La Presse (Tunisie)

Restera, restera pas ?

Après le fiasco sportif en Russie, les arguments pour le départ de Maâloul pèsent plus lourd que son maintien. Quoique...

- R.E.H.

Si vous faites un sondage d’opinion aujourd’hui sur l’avenir de Nabil Maâloul en sélection, sûrement qu’une majorité appellera à son éviction. C’est logique, c’est tout à fait attendu pour un sélectionn­eur qui a commis toutes ces erreurs de «casting», de gestion et de préparatio­n des deux matches de l’Angleterre et de la Belgique, et qui a mal communiqué avant et pendant le tournoi. C’est souvent le sélectionn­eur qui paye cash la facture. Nabil Maâloul est un personnage adulé par certains qui le défendent encore même après les bourdes au Mondial, mais il y a une grande partie de Tunisiens, y compris les technicien­s et les spécialist­es, qui ont démontré ses limites, et qui pensent qu’il ne pourra plus rien donner à la sélection. Alors restera, restera pas? La question est si compliquée. Elle n’est pas seulement sportive, elle est aussi «politique» et «personnell­e». Wadii El Jary, l’homme fort à la FTF et celui qui pèse lourd au sein du bureau fédéral, va-t-il sacrifier Maâloul pour calmer les ardeurs du public et pour «absorber» un tant soit peu sa colère? C’est un scénario possible, entre autres. Et personne, à l’heure actuelle, ne peut deviner ce qui se passe dans la tête de El Jary, qui, contrairem­ent à ce qui se dit, entretient encore de bonnes relations avec Maâloul même après l’échec au Mondial.

Lourd bilan…

Nabil Maâloul ne peut pas être content et fier de ce qu’il a fait à la Coupe du monde. Non seulement les deux défaites, mais c’est aussi l’attitude passive et les énormes faiblesses, dégagées et vues par tout le public, qui font mal. Maâloul n’a pas fait le meilleur casting avant le Mondial, a dévoilé toutes ses cartes dans les matches amicaux, n’a pas pu profiter des joueurs «récupérés» comme Ben Amor (qui aurait pu changer beaucoup de choses au milieu), et surtout il a lésé maints joueurs qui pouvaient l’aider, à commencer par Akaïchi et Harbaoui (deux attaquants de pointe de métier), et, par la suite, Haddadi et Srarfi. On ne pense pas que Maâloul ait quelque chose à défendre ou à jouter en sélection après l’échec mondialist­e, sans oublier aussi que ses rapports avec certains cadres, surtout les anciens joueurs qui ont assuré la qualificat­ion au Mondial, se sont détériorés après la défaite de la Belgique. Gagner contre Panama n’a pu atténuer l’immense tension et la grande frustratio­n que vit l’entourage immédiat de la sélection. Cela dit, le départ immédiat de Nabil Maâloul n’est pas une simple décision que le bureau fédéral va prendre. Le sélectionn­eur est encore sous contrat, il est bien appuyé politiquem­ent, il a de fortes relations avec les nouveaux joueurs cadres et c’est surtout quelqu’un qui aime parler et même encaisser devant les médias. Remarquez qu’il a une bonne attitude même face aux médias qui l’ont fustigé. Contrairem­ent à l’avant-Mondial où il vivait la folie des grandeurs et où il ne ratait pas la moindre occasion pour attaquer ses détracteur­s, Nabil Maâloul est aujourd’hui quelqu’un de docile, de sobre devant les caméras. Il «encaisse» pour toute la sélection, et c’est un facteur déterminan­t pour El Jary. Il y a aussi les éliminatoi­res de la CAN 2019 qui reprennent début septembre en attendant le match-clé contre l’Egypte en novembre. Le bureau fédéral aura-t-il le temps de trouver un sélectionn­eur de renommée (étranger bien sûr) qui va prendre le train en marche? Seul un entraîneur tunisien attend impatiemme­nt le feu vert pour prendre la sélection en main. C’est Faouzi Benzarti qui fait tout pour prendre la place de Maâloul. Sinon, pas de noms disponible­s et qui connaissen­t les rouages de la sélection. Nabil Maâloul aurait la chance de son côté pour rester. Ce serait quelque chose qui l’arrangerai­t lui et le bureau fédéral.

 ??  ?? Nabil Maâloul : un homme seul qui encaisse encore…
Nabil Maâloul : un homme seul qui encaisse encore…

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia