La Presse (Tunisie)

Des maux récurrents

- J. M. Par Jalel MESTIRI

Une chose est aujourd’hui sûre : le sélectionn­eur est victime de ses choix. On a le sentiment qu’il s’est empêché même de voir la réalité en face. Ce n’est pas son attitude lors du Mondial, ou encore son incapacité à faire la part des choses qui pourraient redorer son blason, essentiell­ement avec ses choix et ses déclaratio­ns aux arguments injustifié­s. Son discours est lui aussi compromett­ant. Comment peut-on encore le voir en confiance avec ses joueurs après le Mondial? A sa manière, il s’est totalement désengagé de la responsabi­lité de ce qui s’est passé en Russie! Lui et beaucoup de ses joueurs se sont laissés aller trop vite. Ils sont dans leur monde, ils se croient plus grands que ce qu’ils sont. Ils n’ont que très peu, sinon jamais, compris qu’il y a encore plein d’autres marches à gravir pour mériter leur statut. Au bout du compte, autant d’égarement inspire à la fois le sens de l’irresponsa­bilité et le manquement au devoir.

La cruauté du très haut niveau ne cesse de rattraper la sélection. En trois matches, elle était logiquemen­t dépassée par le rythme et les exigences de la haute compétitio­n. Et cette fois, comme c’était déjà le cas, la prestation, les choix et les approches du sélectionn­eur reviennent souvent dans les conversati­ons. Il est, par définition, plus facile de refaire les matches, mais ce qui a été entrepris par Maâloul et par ses joueurs prête à la contestati­on…

Mais l’impact d’un manquement systématiq­ue aux valeurs sportives dans ce genre d’épreuve reste cependant incompréhe­nsible. Mauvaise approche, joueurs à côté de la plaque, coaching étonnant et entêtement du sélectionn­eur, des maux récurrents, cadres décevants, équipe en manque d’équilibre, avenir en pointillé. Les images sont pourtant habituelle­s en pareil cas.

L’équipe de Tunisie s’arrête encore une fois au premier tour du Mondial. Mais, cette fois, l’on n’oubliera pas les visages dévastés des joueurs et de leur entraîneur en quittant à chaque fois le terrain. Leurs gestes étaient presque mécaniques et tous ne devaient pas réaliser l’ampleur de la transgress­ion dans laquelle l’équipe s’est laissée entraîner. A force de s’entendre dire qu’ils se trouvaient en pôle position dans ce Mondial et que le quart de finale, dont certaines grandes équipes sont exemptes, à l’image de l’Allemagne et de l’Argentine, était bien à la portée, les joueurs et toute l’équipe avaient oublié leur vraie valeur. Certains médias avaient aussi participé à ce phénomène en sous-estimant peu ou prou des équipes comme l’Angleterre, et surtout la Belgique.

Comme d’habitude, les erreurs de casting se sont multipliée­s. Des joueurs pas au niveau escompté ou beaucoup moins bons qu’on l’espérait. Qui n’aident pas à réaliser les objectifs tracés. Dans le lot, et sans être totalement exhaustif, on peut évoquer le rendement de tous, ou presque. En coupe du monde, comme dans les épreuves de haut niveau, impossible de briller sans des cadres solides. Des cadres qui font plutôt défaut en sélection. En défense, comme dans les trois autres compartime­nts de jeu. Baisse de régime, méforme évidente, il y en a de ces joueurs qui ont curieuseme­nt comme disparu des radars, que l’on pensait épanouis en sélection et loin de leurs équipes. Reste une question : sont-ils véritablem­ent des « top players »? Pas sûr. Wahbi Khazri, lui, en est un. Mais il n’a pas d’influence.

La sélection, avec son entraîneur et ses joueurs, est devenue une énigme. Inexistant­e, souvent frustrante, elle s’est enfoncée dans une spirale sportive négative malgré d’énormes moyens investis. La preuve? Il existe aujourd’hui une vraie cassure : Maâloul est plus que jamais contesté. Il ne jouit plus de la confiance dont a vraiment besoin un sélectionn­eur. Maintenu ou pas dans son poste, l’on ne sait pas s’il est toujours l’homme de la situation. Il est aujourd’hui la cible non seulement des opinions qui lui sont souvent hostiles, mais aussi des critiques qui fusent de partout, sans qu’il y ait la moindre réaction de la part de la fédération. Celui dont on avait applaudi la qualificat­ion au Mondial serait-il devenu indésirabl­e?

Une chose est aujourd’hui sûre : le sélectionn­eur est victime de ses choix. On a le sentiment qu’il s’est empêché même de voir la réalité en face. Ce n’est pas son attitude lors du Mondial, ou encore son incapacité à faire la part des choses qui pourraient redorer son blason, essentiell­ement avec ses choix et ses déclaratio­ns aux arguments injustifié­s. Son discours est lui aussi compromett­ant. Comment peut-on encore le voir en confiance avec ses joueurs après le Mondial? A sa manière, il s’est totalement désengagé de la responsabi­lité de ce qui s’est passé en Russie! Lui et beaucoup de ses joueurs se sont laissés aller trop vite. Ils sont dans leur monde, ils se croient plus grands que ce qu’ils sont. Ils n’ont que très peu, sinon jamais, compris qu’il y a encore plein d’autres marches à gravir pour mériter leur statut. Au bout du compte, autant d’égarement inspire à la fois le sens de l’irresponsa­bilité et le manquement au devoir.

Maintenant, il faudrait faire attention, surtout, à ce que l’accumulati­on de revers ne fabrique pas une sorte de blocage mental. D’autant que les éliminatoi­res de la CAN sont pour bientôt et que l’objectif, devrait-on encore le rappeler, ne consiste pas seulement à se qualifier, mais plutôt à atteindre le dernier carré. Si ce n’est plus…

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