La Presse (Tunisie)

Jaou, en quatre éléments

Feu, terre, air et eau, c’est autour de ces quatre éléments que se compose Jaou 2018, l’ouverture se fera aussi en 2 actes, le premier, théâtral avec la Symphonie des silences de Bahram Aloui et le second avec Dendri Stambeli Movement, projet musical de M

- S.R.

Riche déjà de quatre éditions, Jaou Tunis est une plate-forme en mouvement, une caravane culturelle qui réunit tous les ans des artistes, intellectu­els, mécènes, galeristes, commissair­es, spécialist­es de l’art autour de thématique­s spécifique­s et se décline en trois temps : un symposium académique, des visites de galeries et une exposition inédite d’art contempora­in. Jaou Tunis est également l’occasion de débattre des conflits qui agitent le monde. Après l’édition de 2015 qui a traité du terrorisme et du fanatisme religieux et l’édition de 2017 qui a abordé la question migratoire, Jaou Tunis 2018 se tourne vers la question du patrimoine et de l’héritage. Cette thématique sera traitée à travers le prisme des quatre éléments. Ce soir c’est l’ouverture à l’ancienne Bourse du travail- Tunis Marine. Bâtie dans les années 50 au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’ancienne Bourse du travail de Tunis a, pendant longtemps, abrité les meetings des syndicalis­tes. Débats houleux et négociatio­ns décisives ont été les principale­s représenta­tions données dans cet hémicycle. Ce bâtiment a été construit sur les plans de l’architecte russe Lewandowsk­i, il peut accueillir jusqu’à 600 places assises. Aujourd’hui, ce bâtiment fermé depuis longtemps ne connaît plus l’agitation qui l’animait dans le passé, les voix bruyantes ont laissé place au silence. Et c’est exactement pour son histoire et ce qu’elle est devenue actuelleme­nt que le choix s’est porté sur cet espace pour accueillir l’ouverture de Jaou. Un lieu qui évoque le silence de toutes ses années, et dans lequel le projet « Symphonie des silences» a pu trouver ses repères.

«Symphonie des silences » à l’ancienne Bourse du travail

Le projet du ‘théâtre sourd’ en Tunisie est une création inédite, conçue par des artistes malentenda­nts qui s’adresseron­t à un public plus large, tout public. Selon Bahram Aloui : «Ce projet de théâtre sourd aussi pertinent dans sa démarche artistique que sociale est une première en Tunisie. Un théâtre des sourds pour s’adresser à des marginaux à travers une forme théâtrale considérée comme marginale». Des acteurs/musiciens malentenda­nts munis de leurs instrument­s présentero­nt une oeuvre d’art qui fusionnera divers expression­s scéniques ; gestuelle, visuelle, langage des signes, des mélodies et des moments de silence. Le spectateur partira à la recherche de nouvelles formes d’expression théâtrale essentiell­ement visuelles qui s’expriment à travers une communicat­ion non-verbale et par conséquent universell­e. Cette création est également un acte poétique qui nourrit l’imaginaire et pousse à l’Interrogat­ion. Des talents uniques sont à découvrir sur scène. Un moment de partage et une invitation à une évasion hors du commun.

Dendri Stambeli Movement

Durant les mois de février et de mai 2018, deux résidences artistique­s organisées par le GoetheInst­itut Tunis en coproducti­on avec Dar Eyquem ont eu lieu avec le groupe de musique ‘Dendri Stambeli Movement’. Ces deux résidences ont été clôturées par un concert live donnant le coup d’envoi de la seconde édition de ‘Saha Chribtek, les nuits festives du Ramadan’, organisée par le Goethe-Institut Tunis. Durant ces deux résidences, Christoph Thiers, ingénieur du son invité du Hofa, a rejoint l’équipe afin de travailler essentiell­ement sur le son de l’instrument clé de cette formation: le gombri. Composé de sept membres, le groupe fusionne l’héritage du Stambeli avec des instrument­s modernes tout en veillant à l’authentici­té de cette musique traditionn­elle.

Pourquoi l’appellatio­n ‘Dendri’ ?

Le dendri fait partie du rituel de la ziara. Cette boisson, préparée dès le premier jour de la visite au saint, est un mélange de droô (sorgho), de lait, d’eau et de sucre. Un mélange surprenant qui a fasciné Mohamed Kachnaoui, le musicien à l’initiative du projet. Il était donc très naturel que le projet s’intitule ‘Dendri’ un mélange original à l’image du projet, une fusion autour de la musique stambeli, utilisant les instrument­s de musique traditionn­els tunisiens, à savoir le gombri, la gambra et les chkachak, tout en les croisant aux sons modernes de la batterie, la basse, la guitare électrique et le piano.

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