La Presse (Tunisie)

Les forces du régime progressen­t à Deraa

«Au moins huit localités dans l’est et le nord de la province de Deraa ont accepté des accords de ‘réconcilia­tion’ dans le cadre de pourparler­s menés par des officiers russes avec des notables locaux et les combattant­s restés sur place»

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AFP — Les rebelles dans huit localités du sud de la Syrie ont accepté hier de remettre le contrôle de leurs régions au régime, en vertu d’accords négociés par la Russie après près de deux semaines de bombardeme­nts, a indiqué une ONG. Appuyées par l’aviation de l’allié russe, les forces du régime ont lancé le 19 juin une offensive pour reprendre les secteurs rebelles de la province méridional­e de Deraa. Dans sa reconquête des territoire­s insurgés dans le pays en guerre, le régime a souvent recours à la même stratégie: il bombarde et morcèle les fiefs rebelles avant de leur imposer des accords dits de «réconcilia­tion» qui s’apparenten­t davantage à une capitulati­on. En vertu de ces accords, les rebelles qui veulent rester sur place rendent les armes, tandis que les réfractair­es et les civils refusant de vivre sous le contrôle du régime sont évacués vers des zones tenues par les insurgés dans le nord du pays. Avec les dernières localités tombées, les forces loyalistes contrôlent désormais plus de la moitié de la province de Deraa, contre 30% au début de l’offensive militaire, selon l’Observatoi­re syrien des droits de l’Homme (Osdh). «Au moins huit localités dans l’est et le nord de (la province de) Deraa ont accepté des accords de ‘réconcilia­tion’ dans le cadre de pourparler­s menés par des officiers russes avec des notables locaux et les combattant­s restés sur place» , a indiqué à l’AFP le directeur de l’Osdh, Rami Abdel Rahmane. Parmi ces localités figurent celles de Ibtaa, Al-Karak orientale et Oum al-Walad. La police militaire russe a pénétré dans certains de ces secteurs le matin, selon l’Osdh. L’agence officielle syrienne Sana a confirmé des accords à «Daël, Al-Gharia orientale, Al-Gharia occidental­e, Taloul Khleif et Tel Al-Cheikh Hussein après la remise par les combattant­s de leurs armes à l’armée (...)». Sana a fait état vendredi d’accords similaires dans trois autres localités. L’éventuelle reprise de Deraa, berceau de la contestati­on antiAssad en 2011, constituer­ait une victoire symbolique pour le régime, mais aussi stratégiqu­e. Elle permettrai­t, en effet, de rouvrir le poste frontalier de Nassib, entre la Syrie et la Jordanie, source de revenus non négligeabl­es pour le régime. Mais la moitié de la province — y compris une partie de la capitale — est toujours entre les mains de rebelles qui ne veulent pas abandonner le combat. «Le régime veut que nous abandonnio­ns tout — la ville de Deraa, le poste de Nassib, nousmêmes et les armes lourdes, c’est inadmissib­le», a déclaré à l’AFP un négociateu­r dans la partie rebelle de la ville de Deraa. La télévision d’Etat a montré hier des images de dizaines d’habitants à Daël, dont cer- tains portaient des portraits de Bachar Al-Assad et scandant des slogans de soutien au président et à l’armée syriens. Dans Al- Karak orientale, le maire de la localité et cinq membres de sa famille ont été tués vendredi dans des circonstan­ces floues attribuées par M. Abdel Rahmane au rôle du maire dans la conclusion de l’accord de «réconcilia­tion». Ailleurs, dans la province de Deraa, les bombardeme­nts du régime se sont poursuivis hier, tuant au moins cinq civils. Au total, 105 civils ont péri depuis le début de l’offensive. Durant la même période, 96 combattant­s prorégime sont morts, dont 29 vendredi soir, de même que 59 rebelles.

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La ville de Deraa, dans le sud syrien

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