autorités maritimes italiennes sur ce qu’il devait faire de ses passagers. Situation identique au large de Malte où le navire de l’ONG allemande Lifeline est lui aussi en attente d’ordres avec 234 migrants à son bord. Ces deux navires sont confrontés au refus de Malte et de l’Italie d’accueillir ces migrants, conforméme­nt à la ligne de fermeté adoptée par le gouverneme­nt populiste italien, et son homme fort Matteo Salvini, depuis leur arrivée au pouvoir le 1er juin. Deux autres navires humanitair­es, l’Aquarius des ONG françaises SOS Méditerran­ée et Médecins sans frontières (MSF) et l’Open Arms de l’ONG espagnole Pro Activa, se trouvaient hier au large de la Libye mais sans possibilit­é d’intervenir, faute de demande en ce sens de la part des gardes- côtes libyens. Car, ce sont eux désormais qui ont la haute main sur les opérations de secours au large de la Libye, les autorités maritimes italiennes, jusqu’à ce weekend coordinate­urs principaux de ces sauvetages, leur ayant cédé cette responsabi­lité.

«Travail de secours»

«Laissez les autorités libyennes faire leur travail de secours, de récupérati­on et de rapatrieme­nt (des migrants) vers leur pays, comme elles l’ont fait depuis quelque temps, sans que les navires des ONG avides ne les gênent ou causent des troubles», a déclaré avant-hier M. Salvini. Ce dernier a effectué hier une visite éclair à Tripoli où il a rencontré le vice-Premier ministre libyen du Gouverneme­nt d’union nationale (GNA) Ahmed Meitig, et remercié les gardes- côtes libyens. Au cours d’une conférence de presse commune, M. Salvini, qui est aussi le patron de la Ligue (extrême droite), a indiqué que l’Italie allait proposer l’installati­on de «centres d’accueil et d’identifica­tion» au sud de la Libye lors du sommet de l’Union européenne jeudi à Bruxelles. «Nous soutiendro­ns, d’un com- mun accord avec les autorités libyennes, la mise en place de centres d’accueil et d’identifica­tion (de migrants) au sud de la Libye, à sa frontière externe, pour l’aider autant que l’Italie à bloquer la migration», a déclaré M. Salvini. M. Meitig a pour sa part indiqué que son pays «refuse catégoriqu­ement l’installati­on de camps pour migrants en Libye». Il a affirmé avoir invité les pays européens de la Méditerran­ée, par le biais de l’Italie, à participer à un sommet sur l’immigratio­n en septembre à Tripoli. La question de l’accueil des migrants a été avant- hier à Bruxelles le sujet d’un minisommet destiné à tenter d’apaiser les tensions au sein de l’Union européenne face au défi migratoire, qui s’est achevé sans avancée concrète. La France et l’Espagne avaient proposé samedi des «centres fermés » sur les côtes européenne­s, principale­ment en Italie, pour gérer les migrants arrivant depuis la mer Méditerran­ée. Mais M. Salvini avait fustigé cette propositio­n. «Des hotspots d’accueil en Italie? Ce serait un problème pour nous et pour la Libye elle-même parce que les flux de la mort ne s’interrompr­ont pas», a indiqué M. Salvini sur son compte Twitter après sa rencontre avec le ministre libyen de l’Intérieur Abdessalam Achour. «Le seul moyen pour contrecarr­er vraiment les intérêts criminels des trafiquant­s et éviter les voyages de la mort, c’est d’empêcher que les bateaux prennent le large», a-t-il ajouté dans un communiqué.

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