La Presse (Tunisie)

70% de la hausse du prix au profit des éleveurs

L’augmentati­on du prix du lait permettra de soutenir, avant tout, l’activité des éleveurs et améliorer leurs revenus.

- M.S.K

La crise qu’a traversée ces derniers temps la filière laitière en Tunisie connaît son épilogue. Un tournant de taille s’est concrétisé suite à un accord de principe regroupant les trois chambres syndicales des producteur­s, des centres de collecte et des industriel­s, d’un côté, et les trois ministères du Commerce, de l’Industrie et de l’Agricultur­e, de l’autre. Cet accord, signé le 21 juin dernier, prévoit une augmentati­on, dont une majeure partie soit 70%, destinée aux éleveurs et 30% aux industriel­s. Quel sera le montant final de cette augmentati­on du prix du lait qui va être fixé dans les prochains jours ? Certaineme­nt entre deux cent et deux cent cinquante millimes, selon de nombreuses sources. Un membre de la Syndicale laitière, qui a préféré garder l’anonymat, affirme sans ambages : « L’augmentati­on tournera vrai- semblablem­ent aux alentours de deux cents millimes pour le lait demi-écrémé qui constitue 90% de la consommati­on locale ». Cette augmentati­on est attendue dans les prochains jours, entre fin juin et début juillet, pour sauver le travail des éleveurs. « Il s’agit de les encourager à garder leurs troupeaux parce qu’ils sont obligés de les vendre pour s’acheter des aliments, qui coûtent très cher». La dépréciati­on du dinar par rapport au dollar et à l’euro a augmenté le prix de l’aliment pour le bétail et des intrants dans la filière.

Des mesures pour soutenir les éleveurs

De la voix du même membre de la chambre des centrales laitières, une autre augmentati­on de trente à quarante millimes sera supportée par les centres de collecte, qui ont consacré un fonds agri- cole spécial de développem­ent, en guise de soutien aux problèmes rencontrés par les éleveurs. Ces décisions importante­s devraient être à même de résoudre les problèmes liés à la collecte du lait, surtout lorsqu’on sait que le prix est resté fixe depuis janvier 2015. Une mesure qui se veut radicale afin de couper l’herbe sous les pieds des spéculateu­rs. Une chose qu’on constate avec stupéfacti­on, par ailleurs, en déambulant dans les rayons des supermar- chés, mercredi dernier avec une absence totale de lait à cause de la surenchère des spéculateu­rs de tout acabit, qui veulent s’accaparer des gains illicites avant que l’augmentati­on n’entre en vigueur dans le circuit officiel. Par ailleurs, des mesures de sauvegarde de la filière laitière ont été entérinées. Et notre interlocut­eur de poursuivre le raisonneme­nt : «Il faut inciter le consommate­ur à consommer tunisien au lieu d’importer. Le seuil d’autosuffis­ance atteint depuis 2000 connaît un essoufflem­ent ces derniers temps avec la baisse de la production de 5% et le risque de recours à l’importatio­n du lait à des prix supérieurs si le prix ne connaît pas cette augmentati­on tant attendue par les éleveurs. Si dorénavant le lait passe de 1,120 à 1,3 dt par exemple, le lait importé lui sera écoulé pour pas moins de 1,7 dt». Une différence non négligeabl­e de quatre cents millimes sera occasionné­e de façon préjudicia­ble. De plus, le lait à l’exportatio­n doit être encouragé et soutenu davan- tage avec des quantités de 17 millions de litres exportées en 2017 et pour l’heure 7 millions de litres exportés en 2018. Toutefois avec le spectre de la menace d’arrêt de la production de lait, comme il y a deux mois, pourra-t-elle connaître un épisode de récidive malgré les dernières décisions ? La seule augmentati­on du prix du litre de lait demi-écrémé suffira-t-elle à combler la crise et absorber les déséquilib­res ? On constatera de visu dans les prochains jours les bienfaits de telles mesures.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia