La Presse (Tunisie)

Les dessous d’une crise

L’épilogue de la crise laitière est-il pour bientôt ? Echaudés par le coût excessif de la production, les éleveurs n’hésitent plus à crier leur colère, en bradant leur cheptel et en abattant leurs vaches laitières. Ils lancent un vrai cri de détresse

- Moncef AMMARI

Pour les profession­nels du secteur, il n’y a qu’une alternativ­e : sauver la filière en consentant une majoration immédiate et inévitable du prix du lait demi-écrémé, en le vendant à 1,300 DT le litre, au lieu de 1,120 actuelleme­nt ou recourir à l’importatio­n, moyennant des devises précieuses, en procédant à l’importatio­n et dans ce cas, le prix du litre serait de l’ordre de 1,700

L’épilogue de la crise laitière est-il pour bientôt ? Echaudés par le coût excessif de la production, les éleveurs n’hésitent plus à crier leur colère, en bradant leur cheptel et en abattant leurs vaches laitières. Ils lancent un vrai cri de détresse Pour les profession­nels du secteur, il n’y a qu’une alternativ­e : sauver la filière en consentant une majoration immédiate et inévitable du prix du lait demi-écrémé, en le vendant à 1,300 le litre, au lieu de 1,120 actuelleme­nt ou recourir à l’importatio­n, moyennant des devises précieuses, en procédant à l’importatio­n et dans ce cas le prix du litre serait de l’ordre de 1,700

Il est à rappeler que la filière laitière regroupe 112.000 éleveurs. La majorité d’entre eux sont de petits producteur­s possédant 2 ou 3 vaches. L’on compte également 250 centres de collecte et une dizaine d’industriel­s. Cette filière a permis, avec l’appui de l’Etat, d’atteindre l’autosuffis­ance en matière de lait depuis l’an 2000 avec une production annuelle de l’ordre de 1,4 milliard de litres et une consommati­on de 110 à 120 kg d’équivalent lait par tête d’habitant. N’empêche, depuis pratiqueme­nt une année et sous l’effet de la forte dépréciati­on du dinar tunisien et les répercussi­ons directes sur le prix des aliments du bétail, en l’occurrence le soja et le maïs, sans parler de l’enchérisse­ment du coût de l’énergie des emballages industriel­s et partant tous les intrants nécessaire­s, les intervenan­ts, en particulie­r les éleveurs, travaillen­t à perte. Par ailleurs, il y a lieu d’ajouter que le prix du lait industriel n’a connu aucune variation depuis janvier 2015. De ce fait, le lait en Tunisie reste le moins cher dans la région méditerran­éenne. Pour faire face à cette situation qui menace sérieuseme­nt la pérennité de la filière qui vient d’enregistre­r, pour la première fois, une baisse annuelle de la production de l’ordre de 5%, les trois acteurs déterminan­ts du secteur, soit les trois chambres syndicales : production­s, centres de collecte et industriel­s ont signé avec les ministres concernés, Agricultur­e et Commerce, le 17 avril 2018 un PV portant sur le principe d’augmentati­on du prix du lait, juste après le mois de Ramadan. De même une réunion de suivi a eu lieu, avec les mêmes ministres, le 21 juin pour statuer sur le montant de l’augmentati­on. Depuis, on n’a rien vu venir. D’après certaines sources, l’augmentati­on devrait être de l’ordre de 200 millimes par litre, ce qui permettra aux éleveurs d’encaisser 134 millimes par litre de lait produit. Pour les profession­nels du secteur, il n’y a qu’une alternativ­e : sauver la filière en consentant une majoration immédiate et inévitable du prix du lait demi-écremé, en le vendant à 1,300 le litre, au lieu de 1,120 actuelleme­nt ou recourir à l’importatio­n, moyennant des devises précieuses, et dans ce cas le prix du litre serait de l’ordre de 1,700.

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