«Chassez le naturel, il revient au galop»
Déficit d’endurance, de puissance et d’audace. Toujours le même regrettable refrain !
La sélection tunisienne a donc achevé sa campagne du Mondial sur un goût d’inachevé, suite à sa sortie prématurée dès le premier tour. Les Aigles de Carthage quittent ainsi la Russie avec deux revers subies face aux Three Lions (1-2) et les Diables Rouges (2-5), et une victoire acquise aux dépens du modeste Panama (2-1). Volet statistiques, la Tunisie a inscrit cinq buts et en a encaissé huit, dont cinq face aux Belges. Wahbi Khazri, auteur de deux réalisations et de deux passes décisives, s’est quelque peu distingué, et ce, en dépit du fait qu’il a pris le train en marche suite à une blessure contractée à plus d’un mois du Mondial. Toujours chapitre faits saillants, la Tunisie a réussi, durant cette édition, à marquer dans chacune de ses trois sorties une première dans les annales de ses participations en Coupe du monde. Elle a également retrouvé le goût de la victoire, qui la fuyait depuis une certaine épopée mondialiste en 1978, du côté de l’Argentine face au Mexique. Des satisfactions, il y en a eu quand même. Nous pourrons citer les deux portiers Moez Hassen et Farouk Ben Mustapha, ainsi que le latéral Dylan Bronn et l’attaquantcourage Fakhreddine Ben Youssef, impliqué et volontaire à souhait lors de cette édition.
Blessures pénalisantes à terme
L’autre agréable nouvelle est en rapport avec la présence massive des supporters tunisiens en Russie, et l’excellente ambiance qu’ils ont créée. Pour le match contre la Belgique, ils étaient pas moins de 20.000 Tunisiens à Mos- cou. Une présence qui cadre avec l’image joyeuse et fraternelle d’un pays ouvert sur le monde et son environnement immédiat. C’est forcément tout bénéfice pour le tourisme tunisien. Volets préoccupations au cours du Mondial, notons la cascade de blessures enregistrées dans nos rangs, avant et durant la Coupe du monde. Dans la perspective et en cours de compétition, la Tunisie avait perdu Youssef Msakni et Taha Yassine Khénissi. Ali Maâloul, Mohamed Amine Ben Amor et Wahbi Khazri ont également débuté la dernière phase de la préparation amoindris. D’ailleurs, Ali Maâloul était au plus mal durant les deux premiers matches. Ce qui a beaucoup nui à la sélection face à l’Angleterre, puis face à la Belgique. Wahbi Khazri, de son côté, ne semblait pas en pleine possession de ses moyens face aux Anglais, mais il a retrouvé sa verve et sa percussion au cours des deux matches suivants. Durant le Mondial, la Tunisie a également perdu les services de deux gardiens de but, Moez Hassen puis Farouk Ben Mustapha, ainsi que les deux défenseurs Dylan Bronn et Syam Ben Youssef. Ce nombre élevé de blessures lors des matches amicaux, puis en plein Mondial, ne peut que susciter plusieurs interrogations. Ajoutons à cela la gestion improductive du «cas Amine Ben Amor» avant les trois coups du Mondial et la boucle est bouclée.
Restés sur leur faim !
Concernant le volume de jeu présenté, beaucoup sont restés sur leur faim, surtout après les excellentes prestations présentées face au Portugal, puis à l’Espagne en amical. La pression, cette arme à double tranchant, a peut-être été fatale pour le onze tunisien. Problème de préparation psychologique, de communication et de message qui ne passe pas peut-être ? Ce faisant, face à l’Angleterre, les Tunisiens n’ont rien pu faire devant un adversaire à l’abordage et à l’assaut dès le coup d’envoi ! Un match à sens unique où la Tunisie a finalement laissé des plumes ! Dépassée par la percussion et la vitesse adverse, la Tunisie a souffert sur le plan de l’endurance et de la vélocité. Là aussi, nous spéculons. Mais peut-être que le mois saint du Ramadan a laissé des traces sur les organismes de nos vaillants représentants. Au final, ce match-là laissera de gros regrets après ce but assassin encaissé dans les dernières minutes de la rencontre.
Journée porte ouverte face aux Diables Rouges !
Face à la Belgique maintenant, il est clair que Nabil Maâloul a pris des risques, en privilégiant une certaine offensive à outrance. La Tunisie a de suite été sanctionnée. Le retour de manivelle face à des Belges qui ne jouent pas dans la même catégorie a sonné le glas des chances tunisiennes. La Belgique n’en demandait pas tant, exploitant à bon escient les boulevards laissés par la Tunisie. D’ailleurs, sans quelques belles parades de Farouk Ben Mustapha, l’addition aurait pu être beaucoup plus salée ! Pour le dernier match face au Panama, les joueurs semblaient inconsolables, et ce, en dépit de la victoire. Après une première période inquiétante, les Tunisiens sont sortis de leur torpeur par la suite. Cependant, «chassez le naturel, il revient au galop» ! Tout juste après avoir pris l’avantage, les Tunisiens se sont inexplicablement repliés, ce qui aurait pu leur coûter très cher !
Force de frappe et maillon faible
Concernant les compartiments de jeu, l’arrière-garde a fortement déçu avec un axe Syam Ben Youssef-Yassine Meriah qui a rarement semblé en osmose. A la rescousse tantôt, Yohan Benalouane n’a également pas convaincu. Ce qui a d’ailleurs poussé Nabil Maâloul à aligner Rami Bédoui face au Panama. Sur les côtés, il est évident aujourd’hui que Dylan Bronn a gagné ses galons de taulier aux dépens d’un certain Hamdi Naguez. Ali Maâloul, quant à lui, a constitué le maillon faible de la Tunisie face à l’Angleterre. Il a récidivé face à la Belgique. Blessé avant le Mondial, le défenseur d’Al Ahly était hors sujet ! Ce qui a déteint sur le rendement global. La question qui se pose est pourquoi a-t-il été préféré à Oussema Haddadi, compétitif à souhait? A l’entrejeu, Anis Badri, l’homme fort des matches amicaux, n’a pas réédité ses mêmes performances en Coupe du monde. Bref, il n’a pas pu booster les siens et enfiler le bleu de chauffe comme attendu.
Fakhreddine Ben Youssef, un gagnant dans l’âme !
Toujours au milieu, Ferjani Sassi et Elyès Skhiri ont alterné le bon et le moins bon. Du côté de Naïm Sliti, ce joueur prometteur était en deçà des énormes attentes des fans. Enfin, en attaque, Wahbi Khazri, absent face à l’Angleterre, s’est repris au cours des deux matches suivants face à la Belgique et au Panama. Même s’il était esseulé au milieu, il s’est battu comme un diablotin pour tenter de porter son équipe. Fakhreddine Ben Youssef a, quant à lui, disputé un Mondial à la hauteur de son tempérament de gagnant. A son actif aussi beaucoup de générosité au repli. Ce qui en dit sur la palette d’un compétiteur complet, audacieux et ambitieux. Aussi insolite que cela puisse paraître, Ben Youssef était même pressenti pour occuper le poste de gardien de but en cas de blessure de Aymen Mathlouthi au cours du dernier match du Mondial face au Panama !
Spéculations en tous genres
Maintenant que le rideau est tombé sur la participation tunisiene en Coupe du monde, l’on ne se privera pas de revenir sur la composition de la liste des 23 et sur certains choix techniques jugés hasardeux. Ces contestations vont surtout focaliser sur l’absence de Ahmed Akaïchi et Hamdi Harbaoui. Aussi, si Aymen Abdennour n’a pas été appelé pour des raisons évidentes, sachant qu’il n’a pas bénéficié de temps de jeu adéquat à l’OM cette saison, les observateurs noteront que Yohan Benalouane, également, n’a pratiquement pas joué de la saison avec Leicester ! Le cas Bilel Mohsni a également été soulevé par les puristes ! Ce dernier s’est même récemment fendu d’une déclaration en ce sens, affirmant qu’il a le sentiment d’être victime d’une injustice (ambiance!).