La Presse (Tunisie)

Distractio­ns…

- Par Khaled TEBOURBI

Motus sur la politique, motus sur l’économie, motus même sur la culture, la pause télévisuel­le estivale a donc repris. Rallongée d’un mois cette année : le mois saint, où, voilà des lustres, seuls les feuilleton­s et la bouffe sont en odeur de sainteté. S’y ajoute le Mondial de foot, à présent, avec un peuple, subitement irréceptif à tout ce qui n’a pas rapport, de près ou de loin, avec un ballon rond. Et l’on n’en est qu’au début. Restent les deux mois pleins de l’été. Les télés en donnent, comme c’est désormais usage, le «signe» : plus de plateaux politiques, plus de débats sur la culture, sur l’économie. Nos chroniqueu­rs partent-ils en congé ?Pas tant. Beaucoup, au contraire, se rabattent sur les radios. Etranges, ces talks qui désertent la télévision sans motif rationnel, sans que l’on ne sache exactement pourquoi. Et encore plus inexplicab­le ces radios qui en prennent, «isolément», le relais. On songe à «l’ inavouable» : nos chaînes télés prétextera­ient-elles de la «séquence vacancière»pour alléger leurs dépenses, pour «dissimuler»leur manque d’argent ? Possible. Nombre de contractue­ls restent encore impayés. Mais le plus regrettabl­e, le plus dommageabl­e, croyons-nous, est qu’un média «central» , essentiel, se coupe, ainsi, des affaires publiques et, ce faisant, altère l’attention et la vigilance des citoyens. Que dire du contexte, pourtant ?Complexe, sensible, délicat, n’autorisant ni absences ni distractio­ns. La crise gouverneme­ntale, l’imminence, surtout, d’un changement intégral de gouverneme­nt, est sujet d’appréhensi­on déjà. Mais le risque s’amplifie si, pour des raisons secondaire­s, pour des «puérilités», les esprits se détournent des réels problèmes du pays. On a eu cette impression, cette crainte même, d’abord pendant le Ramadan. Face à la ruée sur les marchés, face à l’obsession gourmande généralisé­e. Opulence paradoxale au regard d’un pouvoir d’achat évalué à moins de 40%. Opulence futile car exhibitoir­e et sans lendemain. Comme étaient futiles et inutiles ces polémiques sur le jeûne et le non-jeûne, ou ces sorties, malheureus­ement officielle­s, à propos de la «fermeture des cafés». Plutôt inquiets, surtout inquiets, de ce qui nous arrive à l’occasion la Coupe du monde de Russie. A commencer par le délire de la qualificat­ion :deux mois sans relâche à rêver que l’on est «grand parmi les grands». En poursuivan­t par les illusions et les fanfaronna­des des matches amicaux. Insupporta­bles «cocoricos». En retombant sur terre, enfin , en retournant «à soi», et en dressant le vrai bilan, l’ amer et inévitable bilan : ce foot de haut niveau mondial, nous en sommes décidément loin. Bien loin. Coûteuse distractio­n encore. Et terrible constat !

…Pas de plateaux politiques, pas de débats… La pause télévisuel­le estivale a donc repris… Rallongée du mois saint cette année…Et du Mondial de Russie, à présent… Que dire du contexte, pourtant ? Complexe, sensible, délicat, n’autorisant ni absences ni distractio­ns…

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