Une nouvelle génération d’édiles
Les présidents des conseils municipaux et autres responsables exécutifs de nos communes qui viennent d’être élus aux quatre coins de la République marquent le démarrage d’une étape tout à fait nouvelle dans la transition démocratique que vit le pays, celle d’une reconstruction à la base de tout un édifice décentralisé qui, sur le terrain, s’apprête à échapper à la bureaucratie partisane pour organiser une audacieuse démocratie de proximité sur des bases pluralistes de partenariat actif au service du citoyen et de la cité.
Un édifice démocratique se réclamant des urnes
La nouvelle génération d’édiles qui a la charge de cette construction démocratique est issue directement des urnes, ayant miraculeusement échappé aux tractations des états-majors et aux conspirations «démocratiques» des caïds de l’ombre et des alliances contre nature. Elle a ainsi, en partie, échappé aux méfaits de ces mécanismes corrupteurs qui altèrent la volonté populaire par une bonne dose d’intérêts personnels et partisans qui prend en otage les scrutins populaires.
La distorsion de la représentation démocratique
Il s’agit là d’une distorsion classique attribuée au système de représentation démocratique par rapport à la démocratie directe si encensée mais jamais concrétisée, parce qu’irréalisable. Cette situation à laquelle ont conduit nos municipales a été fortement favorisée par la crise politique profonde qui saisit l’exécutif et paralyse les institutions. Les deux premiers partis ont ainsi dû rompre leur alliance et renouer avec la compétition électorale, alors même que les électeurs plaçaient dans le même panier celui des responsables de la catastrophe économique et du fiasco politique et social.
Les indépendants tirent du côté d’Ennahdha
Le paysage politique s’est ainsi disloqué en trois grands blocs dans chacune des circonscriptions électorales, donnant jour à une sensibilité «indépendante» se voulant souvent «anti-Ennahdha» mais qui a favorisé, dans les faits, au même moment, les capacités tactiques du mouvement Ennahdha en termes de scénarii d’ouverture et de concession de terrain, ce alors que les étatsmajors nidaïstes, absents sur le terrain, poursuivaient leurs chamailleries. Les indépendants ont ainsi tiré du côté d’Ennahdha, laissant choir leur désir de voir ressusciter dans chaque municipalité le fantasme sit-in du Bardo. D’où une suprématie du parti islamiste lors des alliances pour la constitution des conseils municipaux.
Renversement des options d’alliance
Le résultat en a été des attitudes différenciées d’une circonscription à l’autre mais un décompte global qui ne trompe pas dont la tendance est titrée par le journal Al Maghreb : 69 - 60 - 41 présidents de conseil entre Ennahdha, les indépendants et Nida Tounès, avec un sérieux renversement des options d’alliance qui inquiète et fait réfléchir les nidaïstes. Mais en avant-plan, cela signe une nouvelle génération d’édiles municipaux née des négociations menées avec les élus d’Ennahdha et faisant défaut de la part de Nida. Des négociations qui ont fait valoir le désir de concrétiser les nouvelles règles de démocratie de proximité auxquelles s’attachent les citoyens, qui rompent avec le «vote désigné» de l’ancien régime.