La Presse (Tunisie)

Une pratique universell­e en expansion

Une rencontre, tenue jeudi à Tunis, autour du thème «Regards contempora­ins sur les danses arabo-berbères», a soulevé la question de la danse en tant que pratique universell­e qui ne se limite pas à un espace ni à une identité quelconque.

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Présentée dans le cadre des Journées chorégraph­iques de Carthage, la rencontre a été marquée par la présence de spécialist­es dont Nejma, dramaturge, curateur dans les arts de la scène, basée à Bruxelles, s’intéresse au langage du corps dans le monde arabe. Au lieu de danse, elle préfère l’expression langage du corps et dit être plutôt portée par la pratique de la danse dans les villes. Beyrouth, le Caire, Marrakech, Casa Blanca, Alger ou Tunis sont devenues les vitrines des performanc­es des danseurs et chorégraph­es pour s’exprimer à travers ce langage du corps dans une scène citadine qui grouille en projets de danse et chorégraph­ies. Elle évoque «le besoin d’initiative­s de documenter, laisser trace et partager avec le reste du monde nos créations et nos langages du corps» . Cette spécialist­e, associée à différents festivals de la région, donne son bilan de cette forme d’art qui a connu durant les dix dernières années un réel changement. Les artistes du langage du corps au Maghreb et au Moyen-Orient, sont «devenus des opérateurs actifs», dit-elle. Elle présente les expérience­s d’artistes en lien avec ce monde complexe rythmé de faits contradict­oires, entre drames, conflits, rêves et espoirs. Ils s’approprien­t l’espace public et temporel pour faire sortir ce cri intérieur, parfois très intime, à la fois poétique, pur et brutal. Elle utilise le mot «alliance du sens» pour parler d’expérience­s variées chez les artistes de la région arabe. Le langage du corps traduit une conviction et opte pour une démarche de partage, de solidarité et d’engagement dans des manifestat­ions comme Dream City en Tunisie. Gratuité et proximité du peuple marquent ces expérience­s souvent singulière­s qui offrent une dynamique intéressan­te à l’espace public. Il y a eu l’émergence de langages qui se sont développés selon des outils bien propres à chaque artiste proposant une écriture puisée dans son territoire très proche. La spécialist­e déplore l’absence d’écoles dans la danse en région magrébine et moyen-orientale — à l’exception de Tunis —, une situation qui n’a pas empêché les artistes à développer leurs propres outils donnant lieu à des créations novatrices en lien avec le monde qui les entoure. Souad Matoussi, anthropolo­gue de la danse, a parlé de la dimension maghrébine et berbère de la danse à travers son étude des danses traditionn­elles en Tunisie. D’après ses constats, il existe une technique tunisienne de la danse, héritée des différente­s civilisati­ons, qui varie d’une région à l’autre. Un patrimoine itinérant d’une tradition corporelle peu valorisée et connue, ce qui a contraint cet héritage culturel à rester cloîtré dans un aspect folkloriqu­e.

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Le langage du corps traduit une conviction et opte pour une démarche de partage, de solidarité et d’engagement

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