Mahdia, bassin laitier ?
La crise est sérieuse à Mahdia. Du 15 juin 2017 au 15 juin 2018, 180 éleveurs ont mis la clef sous le paillasson, et ont soit changé d’activité ou émigré. Ils n’acceptent pas de travailler à perte. De ce fait, la production a chuté de 20%. Les connaisseurs du secteur affirment que d’ici 2020, il n’y aura plus de reconstitution du cheptel, vu l’abattage anarchique et sans contrôle vétérinaire de femelles, le bradage de vaches laitières et la démotivation à tous les niveaux. M. Rachid Aroui, agriculteur connu, fulmine et ne trouve plus les mots pour qualifier la situation : «Je possède 5 vaches, et je n’arrive plus à m’en sortir de cette situation dramatique, Je peine à nourrir mes animaux, mes recettes sont insignifiantes par rapport à ce ce que je dépense. Je trime nuit et jour en me faisant aider par les membres de ma famille et en redoublant de vigilance pour ne pas me faire voler. Mais je n’arrive pas à m’en sortir. Bientôt, je serai acculé à céder, et à vendre mes vaches. Mes enfants sont découragés et m’incitent à me défaire de ce fardeau». Un même son de cloche se fait entendre dans tout le milieu rural. Les éleveurs souffrent le martyre et ils le font savoir. Mohamed Sioud, directeur de la coopé- rative laitière, ne cache pas sa déception et sa colère,en préconisant de libéraliser le secteur. Il appelle, pour l’heure, à une majoration immédiate du prix du lait. La prime de collecte doit être revue à la hausse, sans délai, pour sauver ce qui peut l’être. Il insiste également sur la nécessité de mieux contrôler les circuits de distribution. Mahdia risque de ne plus être ce bassin laitier qui a fait les beaux jours d’un secteur qui faisait la fierté de tous ceux qui ont oeuvré pour cet exploit de naguère.