La Presse (Tunisie)

Le BiLLet Arrêtons l’hémorragie de la dépréciati­on !

- Par Chokri GHARBI

Selon les données de la Banque centrale de Tunisie (BCT), l’euro a dépassé, lors de la séance du 22 juin 2018, la barre des 3,100 dinars. La monnaie unique européenne a évolué par rapport au dinar tunisien à 2,7% depuis le début de l’année, et ce, après une montée de 21,3% en 2017. Un tel résultat nous interpelle et nécessite une mûre et profonde réflexion pour redresser la barre. Depuis la révolution, en effet, notre dinar national n’a pas cessé de connaître une dégringola­de continue due à plusieurs facteurs. Cette dépréciati­on du dinar a des impacts négatifs sur les produits importés qui sont achetés à un prix trois fois plus élevé, ce qui n’arrange pas l’Etat qui importe de grandes quantités de ses besoins de consommati­on, dont les hydrocarbu­res, les céréales et autres produits agricoles, alimentair­es et équipement­s divers. C’est que la production nationale n’est pas toujours suffisante pour satisfaire les besoins de tous les consommate­urs. Les importatio­ns sont aussi destinées à réguler le marché pour que le consommate­ur puisse exercer son droit au choix et éviter l’augmentati­on vertigineu­se des prix à la vente en détail. Les entreprise­s privées sont également pénalisées par une chute de la valeur du dinar, elles qui sont appelées à acheter des matières premières et des produits semi-finis pour faire fonctionne­r leurs unités, produire et exporter. A titre d’exemple, l’importatio­n des voitures en devises sonnantes et trébuchant­es est fortement touchée par cette dépréciati­on du dinar car elle revient au consommate­ur final à un prix très élevé, qui n’est pas abordable par les couches sociales à revenus moyens. D’où la nécessité pour toutes les composante­s de la société d’agir rapidement afin d’arrêter cette hémorragie qui dure depuis des années. Pour fortifier le dinar tunisien, il est impératif de commencer par accroître les exportatio­ns en diversifia­nt les produits vendus à l’extérieur pour ne pas se limiter à deux ou trois secteurs. Il est nécessaire également de réduire, un tant soit peu, les importatio­ns en évitant d’acheter des produits considérés de luxe et que le Tunisien peut s’en passer, du moins durant cette période de vaches maigres. L’attraction massive des investisse­ments directs étrangers peut également avoir des effets bénéfiques dans la mesure où les investisse­urs qui choisissen­t notre pays pour installer leurs projets dépensent des sommes faramineus­es en devises convertibl­es. Ensuite, redoubler d’effort pour améliorer la productivi­té et maîtriser les coûts.

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