Distractions…
Motus sur la politique, motus sur l’économie, motus même sur la culture, la pause télévisuelle estivale a donc repris. Rallongée d’un mois cette année : le mois saint, où, voilà des lustres, seuls les feuilletons et la bouffe sont en odeur de sainteté. S’y ajoute le Mondial de foot, à présent, avec un peuple, subitement irréceptif à tout ce qui n’a pas rapport, de près ou de loin, avec un ballon rond. Et l’on n’en est qu’au début. Restent les deux mois pleins de l’été. Les télés en donnent, comme c’est désormais usage, le «signe» : plus de plateaux politiques, plus de débats sur la culture, sur l’économie. Nos chroniqueurs partent-ils en congé ?Pas tant. Beaucoup, au contraire, se rabattent sur les radios. Etranges, ces talks qui désertent la télévision sans motif rationnel, sans que l’on ne sache exactement pourquoi. Et encore plus inexplicable ces radios qui en prennent, «isolément», le relais. On songe à «l’ inavouable» : nos chaînes télés prétexteraient-elles de la «séquence vacancière»pour alléger leurs dépenses, pour «dissimuler»leur manque d’argent ? Possible. Nombre de contractuels restent encore impayés. Mais le plus regrettable, le plus dommageable, croyons-nous, est qu’un média «central» , essentiel, se coupe, ainsi, des affaires publiques et, ce faisant, altère l’attention et la vigilance des citoyens. Que dire du contexte, pourtant ?Complexe, sensible, délicat, n’autorisant ni absences ni distractions. La crise gouvernementale, l’imminence, surtout, d’un changement intégral de gouvernement, est sujet d’appréhension déjà. Mais le risque s’amplifie si, pour des raisons secondaires, pour des «puérilités», les esprits se détournent des réels problèmes du pays. On a eu cette impression, cette crainte même, d’abord pendant le Ramadan. Face à la ruée sur les marchés, face à l’obsession gourmande généralisée. Opulence paradoxale au regard d’un pouvoir d’achat évalué à moins de 40%. Opulence futile car exhibitoire et sans lendemain. Comme étaient futiles et inutiles ces polémiques sur le jeûne et le non-jeûne, ou ces sorties, malheureusement officielles, à propos de la «fermeture des cafés». Plutôt inquiets, surtout inquiets, de ce qui nous arrive à l’occasion la Coupe du monde de Russie. A commencer par le délire de la qualification :deux mois sans relâche à rêver que l’on est «grand parmi les grands». En poursuivant par les illusions et les fanfaronnades des matches amicaux. Insupportables «cocoricos». En retombant sur terre, enfin , en retournant «à soi», et en dressant le vrai bilan, l’ amer et inévitable bilan : ce foot de haut niveau mondial, nous en sommes décidément loin. Bien loin. Coûteuse distraction encore. Et terrible constat !
…Pas de plateaux politiques, pas de débats… La pause télévisuelle estivale a donc repris… Rallongée du mois saint cette année…Et du Mondial de Russie, à présent… Que dire du contexte, pourtant ? Complexe, sensible, délicat, n’autorisant ni absences ni distractions…