Développement régional et croissance inclusive
Les régions sont appelées désormais à concevoir, réaliser et suivre les projets pour satisfaire les besoins des habitants, qu’ils soient des particuliers ou des hommes d’affaires. Un appui du pouvoir central demeure encore nécessaire pour passer de la con
«Valoriser le potentiel des régions en Tunisie : mise à profit des conclusions du projet sur les régions défavorisées», tel est le thème de l’atelier organisé hier à Tunis par le ministère de l’Investissement et de la Coopération internationale, la Banque mondiale et Cities Alliance en présence d’une pléiade de spécialistes et d’économistes venus de différents horizons. Selon Mme Henda Gafsi, experte dans la planification, la décentralisation est une opportunité pour le développement territorial. Il faut, à l’avenir, assurer une articulation à différents niveaux territoriaux représentés par les communes, les régions ellesmêmes et les districts. Dans cette bonne articulation, l’Etat a un rôle à jouer et doit se baser sur les acteurs concernés pour la décentralisation à appuyer par les pouvoirs publics. L’oratrice a recommandé, en outre, de converger les outils de panification et mettre en place des plans. Une réflexion doit être engagée sur les approches et les outils de planification. Par ailleurs, le cadre juridique adéquat peut être mis en place pour profiter des richesses nationales, minières et autres, qui se trouvent dans chaque région. Mme Gafsi estime que le développement territorial doit émaner d’une vision partagée en privilégiant les intérêts particuliers mais aussi l’intérêt général. Des lobbies locaux doivent même exister et des techniques de dialogue se développer avec l’implication des différents ministères concernés, y compris ceux de la Formation et de l’Enseignement supérieur.
L’intervenante a évoqué aussi la discrimination qui doit être accompagnée, selon elle, par des conditions de compétitivité. Quant aux outils de planification, de développement et de gestion territoriale et l’économie, ils doivent aller de pair avec le pouvoir local. D’où la nécessité de donner la place qu’elle mérite à une planification stratégique et prospective. Un plan de sauvegarde et de mise en valeur des sites historiques et archéologiques n’a pas encore été activé. Le temps est venu pour l’appliquer et tirer le meilleur profit de nos sites et les exploiter. De son côté, M. Abederrazek Zouaoui, ancien ministre, a rappelé que la Tunisie est en retard au niveau du développement régional. Le Livre blanc élaboré à cette question n’a pas encore été discuté. «Nous disposons d’une étude qui concerne nos différentes régions», souligne-t-il. La Tunisie a besoin, selon ses dires, d’un débat et d’une vision claire relatifs au développement régional. A distinguer, cependant, entre métropolisation et régionalisation. Il a fait savoir que les agglomérations ne recrutent plus actuellement, contrairement à jadis quand le jeune de l’intérieur émigre vers les grandes agglomérations pour trouver du travail et fonder une famille.
Territoire économiquement viable
Il fut un temps où on parlait de trois pôles de développement : au nord-ouest, au centre-ouest et au sud. Les activités numériques peuvent être délocalisées dans les régions intérieures, comme les centres d’appel. L’Etat, représenté par les organismes publics, a un rôle à jouer à ce niveau. Selon l’orateur, la Tunisie dans sa totalité est une seule région. Nous avons 24 entités administratives et non pas des régions. Pour parler de région, il faut avoir un territoire économiquement viable ainsi qu’un schéma de développement. C’est à ce moment là que l’on peut parler de développement régional. La Tunisie souffre aussi d’un problème institutionnel, ce qui nécessite toute une refonte en profondeur ainsi qu’une réflexion sur le développement régional. L’orateur a donné comme exemple les pays de l’Est qui ont effectué des réformes institutionnelles qui requièrent des financements à solliciter de l’Union européenne. M. Mohamed Haddar, économiste tunisien, a indiqué que le développement régional suppose une croissance inclusive. Les politiques publiques menées ont conduit à la métropolisation. L’efficacité économique est observée dans certaines régions et pas dans d’autres. Dans certaines régions l’objectif de l’Etat était de maintenir la paix sociale en lançant des projets sociaux. Les incitations mises en place pour tirer profit des potentialités régionales n’ont pas toujours donné de bons résultats. En 2011, les budgets les plus colossaux étaient orientés vers les régions qui ont connu le plus de protestations populaires. Cependant, tous les projets programmés n’ont pu être réalisés. Les plans étaient plutôt de dimension sectorielle. La délégation de certaines activités aux régions n’a pas eu des effets positifs comme c’est le cas, par exemple, pour les pistes à Bizerte. Il est important de transférer les compétences ministérielles vers les régions.