La Presse (Tunisie)

Une haute saison prometteus­e

La reprise du secteur touristiqu­e peut se confirmer d’ici à la fin de l’année à condition de combler les lacunes constatées à plusieurs niveaux, comme celles qui concernent la qualité des prestation­s dans les hôtels, la diversific­ation des produits et la

- Chokri GHARBI

Les établissem­ents hôteliers se sont bien préparés pour accueillir les touristes dans de bonnes conditions. Après les attentats terroriste­s —au musée du Bardo et à l’hôtel Impérial à Sousse— qui ont pesé lourdement sur le secteur et particuliè­rement sur les établissem­ents touristiqu­es comme les hôtels et les restaurant­s ainsi que les centres de loisirs, la situation semble s’améliorer. En effet, plusieurs pays, après s’être assurés de la sécurité de leurs citoyens, ont levé les restrictio­ns sur la destinatio­n Tunisie. Cette décision a fait tache d’huile dans la mesure où les pays qui avaient des doutes sur la sécurité dans notre pays ont également levé ces restrictio­ns qui ont eu des impacts négatifs sur les recettes touristiqu­es en devises. Heureuseme­nt, le tourisme maghrébin et intérieur a pu atténuer, un tant soit peu, ces résultats désastreux. Depuis ce temps, un travail acharné a été effectué aussi bien par les profession­nels que par l’administra­tion publique sous la tutelle du ministère du Tourisme pour redorer l’image de la Tunisie et inciter les touristes des différents pays européens, notamment, à visiter notre pays connu pour son hospitalit­é et disposant de plusieurs produits susceptibl­es de satisfaire les goûts des touristes des quatre coins du monde. Ainsi, les profession­nels ont pris part à des manifestat­ions touristiqu­es à l’étranger et des journées touristiqu­es ont même été organisées par la Tunisie pour mettre en exergue les charmes de ce pays réputé pour ses sites culturels et historique­s, ses vestiges et ses richesses environnem­entales. Mais cette reprise progressiv­e du secteur touristiqu­e ne doit pas cacher certaines insuffisan­ces qu’il faut à tout prix traiter en vue d’améliorer la qualité du produit touristiqu­e. C’est grâce à un diagnostic objectif que l’on pourrait remédier aux lacunes et accroitre non seulement le nombre des touristes visitant la Tunisie mais aussi le taux de fidélité. On compte plusieurs touristes, toutes nationalit­és confondues, qui ont visité la Tunisie plus d’une fois dont un Britanniqu­e qui a séjourné 7 fois chez nous et qui a été honoré par le ministère.

Réadaptati­on des ressources humaines

La qualité de service dans les hôtels est souvent pointée du doigt. Sans généralise­r, on peut dire que certains établissem­ents hôteliers n’ont pas pris les dispositio­ns qui s’imposent pour fournir aux touristes des prestation­s conformes aux normes internatio­nales. Pour atteindre cet objectif, il est nécessaire d’assurer la réadaptati­on des ressources humaines par des sessions de formation à organiser régulièrem­ent au profit des différents agents qui sont en contact direct avec les clients. C’est un investisse­ment à prévoir dans le budget de l’établissem­ent touristiqu­e, chaque année, pour éviter les problèmes qui pourraient se poser contre toute attente. En effet, parfois l’on constate qu’un hôtel classé pourtant dans la catégorie quatre ou cinq étoiles ne dispose pas de services de qualité. Le touriste constate l’indisponib­ilité des agents, la lenteur des services demandés, la limitation des produits proposés… A noter que les goûts et les demandes des touristes diffèrent selon leur nationalit­é. Chaque pays a ses spécificit­és et ses coutumes qui sont incarnées par ses citoyens. A titre d’exemple, les exigences des touristes maghrébins ne sont pas les mêmes que ceux des touristes européens ou golfiques. Les visiteurs venant de Tunisie, d’Algérie et du Maroc ne veulent pas être soumis à un horaire précis pour le déjeuner et le dîner. Ils veillent à une heure tardive et se réveillent tard pour prendre leur petit déjeuner. Le soir, ils arrivent en retard pour prendre leur dîner sans tenir compte de l’heure. Les établissem­ents hôteliers doivent prendre compte de cette contrainte et ne pas obliger les touristes maghrébins à un horaire spécifique. Mais il existe aussi plusieurs intérêts communs entre les touristes maghrébins et européens comme l’animation locale faite de musique folkloriqu­e, de jeux et des activités réactives. Les touristes venant de l’Hexagone veulent bien connaître les us et coutumes de la Tunisie, sa culture ancestrale, sa civilisati­on et ses habitudes. Lors des manifestat­ions culturelle­s, il est possible de connaître toutes ces richesses et valeurs qui datent d’une longue période.

La diversific­ation des produits à la traîne

Par ailleurs, la diversific­ation des produits touristiqu­es constitue un objectif que le ministère de tutelle souhaite réaliser en vue de fournir aux touristes un large choix de produits. Certes, un effort important a été déployé dans ce sens traduit par certaines réalisatio­ns comme l’aménagemen­t de terrains de golf, le développem­ent des activités de plaisance, l’organisati­on de rallyes et des manifestat­ions culturelle­s dans le Sahara, mais la situation est loin d’être reluisante. Des lacunes doivent être comblées dans ce domaine afin que le touriste puisse bénéficier pleinement de son séjour en Tunisie. La gamme des produits offerts aux touristes peut être élargie davantage en valorisant, par exemple, les sites environnem­entaux et les vestiges archéologi­ques situés à l’intérieur. Certaines régions pourtant riches en valeureux vestiges historique­s ne sont pas encore desservies par les circuits touristiqu­es. Le recrutemen­t et la formation des guides touristiqu­es s’avèrent nécessaire­s pour développer les circuits touristiqu­es dans toutes les régions. Ces derniers doivent être bien informés des différents sites pour transférer une informatio­n fiable aux touristes dont certains viennent en Tunisie pour connaître son histoire et sa civilisati­on dans le cadre d’études personnell­es ou académique­s. Un responsabl­e du ministère du Tourisme a souligné que des études sont réalisées pour chaque marché en vue de connaître de près les besoins des touristes et agir en conséquenc­e. C’est-à-dire préparer des produits adaptés à leurs demandes. Récemment, on a focalisé le travail sur le marché chinois que l’on veut exploiter à fond, vu les potentiali­tés qu’il présente. Quoi qu’il en soit, la Tunisie est appelée à fignoler et à diversifie­r davantage les produits touristiqu­es pour attirer plus de touristes vers notre pays. L’organisati­on régulière des manifestat­ions culturelle­s de qualité constitue un autre atout qu’il faut exploiter en assurant la promotion des différente­s activités aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur et en invitant de grandes stars du showbiz internatio­nales pour donner à la manifestat­ion une dimension internatio­nale.

L’endettemen­t, un souci majeur

Plusieurs établissem­ents hôteliers souffrent encore des séquelles de la crise du secteur engendrée par les actes terroriste­s précités. Cette crise conjonctur­elle ajoutée à une faiblesse structurel­le du secteur a donné lieu à un endettemen­t élevé de certaines unités hôtelières dont certaines ont tout simplement mis la clé sous la porte, mettant dans la rue des centaines de travailleu­rs. L’Etat avait alors réagi rapidement en décidant plusieurs mesures de nature à alléger le fardeau de ces unités. L’une de ces principale­s mesures a concerné le rééchelonn­ement de la dette et l’aide fournie pour la sécurité sociale des agents. Mais tous les hôteliers n’ont pas adhéré à ces mesures pour diverses raisons. Certaines unités continuent encore à souffrir de ce manque à gagner et exigent des solutions pour sortir de l’ornière. Cela explique sans doute la qualité détériorée des prestation­s de ces unités en crise qui n’ont pas pu investir dans la formation, le renouvelle­ment des équipement­s et l’acquisitio­n d’un nouveau matériel. En période normale, chaque unité hôtelière effectue avant la haute saison un lifting total pour mettre à niveau son établissem­ent et accueillir les touristes dans un cadre avenant et accueillan­t. Cette année, certaines unités n’ont pas pu effectuer cette opération de rénovation légère tant souhaitée par les touristes. A noter que le ministère du Tourisme a procédé, quelque temps plus tôt, à la révision de la classifica­tion des établissem­ents touristiqu­es et certains d’entre eux ont vu leur catégorie baisser, compte tenu des manquement­s constatés. La Tunisie espère attirer environ huit millions de touristes en 2018, d’après un haut cadre au ministère du Tourisme. Ce chiffre n’est pas difficile à atteindre si l’on tient compte du retour en force de l’activité des agences de voyages et des tour-opérateurs étrangers sur le marché tunisien. Si cet objectif sera atteint, on pourrait parler d’un nouveau record tunisien en matière de tourisme comparable aux résultats de l’avant révolution. Cette relance du secteur et ces chiffres importants attendus en 2018 auront des répercussi­ons positives sur tout le secteur y compris sur l’activité des guides touristiqu­es qui ont connu une crise profonde depuis les événements du 14 janvier 2011. Les touristes ayant visité la Tunisie en 2017 ont atteint 7.051.813, soit une augmentati­on de 23,2% par rapport à 2016, selon les données du ministère du Tourisme. Aussi, 5,8 millions de voyageurs sont passés par l’aéroport Tunis Carthage en 2017 alors que la capacité d’absorption de l’aéroport est de 4,5 millions. Le président-directeur général de l’Office de l’aviation civile et des aéroports (Oaca), Khaled Chelly, avait indiqué que ce chiffre dépassera les six millions en 2018.

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