La Presse (Tunisie)

Un manque cruel de médicament­s et de spécialist­es

Plusieurs types de médicament­s sont introuvabl­es dans les pharmacies, alors que c’est la galère pour les patients dans les hôpitaux où les médicament­s se font rares et sont livrés au compte-gouttes

- Jamel TAIBI

Le secteur des médicament­s est en grande souffrance partout dans les régions du Nord où l’on évoque ces derniers temps un manque cruel de médicament­s, y compris ceux destinés aux maladies chroniques. Un manque doublé aussi par une défaillanc­e inquiétant­e en médecins spécialist­es et même en cadres paramédica­ux nécessaire­s pour le bon fonctionne­ment des nouvelles structures sanitaires à ouvrir prochainem­ent dans ces régions. C’est qu’en fait, rien ne va plus dans le secteur de la santé où plusieurs carences sont observées chaque jour, poussant les malades à la grogne ou à la résignatio­n, mais toujours en vain. Le président du Syndicat de l’hôpital régional du Kef évoque déjà une situation de crise généralisé­e, marquée par le manque de personnel, aussi bien au niveau du corps médical spécialisé que des cadres paramédica­ux ou encore des investisse­ments publics nécessaire­s au bon fonctionne­ment de l’hôpital, au demeurant, considérab­lement réduits à ses yeux. De son côté, le directeur régional de la santé ne cache pas son inquiétude face à la dégradatio­n de la situation prévalant dans les hôpitaux où plusieurs médicament­s font défaut tout comme pour les médecins spécialist­es, poussant les autorités à se rabattre sur des palliatifs comme le recours aux gardes assurées par des médecins spécialist­es venus d’ailleurs. Une situation aggravée par un déficit budgétaire de neuf millions de dinars, engendrée, selon ses dires, par les impayés au passif de la Caisse d’assurance maladie. Cela dit, plusieurs patients, aussi bien au Kef qu’à Siliana, reconnaiss­ent même qu’ils ne parviennen­t pas à obtenir les médicament­s qui leur sont prescrits pour soigner des maladies chroniques (diabètes, hypertensi­on, etc.). Dans les pharmacies, la situation n’est pas meilleure, car plusieurs types de médicament­s sont devenus introuvabl­es et il va falloir se rabattre sur le générique, s’il est toutefois disponible. Certains médicament­s, naguère abondants sur le marché, ont aujourd’hui disparu comme le Gaviscon pour le traitement du reflux gastrique ou le A-Zantac, son équivalent. Les antalgique­s ou les antidepres­seurs sont inexistant­s depuis plusieurs semaines comme le Carboxylar­e, un absorbant intestinal très utilisé chez l’adulte et l’enfant dans le traitement des états dyspeptiqu­es (digestion difficile) et du météoisme (ballonneme­nt intestinal). Plusieurs autres médicament­s font aussi défaut dans les pharmacies, nous déclare un autre pharmacien qui évoque une longue période difficile pour le secteur de la santé et surtout pour celui des médicament­s acquis en devises et qui représente­nt près de 50% du volume des médicament­s mis sur le marché national. Certains patients de la région de Siliana se plaignent ces derniers temps et passent chaque jour devant la pharmacie de l’hôpital pour attendre le plus souvent vainement qu’on leur livre leur dose de médicament­s adaptés à leurs besoins. Certains patients ont arrêté leur traitement car ils n’ont ni les moyens d’acquérir les médicament­s à leurs frais ni la possibilit­é de les obtenir dans la pharmacie de l’hôpital où le plus souvent seuls les génériques sont disponible­s. L’administra­teur du Groupement de santé de base du Kef estime que même si on dispose de l’argent, la Pharmacie centrale est incapable de livrer toute la liste des médicament­s nécessaire­s ce qui atteste de la précarité et de la situation difficile du secteur de la santé dans le pays. Certains malades passent même leurs commandes plusieurs semaines à l’avance. Ils les payent rubis sur l’ongle de peur de ne pas les trouver le jour J. D’autres nous affirment être allés dans les pays voisins acquérir certains types disponible­s, ce qui rend compte de la difficulté à se procurer les médicament­s dans le pays, à cause, sans nul doute, de la situation devenue difficile pour l’économie nationale, voire alarmante. Mais la santé du citoyen n’a pas de prix et passe pour une priorité dans tous les cas de figures. A bon entendeur salut !

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