La Presse (Tunisie)

Une affaire de «petits»

Dos au mur, l’équipe nationale doit à tous les Tunisiens un éloquent rachat ce soir face au Panama. A défaut, c’est tout notre football qu’il faudra enterrer et en faire son deuil pour longtemps.

- Amor BACCAR

Jusqu’ici la logique a été manifestem­ent respectée dans cette édition russe de la Coupe du monde. Les «petites» nations sont tombées comme des mouches l’une après l’autre et virent amèrement leur rêve se briser avant de faire leurs valises pour regagner leurs pays d’où elles continuero­nt à suivre les matches des tours avancés. Seul le Sénégal garde encore intactes ses chances de passer et d’accéder au deuxième tour. Il lui faudra quand même se défaire de la Colombie de James et Falcao aujourd’hui. C’est le dernier espoir de voir l’Afrique se maintenir dans la course. Ainsi on se rend à l’évidence que rien (ou presque) n’a changé dans ce monde du football où les grands préservent toujours leur «grandeur» et où les petits se débattent pour sortir de leur «petitesse». Venons-en au dernier match de la Tunisie qui aura lieu ce soir (19h00) au stade de Saransk en Mordovie face au Panama. Deux petits ayant chacun perdu ses deux premiers matches au grand bonheur des deux élus du groupe «G» : l’Angleterre et la Belgique. Qui sera moins petit que l’autre, la Tunisie ou le Panama? Après leurs raclées essuyées face à leurs deux bourreaux précités, il ne leur reste plus qu’à se mesurer l’un à l’autre dans un duel qui sera fortement disputé et qui les départager­a pour nous donner le nom du plus petit du groupe. Le nabot quoi! «On a été ridicule» certes comme l’a avoué solennelle­ment Nabil Maâloul dans sa conférence de presse donnée après Tunisie-Belgique (2-5). Mais on le sera beaucoup plus si notre onze national trébuchait encore une fois ce soir, ne serait-ce que par un score de parité devant le Panama, ce novice de la Coupe du monde.

Des bobos à gogo

Normalemen­t, cela ne devrait pas se terminer sur un tel triste scénario face au Panama si la logique devait être respectée comme elle l’a été pour la qualificat­ion sans bavure des favoris anglais et belges. C’est que la Tunisie n’aura d’autre choix que la victoire, voire une victoire large, d’abord pour sauver la face dans cette Coupe du monde. Ensuite, pour se réconcilie­r un tout petit peu avec le peuple tunisien qui a rougi de honte après Tunisie-Belgique. Sans oublier le fait que la troupe à Nabil Maâloul aura quand même l’occasion de réaliser la deuxième victoire en Coupe du monde après quarante ans et au terme de cinq participat­ions à des phases finales. A rappeler que notre première victoire remonte à 1978 contre le Mexique (3-1) du temps où nos footballeu­rs (amateurs s’il vous plaît) n’avaient absolument rien à envier aux meilleurs fooballeur­s profession­nels du monde. En témoignent à jamais nos trois matches de la Coupe du monde d’Argentine 78. Pour réussir dans cette dernière mission délicate, Nabil Maâloul a mis l’accent sur le côté psychologi­que. Le timonier national a essayé d’effacer le bleu dans l’âme qu’a engendré l’humiliante défaite concédée, comme dans du beurre, face à la Belgique. Tel un «psy», il a donné sa thérapie qu’on espère efficace à chacun de ses joueurs les plus affectés moralement. Pourvu que cela ne soit pas au détriment de l’essentiel : la tactique et la préparatio­n physique. On sait, sur ce dernier chapitre, que la série noire des blessures contractée­s par un grand nombre de joueurs tunisiens n’a pas arrêté de s’allonger. La dernière en date est celle de Farouk Ben Mustapha, le deuxième gardien qui a relevé le premier, Moez Hassen, blessé lui aussi devant l’Angleterre. Ben Mustapha, contraint au repos, cédera sa place à son tour, à Aymen Balbouli ce soir. Mais l’on se demande qui remplacera­it ce dernier s’il venait à être blessé en cours de jeu même si on sait que Moez Ben Chrifia a été repêché et appelé à la rescousse en dernière minute. Seulement il se pourrait que la Fifa ne l’autorise pas à faire partie de la formation qui sera alignée tout à l’heure. Moez Hassen, Farouk Ben Mustapha, Siam Ben Youssef, Yoann Bronn et, avant eux, Ali Maâloul, Wahbi Khazri, Amine Ben Amor… c’est d’un trop grand nombre de bobos qu’il s’agit là. De quoi se poser plus d’une question à ce sujet !. Sur un autre plan, on croit savoir que Nabil Maâloul compte «punir» Ali Maâloul pour ses deux piètres prestation­s lors des deux premiers matches en le gardant sur le banc de touche ce soir. Eh bien ce sera la énième grosse bévue de Nabil Maâloul car c’est aujourd’hui même qu’on a besoin du latéral gauche d’Al Ahly. C’est aujourd’hui qua la Tunisie se doit de jouer son va-tout offensif pour étrangler son adversaire qui n’a aucun mordant en attaque contrairem­ent aux deux géants : l’Angleterre et la Belgique.

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L’équipe de Tunisie est redevable d’une réaction pour son dernier match du Mondial

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